samedi 31 décembre 2011

Courrier de François Hollande aux votants des primaires

Chère Madame, Cher Monsieur,

Vous avez participé les 9 et 16 octobre aux primaires citoyennes.

Je voulais vous dire ma fierté d'avoir été désigné par une procédure qui a associé

plus de 3 millions de personnes.

Je mesure ma responsabilité.

Elle doit être à la hauteur de la confiance que vous m'avez accordée.

Votre mobilisation a constitué un message clair.

J'y ai vu le signe d'une attente forte pour le changement en 2012 dans un moment particulièrement difficile pour la France et pour l'Europe.

La crise économique, l'endettement public record, la montée du chômage

nécessiteront pour être conjurés un effort de rassemblement et de justice

pour redresser notre pays.

Je porterai trois grands engagements :

le pacte productif pour rehausser le niveau de l'emploi et de la croissance,

le pacte redistributif pour réduire les inégalités

et le pacte éducatif pour faire de la jeunesse, la grande priorité du prochain quinquennat.

Je veux aussi montrer que le changement exigera une conception

de la démocratie dans laquelle le président respectera les citoyens et les valeurs de la République.

Cette campagne sera dure et âpre.

Je sais que nos concurrents ne répugneront pas à user de la caricature,

du dénigrement, voire du déni de leur propre bilan.

J'aurai donc besoin de la participation de chacun, bien au-delà des partis qui soutiennent

ma candidature.

Vous avez été les acteurs des primaires, vous serez demain les artisans de la victoire

de la gauche en 2012.

Je vous fournirai régulièrement argumentaires et informations.

N'hésitez pas à faire connaître à mon équipe vos suggestions.

Je souhaite en cette fin d'année 2011 que la France connaisse,

le 6 mai 2012, l'avenir qu'elle mérite.

François Hollande

jeudi 29 décembre 2011

Le Président de la désindustrialisation


Une nouvelle étude de l'Observatoire de l'investissement et Trendeo pour les Échos, publiée aujourd'hui, confirme ce que les socialistes dénoncent inlassablement et ce que les salariés subissent quotidiennement : au cours du quinquennat qui s'achève, la désindustrialisation de la France s'est gravement accélérée. Selon ce rapport, près de 900 usines ont fermé et 100 000 emplois industriels ont disparu depuis 2009. Des secteurs stratégiques sont particulièrement frappés : automobile, chimie, pharmacie, métallurgie, high tech. Jamais la situation n'a été aussi grave depuis le deuxième choc pétrolier.

Les discours de fin de mandat et de début de campagne sur le « produire français » comme ses visites médiatiques à répétition dans les usines ne masquent pas l'échec du Président sortant. L'Observatoire de l'investissement confirme que tous les signaux sont au rouge : une montée en gamme insuffisante, une politique d'innovation quasi-absente, des PME qui n'arrivent pas à grandir et à exporter faute de financements. Résultat : l’industrie ne représente plus que 13 % de la valeur ajoutée dans notre pays, contre le double en Allemagne. Le déficit du commerce extérieur est abyssal : -75 milliards d’euros contre 150 milliards d’excédent outre-Rhin.

Pour renouer avec une véritable politique industrielle, clé de la croissance et des emplois de demain, François Hollande et le Parti socialiste défendent le « patriotisme industriel », socle du Pacte productif dont la France a besoin, avec ses quatre piliers :

  • La production par le soutien aux filières industrielles d’avenir et le développement des PME et des ETI grâce au regroupement des outils de financement des entreprises dans une Banque publique d’investissement déclinée sous forme de fonds régionaux ou inter-régionaux, ainsi que par la réorientation de la fiscalité vers l'investissement productif et la réforme bancaire au service de l'économie réelle.
  • L'innovation grâce au soutien à la R&D publique et privée, la réorientation du Crédit impôt recherche vers les PME innovantes et les entreprises exposées à la concurrence internationale ; la mutualisation des moyens de recherche à l'échelon européen.
  • La formation avec la valorisation des filières d'enseignement technologique et professionnel pour les jeunes, le soutien à la formation continue des salariés, le contrat de génération pour favoriser la transmission des savoirs dans l'entreprise entre les jeunes et les seniors.
  • La protection grâce à une meilleure traçabilité des produits consommés et l'application par l'Union européenne de la réciprocité commerciale dans les échanges. Au-delà, c'est une réorientation de l'Europe vers la croissance et l'emploi qui est décisive : euro-obligations pour financer les grands projets scientifiques, technologiques, industriel et d’infrastructures indispensable a la croissance ; coopération renforcée pour l'énergie ; changement des politiques monétaires, de la concurrence et commerciales qui, actuellement, nuisent aux intérêts des entreprises et des salariés européens.

Pour François Hollande et les socialistes, la disparition de l'industrie française n'est pas une fatalité : forts de la confiance des Français, ils engageront, dès 2012, l'indispensable redressement productif.

mardi 27 décembre 2011

Un million de demandeurs d'emploi supplémentaires en une mandature

En mai 2007, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, 3 231 500 personnes étaient inscrites à Pôle emploi ; aujourd’hui, on en compte 4 244 800 (A,B,C). Derrière les effets de manche, derrière les coups politiques - personne n'est dupe des visées électoralistes du "sommet pour l'emploi" : il est temps de s'en préoccuper à 4 mois de l'élection présidentielle! - voilà le résultat de la politique de Nicolas Sarkozy: un million de demandeurs d’emploi supplémentaires en une mandature !

M. Sarkozy porte une responsabilité énorme dans cette dégradation continue, qui ne semble pas devoir s'arrêter selon les prévisions qui voient la France en récession dès la fin 2011. Cadeaux fiscaux, subventions aux heures supplémentaires, plans d'austérité, baisse du budget de l'emploi, compression du pouvoir d'achat des classes moyennes et populaires par la création de taxes et prélèvements nouveaux, refus de mettre en place un véritable plan de relance : le gouvernement mène une politique qui ne peut que conduire à la hausse du nombre de demandeurs d'emploi et à l'atonie de la croissance. La politique voulue par M Sarkozy est en échec, il est grand temps d’en changer.

Avec François Hollande, la France retrouvera le chemin de la croissance et de l'emploi. L'emploi sera la priorité, avec la mise en place d’une politique économique basée sur une industrie ambitieuse qui renouera avec l’innovation, basée également sur une meilleure protection de l'emploi des Français et en faisant de la jeunesse une grande ambition. Au niveau européen, il faut d’urgence autoriser la BCE à jouer son rôle de prêteur en dernier ressort pour mettre fin aux tensions sur les dettes, et mettre en place sans délai la taxe sur les transactions financière et un gouvernement économique pour remettre l’Europe sur le chemin de la croissance.

lundi 26 décembre 2011

La citation du jour

"Je reconnais que Nicolas Sarkozy est très présent. J'avoue que je m'habituerai très facilement à son absence"
Guy BEDOS

vendredi 23 décembre 2011

Hommage à Vaclav Havel

Les Socialistes rendent hommage à Vaclav Havel , grand homme politique et écrivain tchèque décédé dimanche 18 décembre à l'âge de 75 ans.

Nous tenons à saluer l'ardeur avec laquelle il a combattu l'autoritarisme du régime communiste tchèque et le courage avec lequel il a défendu les libertés, les droits de l'homme et la démocratie dans son pays mais aussi en Biélorussie, en Russie ou en Amérique centrale.

Président de la République tchèque de 1989 à 2003, c'est grâce aux combats de ce grand homme, dont Milan Kundera avait qualifié la vie d"oeuvre d'art", et à ses profondes convictions que la République tchèque est entrée sur la voie de la démocratie en 1989 et de l'intégration dans l'Union Européenne en 2004. Il fait sans aucun doute partie des grandes consciences du XXème siècle.

jeudi 15 décembre 2011

Budget 2012 de la Ville de Montluçon: les chiffres

  • montant de la dette par habitant: 1329 euros contre 1021 pour les villes de la même taille (+ 30%).
  • montant des intérêts remboursés qui augmente de plus de 900 000 euros, passant de 1 742 000 à 2 651 000 (+ 52%).

mardi 13 décembre 2011

Journée de mobilisation du 13 décembre : François Hollande soutient l'action des organisation syndicales

Les organisations syndicales, dans une large majorité, appellent les salariés et fonctionnaires à se mobiliser massivement contre la politique économique et sociale du gouvernement demain, mardi 13 décembre 2011.

C’est bien cette politique qui conduit la France aujourd’hui à vivre une des périodes les plus difficiles de son histoire : rechute de l’activité économique, désindustrialisation, explosion des déficits publics et de la dette, creusement sans précédent du déficit commercial, le gouvernement a été incapable de sortir la France de la crise.

Nicolas Sarkozy a annoncé dans son discours de Toulon sa volonté de voir continuer cette politique d'austérité sans aucune vision, ni aucune cohérence, au risque de voir encore se dégrader la situation économique et sociale. Cette politique est en effet économiquement inefficace et socialement injuste, car elle fait payer aux plus modestes la facture d’une crise dont ils ne sont pas responsables.

François Hollande, qui partage l'inquiétude des syndicats quant à l'emploi et à la croissance, apporte son soutien à cette mobilisation.

François Hollande propose aux Français un autre chemin : celui du redressement économique et de la justice sociale.

"Je ne sais pas QUI a creusé ce trou ... mais je sais QUI va le reboucher"


dimanche 11 décembre 2011

21 associations créent le "Collectif laïque"

APPEL COMMUN : PROMOUVOIR ET DEFENDRE LA LAICITE

La laïcité est fragilisée, contournée, menacée. Cent six ans après le vote de la loi de séparation des églises et de l’Etat qui garantit la liberté de conscience, l’égalité des droits et des devoirs entre tous les citoyens, quelles que soient leurs origines et appartenances, les associations laïques ont décidé de s’associer en un collectif pour promouvoir et défendre la laïcité.

Dans la perspective de l’élection présidentielle, moment clef de la vie politique sous la V° République, le « Collectif laïque » interviendra afin que les candidats se prononcent clairement au regard de la laïcité et de l’application de l’article Premier de la Constitution et de la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat.

Les tentatives de qualifier la laïcité, en lui associant les qualificatifs « moderne », « ouverte », «nouvelle », « positive », etc, constituent autant de volontés de vider la laïcité de son contenu, de contourner la loi de 1905, à défaut de pouvoir l’abroger, alors même que l’immense majorité des Français, croyants et incroyants, lui déclarent leur attachement.

Peu à peu, la laïcité a été contestée par le discours à Latran du premier magistrat de la République à propos des mérites respectifs de l’instituteur et du prêtre, par l’accroissement des financements publics aux écoles confessionnelles, par les décisions du Conseil d’Etat réduisant la laïcité à la seule neutralité, par la mise en place de commissions inter-religieuses départementales qui légitiment le retour du religieux dans la sphère publique, par les dispositions qui favorisent la montée du communautarisme ; autant d’avancées insidieuses, mais clairement destinées à vider de sa substance la laïcité républicaine, donc la République.

Trop c’est trop ! La crise sociale, économique et culturelle impose que la République ne cède en rien sur ses valeurs fondatrices et s’engage sur la voie de la concrétisation des principes fondamentaux inscrits dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Il faut consolider la liberté, concrétiser l’égalité des droits et des devoirs, réhabiliter la fraternité, donner du sens à la citoyenneté.

Il faut faire vivre la laïcité.

Faire en sorte que les hommes et les femmes, premières victimes des fondamentalismes, disposent des moyens d’émancipation qui les rendent maîtres de leur destin.

Tels sont les principales réponses que les associations laïques entendent apporter aux maux qui menacent la République : les renoncements successifs et les discours populistes fondés sur la peur de l’autre.

Aussi, à l’occasion de l’élection présidentielle, le « Collectif laïque » demande prioritairement que les principes de la loi de 1905, inscrits dans ses deux premiers articles, soient intégrés dans la Constitution. Il revendique que soit mis fin à l’institutionnalisation du retour du religieux dans la sphère publique et au communautarisme. Il réclame que la priorité des moyens soit donnée à l’école laïque et que soit mis un terme à l’accroissement continu du financement public des établissements confessionnels.

Le « Collectif laïque » entend contribuer ainsi au rehaussement du débat politique. Faire en sorte que les hommes, les femmes, premières victimes des fondamentalismes, s’émancipent de toutes les cléricalismes, y compris de la finance mondiale, et se donnent les moyens d’être maîtres de leur destin.

En ce jour anniversaire de l’adoption de la loi de 1905 de séparation qui fonde la laïcité, les associations laïques signataires, tout en préservant chacune ses spécificités et son indépendance, constituent le « Collectif laïque » dont l’objet est de faire rayonner la laïcité, toute la laïcité, rien que la laïcité.

Paris, le 9 décembre 2011

samedi 10 décembre 2011

Conseil européen du 9 décembre 2011

L’accord trouvé lors du Conseil européen n’est pas solide : il est étroit, flou et ne répond pas à l’urgence de la crise. Nous resterons extrêmement vigilantes sur sa mise en œuvre.

1/ Cet accord est étroit :

- Contrairement aux annonces de Nicolas Sarkozy, il ne s’agit pas d’une révision des Traités européens à 27 ;

- Il repose sur un accord intergouvernemental entre les 17 Etats membres de la zone euro et 6 Etats membres de l’Union européenne. Ce n’est donc ni un accord à 27, ni un accord propre à la zone euro ;

- Il est strictement consacré au renforcement des disciplines budgétaires et de l’austérité à travers le renforcement des sanctions automatiques contre les Etats ;

- Il vise principalement, voire exclusivement, à introduire une « règle d’or » dans le droit interne des Etats sous le contrôle des juges européens ;

- Il ne comporte pas les éléments nécessaires à la mise en place au jour le jour d’un pilotage économique de la zone euro.

2/ Cet accord est flou :

- L’articulation entre cet accord, qui ne concernerait que certains Etats membres de l’Union européenne, et les institutions européennes reste flou, s’agissant notamment des interventions des juges européens ;

- Les modalités de mise en œuvre des dispositions de cet accord, et donc de l’exercice du contrôle démocratique par les Parlements nationaux et par le Parlement européen, restent imprécises.

- De manière générale à aucun moment n’est pris en compte dans cet accord le nécessaire renforcement du contrôle démocratique des peuples européens sur les décisions prises.

3/Cet accord ne répond pas à l’urgence :

- Des moyens importants sont mis en œuvre à travers le FESF, le Mécanisme européen de stabilité et les interventions du FMI ;

- Mais la réponse n’est pas à la hauteur des défis de cette crise :

o Rien n’est dit sur les interventions nécessaires de la Banque centrale européenne ;

o Le FESF reste à des niveaux qui ne lui permettront pas de répondre durablement à la crise ;

o L’introduction des euro-obligations est renvoyée à un hypothétique rapport des instances européennes en mars 2012.

o La croissance reste la grande oubliée de cet accord.

Des mesures urgentes doivent être prises pour faire face à la crise. Nous exercerons la plus grande vigilance sur la négociation de cet accord.

vendredi 9 décembre 2011

L’économie française ne crée plus d’emploi

par Alain Vidalies

En un trimestre, l’économie Française n’a crée que 3600 emplois. L’emploi stagne pour la première fois depuis le quatrième trimestre 2009, induisant une remontée du chômage, que l’on constate depuis quelques mois et qui risque malheureusement de s’aggraver dans les mois qui viennent. On note même un recul important dans certains secteurs jusqu'ici préservés, en particulier le secteur de l'intérim, qui recule nettement après neuf trimestres consécutifs de hausse.

Ces chiffres publiés aujourd’hui par l’Insee sont inquiétants pour l'avenir. Ils marquent surtout la responsabilité d’un échec, celui du Président de la République. Nicolas Sarkozy n’a pas su, et ne sait toujours pas, comment sortir la France d’une crise dont personne ne peut nier l’impact qu’elle a eu sur l’emploi, mais qui aurait pu être maîtrisée par la mise en place de politiques beaucoup plus ambitieuses et beaucoup moins confuses. Le Président de la République n’a pas été à la hauteur de cet enjeu, et a ajouté aux conséquences de la crise mondiale, les conséquences désastreuses de sa politique nationale.

En creusant la dette, en ne s'investissant pas au quotidien pour relancer l'emploi et la croissance, la droite a laissé filer le chômage et s’est avérée incapable de créer des emplois. Elle a même mis en place des mécanismes contre-productifs, comme l’enchainement des plans d’austérité sans vision ni cohérence ou la mise en place d’un dispositif incitant fiscalement le recours aux heures supplémentaires au lieu d’inciter à l’embauche. Aujourd’hui la France est le seul pays qui subventionne la destruction d’emplois.

Les chiffres publiés aujourd’hui par l’Insee constatent l’échec majeur de Nicolas Sarkozy. La France a besoin d’un nouveau souffle, d’un nouveau cap. En faisant de l’emploi, notamment des jeunes, une grande ambition, nous assumons, avec François Hollande, la responsabilité de ce changement.

mercredi 7 décembre 2011

Dans le prochain MNV

Le nombre de personnes en situation de précarité accueillies et accompagnées par les associations caritatives a encore augmenté dans notre Ville.

Nous saluons ces associations et tous leurs bénévoles pour leur engagement. Cependant, cette situation est intolérable dans un pays aussi riche que la France.

Jeunes ne bénéficiant d'aucune aide sociale, familles monoparentales, personnes en attente de leurs droits (rupture familiale, déménagement, contrainte de mobilité sur des emplois précaires …), chômeurs en fin de droits, salariés licenciés sans indemnité ou n'ayant pas touché leur salaire depuis plusieurs mois et en attente de décisions de justice (faillite ou difficultés pour les artisans ou les petits entrepreneurs), travailleurs dits « pauvres » … le profil des personnes accueillies s’élargit de plus en plus et traduit les dysfonctionnements de notre Société.

Comment garder sa dignité et sa confiance en soi lorsqu’il est impossible de se projeter à plus d'un mois ? Comment construire sa vie et celle de ses proches dans de telles conditions ?

Aujourd’hui, l’ascenseur social ne marche plus qu’à la descente, et il est urgent de le faire repartir dans le bon sens.

A quelques jours des Fêtes de fin d’année, nos pensées vont prioritairement vers toutes celles et tous ceux qui sont ainsi atteints dans leur vie d'Homme et de citoyen.

Claudy Aubert Dassé (EE-Les Verts), Isabelle Bruny, Juliette Werth, Frédéric Kott (PS), Abdou Diallo (PRG)

mardi 6 décembre 2011

L'Europe telle que nous la voulons ne peut pas se réduire à une organisation de l'austérité

François Hollande au Congrès du SPD

Je suis conscient de l´honneur que vous me faites en m´invitant à votre congrès. Je remercie Sigmar Gabriel d´en avoir pris l´initiative et je vous salue fraternellement.

Je viens devant vous comme socialiste, j´ai été pendant 10 ans le premier dirigeant de mon parti. Mais je viens devant vous désormais comme candidat à la présidence de la République francaise, conscient des responsabilités qui sont les miennes, dans un moment d´une considérable gravité pour l´euro et pour l´Europe.

Comme socialiste je veux rappeler l´amitié entre nos deux partis depuis le belle relation qu´entretenaient deux hommes d´Etat exceptionnels, Willy Brandt et Francois Mitterrand. Amitié qui n´a cessé de se poursuivre et de s´enrichir au sein du Parti socialiste européen et dans nos relations bilatérales. Et c´est encore le cas aujourd´hui, aussi bien entre Martine Aubry et Sigmar Gabriel qu´entre nos deux groupes parlementaires avec Franck Walter Steinmeier et Jean Marc Ayrault, ici présent.

Nous avons à proposer ensemble l´alternative. Nous avons à changer le centre de gravité de l´Europe. Le ramener davantage vers la gauche.

Comme candidat à la plus haute fonction de mon pays je veux affirmer devant vous, et à travers vous à tous les allemands, la force que j´accorde au lien entre nos deux Etats.

Au-delà des gouvernements et des majorités qui se sont succédés dans nos deux pays depuis 1945, l´Allemagne et la France ont été capables de dépasser les blessures de l´Histoire et les douleurs des affrontements meurtriers pour donner l´exemple de la réconciliation et de la paix. Le traité de l´Elysée signé en janvier 1963 par Konrad Adenauer et Charles de Gaulle fonde encore les rapports entre nos deux nations.

Mieux que cela, nos deux pays ont puissamment contribué à l´édification de l´Europe. Ils en ont été les moteurs. A chaque étape, ils ont montré la voie, sans dominer, sans obliger, sans contraindre. C´est ainsi que fut bâti le marché commun, puis le grand marché et la monnaie unique. C´est ainsi qu´a été possible, après la chute du mur de Berlin, l´unification de l´Allemagne et l´élargissement de l´Europe.

Je pense aux grands bâtisseurs de notre Europe issus de nos rangs, qui ont fait l´Histoire : Helmut Schmidt, , de notre côté Francois Mitterrand, Jacques Delors. Je n´oublie pas que cette grande aventure dépasse les clivages politiques et que des conservateurs ont pu y jouer leur rôle. Je pense notamment à Helmut Kohl.

Cette amitié franco-allemande nous l´avons toujours voulue dans l´égalité et le respect. Non pas dans l´imitation, la copie, mais dans la reconnaissance de nos atouts mutuels. Non pas dans le déséquilibre mais dans la poursuite d´une ambition commune. Non pas dans la méfiance mais dans la franchise.

C´est ainsi que cette amitié a pu se perpétuer par delà les sensibilités politiques, les frontières partisanes et les caractères parfois tumultueux de nos dirigeants respectifs. Et j´entends bien, si les Français en mai prochain m´en donnent la responsabilité, préserver et même renforcer ce partenariat au service de l´Europe.

Elle requiert confiance et constance. L´Europe pour avancer a besoin d´une relation franco-allemande équilibrée. Elle doit être sans exclusive et banir tout directoire, doit pouvoir constituer la force d´entraînement. Nos deux pays représentent la moitié de la production de la zone euro et le tiers de la population de l´Union.

Nous pouvons avoir des différends. Car nous avons nos traditions. Je sais combien la lutte contre l´inflation est primordiale ici. Vous connaissez notre préoccupation en France à l´égard du chômage. Vous avez fait des réformes importantes ici en Allemagne. En France elles ont trop tardé. Mais nous sommes conscients qu´aucun pays n´a de lecons à donner à l´autre et que l´isolement ou l´entêtement seraient la pire attitude. Nous avons besoin d´un compromis dynamique.

Car l´Europe et d´abord la zone euro affrontent une situation exceptionnelle. Confrontée à la défaillance de la Grèce il y a dix huit mois, elle s´est montrée incapable de réagir avec rapidité et efficacité à la pression des marchés.

Chaque sommet européen a été conclu par des communiqués de victoire, à chaque fois démentis quelques jours plus tard par les doutes des places financières.

Les instruments qui ont été introduits, notamment le Fonds européen de stabilisation financière, sont apparus insuffisants et tardifs. Les euro-bonds ont été écartés. Les gouvernements de nos deux pays portent une responsabilité dans ces atermoiements, ces frilosités, ces hésitations. Le résultat est que la spéculation, loin de fléchir, s´est amplifiée. D´où la tentation de la fuite en avant. Les uns appelant à un recours plus direct de la Banque centrale européenne pour l´achat des dettes souveraines. Les autres à une révision des traités pour mettre de la discipline dans les politiques budgétaires. Avec l´idée d´un troc pour trouver un improbable et inavouable arrangement.

Cette fuite en avant est périlleuse. Pour plusieurs raisons, d´abord parce que l´élaboration d´un nouveau traité prendra du temps. Des mois pour le négocier. Des mois pour le faire ratifier. Durant cette longue période, les marchés seront toujours ouverts et n´attendront pas la conclusion de nos travaux. Parce que des transferts de souveraineté sur l´acte essentiel d´un parlement – le vote du budget – et l´éventuelle censure de la Cour de Justice des Communautés européennes accentuera la crainte d´une dépossession démocratique que bien des peuples n´acceptent plus.

Enfin parce que l´Europe ne peut se réduire à une organisation de l´austérité alors que le chômage progresse et que la récession menace.

C´est maintenant qu´il faut agir. Car la crise de l´euro si elle se propage risque de tout emporter. Ce sont de grandes économies qui sont désormais exposées : l´Espagne, l´Italie. Le début de l´année 2012 va correspondre à une levée de nombreux emprunts dont nul ne sait s´ils trouveront preneurs et à quels taux d´intérêt. Le système bancaire n´a plus confiance en lui-même. Les agences de notation sont une menace permanente. Bref, il y a urgence. L´euro est notre patrimoine commun. Il est bien plus que notre monnaie. Il nous lie les uns aux autres. Il nous assure la stabilité et nous protège.

Nous ne pouvons pas prendre le risque de l´éclatement. Ce serait une régression au détriment de chacun de nos Etats membres. Il n´y aurait que des perdants, aucun vainqueur, sauf ceux qui loin d´ici n´ont jamais voulu de l´euro. Ce serait l´effacement de l´Europe.

Alors il faut se donner immédiatement les moyens d´en finir avec cette crise de la zone euro.

C’est pourquoi je propose un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance.

Sans responsabilité budgétaire, il n’y aura pas de sortie de crise. Et ici devant vous, comme devant les Français, je tiens un discours de vérité. Je réduirai les déficits en France: 3% du PIB de déficit budgétaire en 2013, l’équilibre en 2017. Nous maîtriserons ainsi la dette publique. Et nous en terminerons avec les politiques d´allégements fiscaux qui ont été aussi injustes socialement qu´inefficaces économiquement.

Il nous faut aussi une autre gouvernance de la zone euro. Elle ne peut se limiter à quelques réunions de chefs d’Etat et de gouvernement. Elle devra comporter un véritable pilotage des politiques économiques dans la zone euro.

Nous devons aussi créer les conditions de la croissance. Le budget de l’Union européenne, les interventions de la Banque Européenne d´Investissement et un dispositif d’euro-obligations pour des grands projets doivent permettre de développer de nouvelles activités et l’emploi dans l’industrie, les infrastructures et notamment la conversion écologique ou les nouvelles technologies.

Le pacte que je propose comporte quatre évolutions décisives:

Le fonds européen de stabilité financière doit être beaucoup plus fortement doté pour être à la hauteur des enjeux et désarmer durablement la spéculation. Il doit pouvoir travailler avec la Banque centrale européenne et se refinancer auprès d’elle.

La Banque Centrale Européenne doit pleinement jouer son rôle. Je respecte son indépendance, je la voudrais plus attentive à la situation de notre économie réelle, je souhaite qu´elle puisse élargir son rôle de prêteur et intervenir de facon mesurée contre la spéculation dans le cadre de ses actuels statuts.

La taxe sur les transactions financières doit être introduite sans délai. Elle réduira la volatilité des capitaux et permettra de dégager une ressource précieuse pour le budget européen.

La dette européenne doit être partiellement mutualisée par la mise en place d’euro-obligations.

Chers amis, chers camarades, je suis convaincu que rien ne peut se faire, que rien ne se fera sans la démocratie. Je sais que c’est une préoccupation commune à nos deux pays, chacun avec ses modes d’organisation propre. Le renforcement des contrôles démocratiques en Europe est indissociable d’un renforcement de l’action commune. Je veux saluer le rôle du Parlement et le travail de notre ami et futur Président Martin Schultz.

Autant j´accepte une vigilance sur les budgets nationaux à l´égard des Etats qui ne respectent pas leurs engagements, autant je refuse qu´une instance judiciaire décide à la place des Parlements. Je partage les craintes de votre grand philosophe Jurgen Habermas devant le fossé qui s´élargit entre les citoyens et une élite dirigeante. Il a recours à propos de la gouvernance européenne actuelle le terme de « post-démocratie ».

Or, là où la démocratie régresse, où la politique recule, c´est le marché qui avance.

Au-delà de l´urgence, nous devons définir ensemble le projet européen pour la prochaine décennie.

Ce ne peut être simplement une union budgétaire qui, après l´union monétaire, doit être un moyen et non une fin.

Ce que je propose ce n´est pas un fédéralisme de marchés mais un fédéralisme de projets.

L´Europe c´est une somme de volontés pour affronter les défis globaux. Avant hier c´était la paix, hier c´était l´élargissement, aujourd´hui c´est l´investissement dans la connaissance, les nouvelles technologies, la lutte contre le réchauffement climatique, la croissance verte. Une véritable politique commune de l´énergie pourrait trouver sa place dans une Communauté européenne de l´énergierefondée.

La vision que nous devons offrir de notre continent c´est de rester la première puissance économique du monde grâce à l´excellence de nos productions, de nos formations et de nos modes de vie.

Ce qui doit conduire à porter ensemble de nouveaux projets industriels et de nouvelles ambitions en matière d´enseignement supérieur et de recherche. Car depuis Galileo aucune nouvelle frontière technologique n´a été repoussée par l´Europe. Et les générations futures – la jeunesse – doivent être nos grandes priorités.

Le fédéralisme des projets pour la prochaine décennie ne réussira qu´à plusieurs conditions : de nouvelles ressources : taxes européennes (contribution carbone), emprunts d´avenir (euro-obligations), une simplification des structures de décision dans le cadre des coopérations renforcées ; l´Europe d´avant-garde, une régulation financière efficace, une harmonisation sociale et fiscale, une démocratisation plus forte de l´Europe.

Voilà l´Europe de demain : claire dans ses objectifs, démocratique dans son fonctionnement, mobilisatrice dans ses engagements.

C´est sur ces bases que je vous propose de travailler ensemble à une alternative.

C´est sur ces bases que j´entends engager dès le lendemain de mon élection, si les Français en décident ainsi, la discussion avec les représentants du peuple allemand au-delà des attaches partisanes.

Je veux conclure en revenant à l´amitié franco-allemande. En 2013, sera célébré le 50e anniversaire du Traité de l’Elysée. Ce doit être l´occasion d´enrichir notre lien. Je veux en donner quelques illustrations:

  • La jeunesse, avec l’accélération de la mise en place du service civique franco-allemand et la création en partenariat avec l’université franco-allemande d’un Office franco-allemand de la recherche ;
  • Notre sécurité commune, avec la mise en place d’un état-major pour coordonner les opérations menées dans le cadre de la politique européenne de sécurité et de défense ;
  • La politique industrielle avec la mise sur pied d’un fonds industriel franco-allemand destiné à faciliter la création de pôles industriels communs, entre autres dans le secteur des transports et de l’environnement.

Je veux rebâtir une alliance forte avec l’Allemagne, fruit d’un rapport entre partenaires égaux, pour porter une vision commune de la réponse à la crise et de l’avenir de l’Europe, face à un monde en mutation. C’est ce que les citoyens, les salariés, les ouvriers, les agriculteurs de nos deux pays attendent. Nous devons répondre à leur aspiration à davantage de protection face aux dégâts de la mondialisation.

En France et en Allemagne nous allons connaître dans les 18 prochains mois des rendez vous électoraux majeurs. Si nous réussissons – nous les socialistes et les sociaux démocrates – à l´emporter dans nos pays respectifs, c´est le cœur de l´Europe qui s´en trouve modifié

Nous pourrons alors travailler dans le sens de nos idées : la croissance, l´emploi, la formation, le développement durable, la justice sociale.

Et c´est un nouveau cycle que nous pourrons ouvrir. Alors travaillons ensemble, dès à présent, unifions nos positions, portons ensemble des propositions. Notre cohésion, notre solidarité, seront sources de confiance et d´espoir.

Et comme je suis le premier à rencontrer le suffrage universel, en mai prochain, je ferai tout pour poser le premier acte en attendant que vous ne posiez le second en septembre 2013.

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