Pourquoi le dissimuler ? J'aurais voulu être au Bourget dimanche dernier. J'ai enfin réentendu au moins le timbre et la conviction d'une belle voix française. Comme simple téléspectateur, j'ai frémi non pas seulement par ce que j'entendais, mais parce que se superposait à cette voix celle de François Mitterrand lors d'un congrès inoubliable à Toulouse. Je n'ai pas été touché par la grâce, je ne suis pas aussitôt devenu un inconditionnel. Je suis habité par tous les doutes, les désenchantements et les méfiances que suscite l'immensité des problèmes actuels. Je ne connais pas encore le détail du programme de François Hollande. Encore que tout ce qui a trait à la fiscalité et à la répartition des sacrifices me paraisse salutaire. Mais il n'est pas à mes yeux l'homme providentiel, et cela est d'autant plus évident qu'il ne saurait y en avoir. Mais François Hollande, avec un souffle nouveau et une fermeté chaleureuse, a opéré son retour à la nation exactement comme je souhaitais qu'on le fît.
Je dis "son retour" parce qu'on s'est sans doute aperçu que chacun l'avait entrepris. Le temps n'est plus où nous rappelions dans ces colonnes qu'il ne fallait surtout pas laisser la nation aux nationalistes. A ce moment-là c'était le Front national qui la confisquait. Il y a eu aussi l'heure européenne, d'ailleurs parfaitement justifiée. L'Europe était une idée française imaginée par Monnet et Schuman, bénie par De Gaulle, protégée par Giscard et Mitterrand. Mais tant que le patriotisme européen n'était pas encore né, tandis que la ferveur du patriotisme français s'évanouissait dans les sables et que la loyauté à l'égard de la France apparaissait anachronique, il y a eu une sorte de vide anxiogène dans l'âme nationale. Ce retour à la nation, encore fallait-il qu'il eût lieu sans la frilosité des replis protectionnistes et illusoirement chauvins. Je trouve que François Hollande a réussi un savant tricotage entre l'Ecole de la République, le destin égalitaire de la Révolution et l'ambition populaire française. Qu'il ait cité à la fois De Gaulle et Camus ne m'est pas indifférent, c'est l'évidence. Mais ils ne sont pas là par hasard, même s'ils s'inscrivent dans ce qui est devenu une sorte d'impératif moral.
Dans tout ce que je viens de dire, je m'avise que je ne souligne pas la moindre solution miracle ou même originale pour triompher des orages qui s'amoncellent. Mais, de toutes façons, on ne saurait compter sur les meilleurs économistes pour ajouter de l'espérance à la séduction intellectuelle.
La France que j'aime est celle de François Hollande et je souhaite que tous les étrangers qui ont choisi de résider chez nous redécouvrent qu'on peut être fier d'être français.
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