mardi 30 novembre 2010

Une Suisse traumatisée par les étrangers

chronique : Une Suisse traumatisée par les étrangerspar Marc Schindler, Journaliste suisse


La France connaît aussi « la peine d’interdiction du territoire » pour une durée d’un à dix ans ou définitivement. Cette peine est prononcée par un tribunal pour un crime ou un délit grave (environ 200 délits, selon la Cimade). En cas de « menace grave pour l’ordre public », un étranger peut être expulsé. La Suisse avait une pratique plutôt restrictive : plusieurs centaines d’étrangers qui ont commis un délit grave sont expulsés chaque année sur décision d’un juge, mais en tenant compte de la gravité du délit, passible d’une peine d’au moins deux ans. Dorénavant, l’expulsion sera automatique s’ils ont été condamnés pour un crime comme le meurtre, le viol, le trafic de drogue ou l’abus de l’aide sociale.

La droite modérée, la gauche, les Églises et les médias suisses sont consternés par ce vote. Le projet de l’UDC et le contre-projet gouvernemental sur le renvoi des étrangers criminels ont profondément divisé l’opinion et les partis. Juridiquement, l’initiative inscrite dans la Constitution est contraire aux engagements pris par la Suisse. Elle risque de provoquer une crise avec Bruxelles. Mais la machine de l’UDC a labouré un terrain fertile : la Suisse est traumatisée par les étrangers. Les xénophobes ont joué sans scrupule sur la peur à coup d’affiches-chocs (l’étranger violeur bientôt citoyen suisse ou le mouton noir expulsé par les moutons blancs), et en manipulant les statistiques. En faisant croire que 52 % des délinquants sont des étrangers ou que 85 % des viols sont commis par des étrangers, ce qui est faux. Les opposants à l’UDC n’ont pas su contrer cette campagne démagogique et le patronat a refusé de financer les partisans du « non ».

Le jeu politique de l’UDC est dangereux parce qu’il présente la population étrangère comme responsable des maux de la société suisse. La crise, le chômage, le trafic de drogue, la violence — c’est la faute aux étrangers, « comme Hitler disait c’est la faute aux Juifs », pour reprendre le mot du député démocrate-chrétien Jacques Neirynck. Cela ne vous rappelle pas les manipulations de Jean-Marie Le Pen : « 3 millions d’immigrés=3 millions de chômeurs » ?

Bien sûr, la Suisse compte environ 22 % d’étrangers, avec de grandes différences selon les cantons : Genève compte 35.7 % d’étrangers, Zurich 23.8 % et le petit canton d’Uri, au coeur de la Suisse, seulement 9.3 %. Et, étonnamment, ce sont les cantons qui ont le plus d’étrangers, comme Genève, qui ont rejeté le projet de l’UDC, alors que la propagande xénophobe a convaincu les cantons qui comptent le moins d’étrangers, comme Uri. Les Suisses alémaniques sont plus xénophobes que les Romands : selon un sondage du SonntagsBlick, un Alémanique sur deux pense que 22 % d’étrangers, c’est trop. Alors qu’un Romand sur cinq seulement a le même avis. Les cantons romands ont rejeté presque à l’unanimité l’initiative de l’UDC. Il faut savoir que la plupart des étrangers qui résident en Suisse viennent de l’Union européenne, ils sont établis dans la Confédération depuis des années, parfois même ils y sont nés. Et d’après les statistiques policières, ces étrangers ne sont pas plus criminels que les Suisses.

Le vrai problème, exploité par l’UDC, ce sont les 18 000 étrangers qui ont un permis de séjour de moins d’un an et les requérants d’asile. La plupart viennent de pays en guerre ou qui connaissent une situation dramatique, comme l’Érythrée ou le Nigeria. Pendant que les autorités suisses statuent sur leur demande d’asile, ces requérants ne peuvent ni travailler ni vivre avec leur famille. Ce sont évidemment ces étrangers qui sont majoritairement condamnés pour trafic de drogue, violence ou abus des prestations sociales. Ce sont eux aussi qui sont utilisés comme épouvantail par l’UDC.

Le plus inquiétant pour la démocratie suisse, c’est que la victoire des xénophobes va leur donner des ailes pour les élections fédérales de l’an prochain. Alors que le président du PS suisse affirme : « Nous sommes dans une situation sans espoir », l’UDC triomphe et se proclame « en phase avec la population ». La Suisse, comme la plupart des démocraties européennes, est menacée par la xénophobie et le populisme.

lundi 29 novembre 2010

Rallonge budgétaire pour payer les fonctionnaires

La Commission des Finances du Sénat vient d’approuver dans l’urgence le déblocage de 1,14 milliards d’euros pour assurer les paies et loyers de huit ministères jusqu'à la fin de cette année.

Cette procédure exceptionnelle révèle à quel point la situation de l'Etat et de ses fonctionnaires est aujourd’hui précaire.

Le Parti socialiste s’insurge devant l’imprévoyance et l’impréparation d’un gouvernement qui découvre fin novembre que les crédits nécessaires au fonctionnement de l’Etat n’ont pas été prévus.

Cette situation est aussi la conséquence de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), qui désorganise les services de l’Etat sans produire les économies annoncées.

Gouverner, c’est prévoir. Visiblement ce gouvernement en est incapable.

Le Parti Socialiste continue d’exiger, comme il le fait depuis des mois, l’évaluation de la RGPP et de ses conséquences, ce qui est rendu encore plus nécessaire après ce nouvel épisode.

dimanche 28 novembre 2010

Politique sociale: les mauvais comptes de Morano


INTOX

Nadine Morano ne laissera pas dire que le gouvernement sert les riches. Sur Canal +, le 15 novembre, la ministre de l’Apprentissage s’en prenait à Benoît Hamon : «Je voudrais rappeler que le RSA, c’est nous qui l’avons mis en place. C’est 8,1 milliards d’euros, pour 1,8 million de foyers. Franchement, c’est un peu excessif, un peu énervant d’entendre dire que le gouvernement fait une politique antisociale.»

DESINTOX

S’il est «un peu excessif», selon Morano, de railler la politique antisociale du gouvernement, il est très excessif, comme elle le fait, de répondre à la critique en se glorifiant d’avoir mis en place un RSA de «8,1 milliards d’euros pour 1,8 million de foyers». En fait, ce qu’on appelle RSA correspond en grande partie à des prestations qui existaient déjà (RMI et API - allocation parentale isolée), désormais appelées RSA socle. Ce que le gouvernement a mis en place est «uniquement» le RSA activité - qui apporte un complément de revenus aux personnes qui ont de faibles salaires.

Ainsi, si le chiffre de 1,8 million de bénéficiaires du RSA cité par Morano est exact, il correspond pour l’essentiel (1,3 million) aux bénéficiaires du RSA socle. Le RSA activité n’a, lui, profité qu’à 610 000 Français (dont 184 000 bénéficiant aussi du RSA socle). Ce chiffre, qui ne devrait pas excéder 630 000 bénéficiaires fin 2010, est très inférieur aux prévisions (1,6 million). Un résultat qui s’explique par une méconnaissance du dispositif chez les populations visées, ainsi que la grande complexité des démarches administratives.

Au plan financier, le RSA dans son ensemble a coûté (au 30 septembre) 9,8 milliards d’euros depuis son lancement en juillet 2009. On est au-delà des 8 milliards cités par Morano. Mais là encore, la partie RSA activité est très minoritaire : 1,5 milliard d’euros contre 8,3 milliards pour le RSA socle. Avant Morano, Frédéric Lefebvre s’était livré à la même présentation biaisée. L’ex-porte-parole de l’UMP avait assuré en mars que les mesures sociales mises en œuvres par la majorité pesaient quelque 14 milliards d’euros. Un chiffre surgonflé, notamment par le RSA, que Lefebvre chiffrait à «plus de 9 milliards d’euros», en incluant, comme Morano, des sommes versées au nom de prestations en place depuis belle lurette. Ajoutons que le financement du RSA activité n’a pas vraiment été marqué du sceau de la politique sociale dont se targue Morano : le principe d’un impôt de 1,1% sur les revenus du patrimoine avait été retenu. Mais en avaient été exemptés les bénéficiaires du bouclier fiscal.

samedi 27 novembre 2010

Commentry: la gauche soutient la CNL

Lors de la séance du Conseil municipal du mercredi 24 novembre 2010, une délibération proposait d’allouer des subventions à diverses associations commentryennes, dont la CNL (Confédération Nationale du Logement).
Le président de l’OPAC a demandé que le vote du Conseil municipal se déroule subvention par subvention car il souhaitait voter contre celle de la CNL.
Plusieurs conseillers municipaux de droite se sont exprimés en ce sens.
Heureusement que les conseillers municipaux de gauche qui sont exclus du Conseil d’administration de l’OPAC depuis 2008, étaient présents : la subvention a été attribuée à la CNL grâce à leurs voix ! 12 Conseillers de droite ont voté contre et 3 se sont abstenus !

Source: blog PS Commentry

vendredi 26 novembre 2010

Visite de Nicolas Sarkozy en milieu rural

Après l’Eure-et-Loir, l’Aveyron, le Lot-et Garonne, les Alpes-de-Haute-Provence, le Président Sarkozy a poursuivi jeudi 25 novembre, par une visite dans l’Allier, le tour d’une France rurale qu’il laisse pourtant à l’abandon.

Serait-ce pour tenter de masquer les effets désastreux de sa politique et le calamiteux bilan de son action sur le monde rural?

Nicolas Sarkozy est en effet le président qui a ordonné la mise en œuvre d’une Réduction Générale des Politiques Publiques à l’origine de fermetures en cascade de services publics d’Etat dans le monde rural. Nicolas Sarkozy est le président qui a fait de son « chantier prioritaire » une réforme territoriale qui asphyxie financièrement les collectivités et met en danger les services publics locaux. Nicolas Sarkozy est le Président qui regarde, sans intervenir, les agriculteurs s’enferrer dans la spirale de l’endettement en raison de la chute du cours des matières alimentaires. Nicolas Sarkozy est également le Président qui refuse d’aider les éleveurs menacés, et les producteurs de lait confrontés à une crise inédite. Nicolas Sarkozy est le Président qui se félicite d’un rapport de la Commission Européenne qui persiste à présenter le marché comme référence et la compétitivité comme solution…

Nicolas Sarkozy a, dans l’Allier, rabâché son éternelle antienne à la gloire de la France rurale et de l’agriculture.

Mais les agriculteurs ne veulent plus entendre de grandes tirades lyriques sur la terre. Ils réclament une véritable politique de soutien aux petites exploitations, un encadrement des prix et une véritable régulation des marchés à l’échelle européenne.

Les citoyens ruraux n’ont cure des discours enflammés sur les campagnes. Ils exigent des services publics performants, une véritable desserte du territoire, et des politiques adaptées à leurs besoins.

Les Français en ont assez des promesses jamais tenues du Président, des discours jamais suivis de mesures concrètes. Ils veulent des actes.

A cette France délaissée par Nicolas Sarkozy, le Parti Socialiste propose un projet de ruralité moderne, visant à remédier à la fracture territoriale tout en prenant en compte les spécificités de la vie à la campagne, un arsenal de mesures en faveur du maintien des services publics en milieu rural et un véritable plan de développement économique et social des territoires. Le Parti Socialiste exige également que des mesures de soutien à l’agriculture, et en particulier aux petites exploitations, soient mises en œuvre afin que les agriculteurs puissent envisager sereinement l’avenir.

jeudi 25 novembre 2010

Les médecins en France : une démographie préoccupante

LEMONDE.FR

Les médecins sont inégalement répartis sur le territoire : la région Provence-Alpes-Côte d'Azur compte 374 médecins pour 100 000 habitants, contre 239 pour la Picardie.

Médecins âgés, mal répartis géographiquement, avec des jeunes praticiens délaissant la pratique libérale et les zones rurales : les chiffres de la démographie médicale dresse à nouveau un bilan préoccupant pour le système de soins à la française.

Le nombre de médecins par rapport aux habitants n'est pourtant pas en cause : le nouvel Atlas de la démographie médicale en France, publié mardi par le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), en recense un total de 261 378 au 1er janvier 2010, dont 216 450 en activité. En trente ans, leur nombre a augmenté de 93,1 %, bien plus que la population.

UN CORPS MÉDICAL VIEILLISSANT

En tenant compte seulement des médecins en activité régulière (sans les médecins remplaçants ou temporairement sans activité), la densité moyenne nationale est de 308,8 médecins pour 100 000 habitants. Un chiffre qui masque une réalité préoccupante, car les médecins vieillissent et les départs à la retraite s'annoncent massifs dans les années à venir.

Le nombre de "sortants" de la profession, le plus souvent pour cause de retraite, a progressé en un an de 6,6 %, tandis que les "entrants" n'ont augmenté que de 1,8 %. L'âge moyen des praticiens en activité régulière est de 50 ans et 41,7 % d'entre eux sont âgés de 50 à 59 ans. Les plus de 60 ans représentent 16,1 % du total.

L'AMBITION DES JEUNES MÉDECINS A CHANGÉ

Selon le président du CNOM, Michel Legmann, il faut inciter les médecins retraités à rester en fonction en réduisant leurs charges sociales. D'autant qu'un simple remplacement de ces médecins par des plus jeunes ne suffira pas. Ils délaissent en particulier massivement l'exercice en libéral : seulement 8,6 % des nouveaux inscrits à l'Ordre l'ont choisi, alors qu'ils étaient 50 % dans les années quatre-vingt.

Les jeunes praticiens et praticiennes se contentent de rémunérations et d'un confort matériel moins élevés, au profit d'une meilleure qualité de vie. "On n'est pas ambitieux, pas de maison de campagne, pas de vacances dans les îles. On se contente d'une vie tranquille, le moins d'astreintes possible, et on s'occupe des enfants le mercredi", constate M. Legmann.

Or, le système de soins français repose, comme l'a encore rappelé mardi, devant les députés, le ministre du travail et de la santé, Xavier Bertrand, "sur deux piliers, l'hôpital et la médecine de proximité", essentiellement libérale. C'est notamment le cas dans les zones rurales, où de plus en plus de praticiens ne trouvent plus de successeurs.

LES ZONES RURALES EN PÉNURIE

Les jeunes médecins ne veulent pas y aller. Et phénomène nouveau, les médecins étrangers – au nombre de 10 165 – non plus. Des collectivités locales ont ces dernières années fait de gros efforts pour les attirer, notamment des Roumains, devenus le groupe le plus nombreux. Mais ces praticiens ont rapidement mis la clé sous la porte, abandonnant la commune rurale et même la pratique libérale au profit d'un emploi salarié en ville. Aussi l'Ordre a-t-il mis en garde les élus contre les pratiques de certaines agences spécialisées dans le recrutement de médecins étrangers.

Autre évolution jugée "préoccupante" : la progression du nombre de médecins remplaçants: 10 006, soit + 754 % en trente ans. Plutôt jeunes (38,5 ans), de sexe féminin, la moitié travaillent moins de trois jours par semaine.

L'Ordre a enfin une nouvelle fois pointé l'inégale répartition géographique des médecins, généralistes comme spécialistes. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est la mieux lotie avec 374 médecins pour 100 000 habitants, dépassant l'Ile-de-France (370) et les autres régions du Sud. Dans le bas du tableau figure la Picardie (239).

mercredi 24 novembre 2010

Congrès de l’AMF : le rendez-vous manqué de N. Sarkozy avec les élus

Le Président Sarkozy a pris la parole ce mardi à l’ouverture du congrès de l’Association des Maires de France.

Dans une salle soigneusement préparée, il a tenté de justifier sa politique et s’est arc-bouté sur ses orientations, sans parvenir à convaincre au-delà des fidèles qui avaient été rassemblés dans la salle.

Alors que nombre de collectivités territoriales subissent de plein fouet, cette année déjà, les conséquences des choix iniques du gouvernement, alors qu’elles ont été obligées de procéder à des coupes sombres dans leurs postes de dépenses pour boucler leur budget, alors que certains départements sont au bord de la cessation de paiement, que l’investissement et les services publics locaux sont en très grand danger, Monsieur Sarkozy est venu vanter une politique qui a pour résultat de casser ce qui fonctionne.

Les élus de tous bords ont manifesté leur inquiétude devant les conséquences de cette politique :

1) Le chamboulement de la fiscalité locale et le gel des dotations financières de l’Etat, coups de poignard dans les finances territoriales, vont contraindre les collectivités à réduire leurs investissements et mettre en danger les services publics locaux.

2) La manipulation politicienne, avec la création du Conseiller territorial, machine à reconquête électorale des territoires pour la droite, qui va entrainer une vraie régression démocratique.

3) Les mesures de recentralisation, qui vont provoquer la fin de la solidarité entre territoires avec la suppression de la clause de compétence générale, le brouillage des niveaux régionaux et départementaux en même temps que l’épaississement du mille- feuille territorial.

Tout cela dessine une régression territoriale sans précédent, dont les Français risquent de payer le prix dans les années à venir.

Le Parti socialiste a donc décidé de revenir sur ces mesures de régression. Il s’engage, dès son accès aux responsabilités nationales, à présenter une réforme territoriale, concertée et préparée, qui permette l’avènement d’une véritable République décentralisée.


Communiqué du Bureau national


Nicolas Sarkozy devant les maires, mardi (AFP)
Nicolas Sarkozy devant les maires, mardi (AFP)

mardi 23 novembre 2010

Réunion publique

Dans le cadre de leurs débats sur l'"Egalité réelle", les socialistes de la circonscription seront réunis JEUDI 25 Novembre salle de la Pérelle à DOMERAT à 20 H 30.
Cette réunion-débat, ouverte à tous les citoyens, adhérents ou non du Parti Socialiste, sera animée par Razzy Hammadi, Secrétaire national du PS chargé des services publics.

lundi 22 novembre 2010

Annonces de Sarkozy sur la dépendance: encore de la poudre aux yeux

L’engagement du Président de la République en faveur de la création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale date de la campagne de 2007 et depuis, le débat parlementaire sur la dépendance est sans cesse repoussé, de six mois en six mois … C’est encore ce qui nous a été dit mardi : la « grande consultation » ne servira qu’à repousser une fois de plus l’échéance. La responsabilité du gouvernement dans les difficultés actuelles est pourtant écrasante. Après la grande avancée qu’a représenté la création de l’APA en 2001, l’inertie de la droite depuis huit ans se traduit aujourd'hui par un reste à charge de plus en plus important pour les personnes âgées dépendantes et leur famille et par un poids financier en hausse constante pour les conseils généraux, qui ne peuvent plus continuer à assumer 70% des coûts.

Les indicateurs dont nous disposons, quelques mois avant l'ouverture du débat national, sont d'ores et déjà très inquiétants. L'absence d'un Secrétariat d'Etat dédié au handicap et la disparition de celui aux aînés dans le remaniement montre assez que la compensation de la perte d'autonomie n'est pas prioritaire pour le gouvernement, qui se focalise uniquement sur la dépendance des personnes âgées. Le handicap, encore une fois, est laissé de côté alors que la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des chances prévoyait une convergence de la prise en charge de toutes les déficiences, quel que soit l'âge de la personne, au 1er janvier 2010. Le nouvel organigramme gouvernemental, annoncé à la veille de l'ouverture de la semaine pour l'emploi des personnes en situation de handicap et alors que nous sommes déjà en retard sur la loi, résonne comme une provocation de plus vis à vis des personnes en perte ou en manque d'autonomie. Cette focalisation sur la dépendance sans prise en compte du handicap montre que la droite ne va pas créer un véritable "cinquième risque". Les chiffres annoncés par Nicolas Sarkozy sont catastrophistes pour mieux préparer une réponse individuelle (assurances privés et recours sur succession) à la perte d'autonomie. Ne confondons pas les seniors et les personnes dépendantes car si la population française va prendre de l'âge, ce sera majoritairement en bonne santé. L'augmentation des personnes en perte d'autonomie ne sera pas proportionnelle à celle du nombre de personnes même très âgées.

Le "cinquième risque" n'est dans les propos de Nicolas Sarkozy qu'un slogan vidé de son sens. Le Parti socialiste croit en un nouveau droit universel à la compensation de la perte de l’autonomie tout au long de la vie, quel que soit l’âge de la personne et son type de déficience, financé par la solidarité nationale.

vendredi 19 novembre 2010

Villepin, ISF, euro: les inexactitudes de Nicolas Sark






Comme souvent, Nicolas Sarkozy a multiplié les approximations dans son émission télévisée.

- Les socialistes allemands ont supprimé l’ISF, a asséné M. Sarkozy. En fait, c’est le conservateur Helmut Kohl qui l’a fait au milieu des années 90. Les Allemands n’ont pas supprimé le bouclier fiscal après avoir supprimé l’ISF. C’est l’inverse. L’ISF a été supprimé suite à un arrêt de 1995 de la cour constitutionnelle de Karlsruhe qui limitait à 50% du revenu l’imposition totale sur le revenu et la fortune. Toutefois en janvier 2006, Karlsruhe a changé de jurisprudence.

-L’euro n’a pas été introduit à parité avec le dollar, mais à 1,18 dollar. Il n’est pas monté à 1,42 mais à 1,60 en juillet 2008.

-M. Sarkozy n’a “pas souvenir” d’avoir dit quoi que ce soit sur Dominique de Villepin depuis son élection. Il avait traité de coupables les prévenus du procès Clearstream en direct de New York en septembre 2009 sur TF1 et France2.

-Pour contester le recroquevillement du gouvernement sur l’ex-RPR, M. Sarkozy a exagéré la réduction des effectifs du gouvernement, qui n’est pas de 30 % mais de 19 %.

-A propos, de l’été sécuritaire et les Roms, M. Sarkozy estime que tout est parti des télévisions, qui ont ouvert leurs journaux sur l’émeute des gens du voyage de Saint-Aignan. Elle s’est soldée par “deux carreaux de cassés” à la gendarmerie. Lui n’a rien dit de mal le 30 juillet. “Dans le discours de Grenoble, il n’y a pas une outrance”, a martelé M. Sarkozy. Nul ne lui a rappelé qu’il avait introduit le concept de “Français d’origine étrangère”, susceptibles d’être déchus de leur nationalité.

-Enfin, Eric Woerth voulait encore dimanche rester au gouvernement. C’est l’Elysée qui a inventé comme argument le fait que M. Woerth serait mieux à même de se défendre s’il redevenait simple député.

jeudi 18 novembre 2010

Le sport amateur sacrifié une fois de plus

En présentant le Budget du sport pour 2011, Madame Bachelot a confirmé que la CNDS serait ponctionné de 150 millions d'euros sur 4 ans pour permettre la construction ou la réfection des grands stades nécessaires à l'Euro 2016.

Une fois de plus, le sport amateur est pénalisé au profit du sport professionnel : ces 150 millions d'euros sont autant en moins pour les les petits clubs amateurs et les municipalités qui doivent entretenir et rénover leurs propres équipements et qui n'ont pour soutien que les autres collectivités locales (pour l'instant) et le CNDS.

Les Députés socialistes, par la voix de Gaétan Gorce, avaient proposé, lors de la loi sur les jeux en ligne, une taxe sur les paris pour financer les dépenses liées à l'Euro et la création d'un fonds pérenne pour le sport amateur alimenté par une taxe sur les droits de retransmission et une taxe sur les transferts.

Il est regrettable que les pouvoirs publics ne comprennent pas que l'avenir ne peut être uniquement celui du sport spectacle. Le sport amateur, ses valeurs, son rôle social doivent être défendus !

mercredi 17 novembre 2010

Le ministère de l'Education ou le règne d'Ubu roi


En ouvrant la lettre officielle, mademoiselle X a d'abord cru que c'était une erreur, une faute de frappes, un moment de distraction. Mais non, c'était bien vrai. Mademoiselle X, prof de mathsremplaçante, était nommée pour remplacer ... un prof d'Education physique et sportive(EPS). Et voilà comment le ministère de l'Education nationale ressemble parfois au royaume d'Ubu roi. De par ma chandelle verte !

L'histoire - véridique - débute à la veille des vacances de la Toussaint. Les personnages d'abord. Mademoiselle X en est à sa troisième d'année d'enseignement. Et comme souvent les profs débutants, elle est TZR - titulaire sur zone de remplacement -, c'est-à-dire qu'elle qu'elle n'a pas un poste fixe à l'année. Monsieur Y, lui, est prof d'EPS. De lui, on sait seulement qu'il part en formation continue du 4 au 10 novembre.

A priori, leurs chemins n'auraient jamais dû se croiser. Mais le rectorat de Paris en a décidé autrement. Il se trouve que mademoiselle X avait fait un remplacement entre la rentrée et les vacances de la Toussaint. A son retour, elle n'avait rien à faire. Or justement monsieur Y partait en stage à ce moment-là. Mademoiselle X tombait donc à pic pour remplacer monsieur Y. Vive le père Ubu, notre grand financier !

La suite est tout aussi ubuesque. Mademoiselle X fait d'abord vérifier sa surprenante affectation. Son collège de rattachement appelle le rectorat, qui confirme: oui, mademoiselle X, certifiée de mathématiques, est bien nommée en EPS. Magnanime, la "personne du rectorat" ajoute: "mais elle pourra faire des maths". C'est vrai qu'on n'est jamais trop fort en maths ...

Le jeudi 4 novembre, mademoiselle X recoit un coup de fil du lycée où elle va faire son remplacement. Le prof d'EPS n'a pas cours le jeudi. Inutile de venir. Il lui suffira de se présenter le vendredi.

Le vendredi 5, mademoiselle X se présente. Problème: le prof d'EPS a deux heures de cours avec en même temps une première L et une STG, puis deux heures avec une première S et une L. En maths, ça pose problème - les programmes ne sont pas les mêmes en L, en S et en STG. En plus, il officie en plein air ou dans le gymnase. Or, pour faire des maths, il faut une salle, des bureaux, des chaises, voire un tableau. Mais le vendredi, le lycée affiche complet, pas une salle n'est libre. Alors mademoiselle X rentre chez elle.

Les 8, 9 et 10, elle attend, mais on ne l'appelle pas. C'est alors qu'elle apprend qu'un jeune collègue de maths, débutant, du collège où elle a fait son remplacement à la rentrée part une semaine en formation. On ne lui a pas trouvé de remplaçant en maths. Mais en sciences physiques. Au moins reste-t-on dans le scientifique...

Aux dernières nouvelles, mademoiselle X a été nommée dans un autre lycée. Elle est soulagée: cette fois, c'est en maths.

En arrivant en juin 2009, le ministre Luc Chatel, qui a été sept ans aux ressources humaines de L'Oreal, avait trouvé qu'elles étaient vraiment très mal gérées à l'Education nationale. Alors il a fait venir l'ancienne DRH de la RATP, Josette Theophile. Depuis, on rationnalise au maximum tous les "gisements d'emplois". Par exemple on a supprimé 16 000 postes cette année, et on en supprimera encore autant l'an prochain "sans problèmes", dixit le ministre. Et on n'en finit pas ainsi d'"améliorer l'efficacité du système".

Evidemment pour les élèves, ce n'est pas la même chose d'avoir un prof d'EPS et un de maths. Mais bon, le principal est de boucher les trous. L'élève ne se trouve pas sans prof - avec mademoiselle X, il avait même le double en maths - et le prof-remplaçant ne reste pas chez lui à lire les oeuvres complètes d'Alfred Jarry. De par ma chandelle verte !

mardi 16 novembre 2010

Grands contrats : Sarkozy vend deux fois les mêmes avions





DESINTOX

L'Elysée a annoncé la signature de 102 commandes d'Airbus lors de la visite du Président chinois à Paris. Problème: la moitié de cette commande avait déjà été célébrée par Sarkozy, lors de sa visite à Pékin en 2007.

INTOX

C'est un passage obligé à chaque grand rendez-vous diplomatique : l'Elysée y va de son couplet sur la moisson de grands contrats. La venue du Président chinois Hu Jintao en France n'a pas échappé à la règle. L'Elysée a enfilé les zéros, annonçant 16 milliards d'euros de contrats pour les entreprises françaises. La Présidence a notamment annoncé 2,5 milliards d'euros pour Areva, et surtout 10 milliards d'euros pour Airbus (14 milliards de dollars).

DESINTOX

Avec 16 milliards d'euros, Sarkozy fait un peu moins bien que lors de sa visite à Pékin en 2007, où il avait annoncé 20 milliards d'euros de transactions au profits des groupes français... Mais le problème est que ces chiffres ne veulent rien dire. Ainsi, comme l'a fait remarquer dès le 6 novembre le site Aujourd'hui la Chine, la moitié des contrats concernant Airbus (7,2 milliards sur les 14 milliards de dollars) ont en fait été signés bien avant la visite du Président chinois à Paris... et même déjà annoncé par l'Elysée.

Ainsi, sur les 102 commandes d'Airbus, seules 66 sont des nouvelles commandes, comme l'a reconnu immédiatement l'avionneur européen... C'est notamment le cas des dix A350. En revanche, 36 A330, pour un montant de 7,2 milliards de dollars avaient déjà été annoncés par Sarkozy lui-même, lors de sa visiste à Pékin en 2007 (lire son annonce sur le site de l'Elysée)."Ce sont des choses qui sont déjà arrivées avec la Chine : les avions sont parfois annoncés plusieurs fois" reconnaît un fin connaisseur de ce genre de mic-mac diplomatico-commerciales.

En fait, en novembre 2007, lors de la visite du Président français en Chine, Airbus avait signé un protocole d'accord (MOU pour memorandum of understanding dans le jargon), pour la fourniture de 40 A330. L'Elysée avait alors annoncé 160 commandes, dont ces 40 A330, pour un total de 12 milliards d'euros. L'opinion avait déjà été priée à l'époque de louer les prouesses de VRP du président... Le MOU a été transformé en commandes fermes depuis. Et Sarkozy s'est fait un plaisir de réannoncer, trois ans plus tard, lors de la venue de Hu Jintao en France, la commande des mêmes A330. Du pur recyclage.

Avant l'arrivée du Président chinois en France, l'Elysée avait plastronné, annonçant que les contrats signés seraient «de loin plus importants que lors des précédentes visites de dirigeants chinois à l'étranger cette année ». Il faut dire que c'est plus facile de faire du chiffre quand on vend deux fois les mêmes avions...

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