samedi 30 juin 2012


Examen des COMPTES ADMINISTRATIFS 2011 au Conseil Municipal

 

A quels critères doit répondre selon-nous le budget de notre Collectivité dans le contexte actuel ?

  1. Aménager et embellir la Ville.
  2. Améliorer les conditions de vie des montluçonnais.
  3. Créer les équipements structurants nécessaires à l’accueil de nouvelles populations et au développement de nouvelles activités.
  4. Améliorer la situation financière de notre Collectivité, dont on connaît la fragilité.
 Pour nous, ces objectifs ne sont pas atteints, comme en témoignent tous les indicateurs qui confirment hélas la paupérisation des montluçonnais et la poursuite de la baisse démographique.

Quant à la situation financière, nous prenons acte de la gestion volontariste de la dette par les services, mais les ratios sont toujours défavorables (montant de la dette par habitant toujours très élevé par rapport à la moyenne nationale).
Dans la situation de crise financière actuelle, ces mauvais ratios – et c’est le vice-Président de l’agglomération chargé des finances qui le disait en séance plénière il y a 10 jours – affectent nos rapports avec les banques puisque les établissements bancaires répugnent à nous prêter aux conditions habituelles du marché.

Pour ces raisons, et bien d’autres que je ne reprendrai pas aujourd’hui, nous ne voterons pas le compte administratif pour ce qui concerne le budget principal.

Nous voterons pour les budgets annexes.

vendredi 29 juin 2012

Déclaration de Frédéric Kott au Conseil Muncipal


Une très longue séquence électorale s’achève, et, après des semaines de campagne, après l’élection du Président François Hollande, le Député de la circonscription a été largement réélu et une nouvelle majorité parlementaire est désormais en place.

Le moment est donc venu pour que le Parlement vote les réformes voulues par les Français.

Un certain nombre des nouveaux textes à venir pourront intéresser notre Conseil Municipal et les Organismes para-municipaux, et plus largement, tous les montluçonnais.

Je ne doute pas que notre Conseil, le moment venu, s’intéressera à la création d’ « emplois d’avenir », et apportera un soutien financier aux associations qui créeront de tels emplois-jeunes.

Je n’ai aucun doute sur la réactivité de notre Office de l’Habitat pour s’inscrire dans la démarche initiée par Cécile Duflot et mettre en place un plan pluri-annuel d’isolation des HLM pour générer des économies d’énergie et diminuer les charges des locataires.

Je ne doute pas de la capacité du Président du Conseil de surveillance de notre Centre Hospitalier à travailler en partenariat avec le Député pour porter ce dossier difficile devant Marisol Touraine afin de redonner une visibilité à notre service public de la santé et éliminer toute perspective de plan social au CH.

Je pense qu’il pourra en être de même auprès du Ministre des Transports ou auprès de la SNCF pour que le tracé de la ligne LGV – dont nous nous réjouissons qu’il nous assure un temps de trajet jusqu’à Paris conforme à nos espérances – nous assure également une connexion digne de ce nom avec Lyon, ce qui semble pour l’instant très aléatoire sur les bases de la carte du projet qui nous a été présentée.

Les montluçonnais se sont exprimés, la période électorale est terminée, voici quelques objectifs auxquels tous les élus du Conseil Municipal, nous le pensons, peuvent adhérer dès maintenant.

Et je rappelle que le dialogue social est à nouveau à l’ordre du jour dans notre Pays : nous ne doutons pas non plus qu’il pourra en être de même ici à Montluçon avec nos agents territoriaux.

jeudi 28 juin 2012

La photo du jour















Entretien avec Mme AUNG SAN SUU KYI, députée birmane, prix Nobel de la Paix

mercredi 27 juin 2012


Lettre de Vincent Peillon aux personnels de l'éducation nationale

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale, et George Pau-Langevin, ministre déléguée, chargée de la réussite éducative, s'adressent à tous les personnels de l'éducation nationale. La lettre est publiée au Bulletin officiel du mardi 26 juin 2012.


Au moment où nous est confiée une mission qui nous honore et nous engage, nous souhaitons vous préciser l'esprit dans lequel nous voulons, sous l'autorité du Président de la République et du Premier ministre, travailler à la refondation de notre École. 
Nous connaissons les difficultés auxquelles vous êtes confrontés au quotidien et le poids de vos responsabilités. Mais nous savons aussi la force de votre dévouement, la passion et la vocation qui vous animent pour instruire, éduquer, servir une certaine idée de la France, de la République et de l'humanité. Ensemble, nous avons rendez-vous avec notre pays : parce que son histoire n'est pas n'importe laquelle, ses attentes sont grandes à l'égard de son École. Nous devons les honorer.
Le Président de la République a fixé clairement l'objectif d'une refondation républicaine de l'École et d'une refondation de la République par l'École.
Cela nous confère à tous une responsabilité, mais aussi un devoir d'action.
Il va appartenir à chacun d'entre nous de donner le meilleur de lui-même et à nous tous, ensemble, comme corps collectif, de nous rassembler et de nous dépasser.
Notre École peut renouer avec le progrès et l'espérance. Il n'y a pas de fatalité de l'échec scolaire. Tous les enfants peuvent réussir. L'École doit être au service de la promotion de tous et de l'épanouissement de chacun. 
Elle porte une idée de l'homme, mais aussi du citoyen, et une exigence de justice. Nous ne devons renoncer à aucune de ses missions ni de ses ambitions mais les tenir ensemble.
Ainsi, les réformes que nous entreprendrons et les moyens nouveaux que le Président de la République a décidé de consacrer à l'éducation nationale, dont il a fait la priorité de l'action publique pour le quinquennat, seront mis au service d'objectifs clairs et de valeurs réaffirmées et assumées. Ensemble, nous devons redonner le sens, rétablir le respect, et reconstruire un idéal et, ensemble, nous devons réussir à faire partager cet idéal comme un bien commun et un bien précieux.
Pour engager la refondation et inscrire notre action dans la durée qui lui sera nécessaire, nous organiserons, au cours des prochaines semaines, conformément aux engagements du Président de la République, une vaste concertation. Elle conduira à l'élaboration d'un projet de loi portant refondation de l'École qui sera présenté au Parlement à l'automne.
Un nouveau contrat entre la Nation et son École sera passé, qui nous permettra de faire entrer la République dans sa modernité et de tenir à nouveau la promesse républicaine.
Nous connaissons les enjeux pour l'avenir de l'École : l'amélioration des acquis scolaires, l'égalité plus grande dans la réussite des élèves, la réduction des sorties sans qualification, l'insertion professionnelle de tous.

La réussite des élèves repose sur la confiance et le respect que la Nation accorde à celles et ceux qui servent l'éducation nationale, quels que soient leur niveau de responsabilité et leur mission. Nous voulons restaurer un dialogue où chacun, personnel d'enseignement, personnel d'éducation et d'orientation, personnel administratif et technique, personnel du service social et de santé, personnel d'inspection et de direction, puisse contribuer à cette ambition. La refondation de l'École de la République repose aussi sur une information partagée, un jugement éclairé et l'idée que l'École appartient à toute la Nation. C'est pourquoi nous avons décidé de rendre publics les rapports des inspections générales qui n'avaient pas été diffusés depuis plusieurs années.

L'éducation nécessite une vision d'ensemble qui s'appuie sur une conception de l'homme et de la République.  
L'École de la République est une École de l'exigence et de l'ambition qui doit permettre à chaque élève de trouver et de prendre le chemin de sa réussite. C'est un lieu d'enseignement laïque, d'émancipation et d'intégration de tous les enfants. C'est notre maison commune, vecteur de promotion et de justice sociale, lieu de transmission des valeurs de la République, des valeurs fortes que l'on doit enseigner, réfléchir, discuter, pratiquer. Ensemble, il nous appartient de donner à notre École l'élan nouveau qui apportera à la jeunesse les raisons d'espérer et de participer pleinement à son destin. Nous devons tous nous mobiliser pour l'accomplissement au quotidien de cet idéal pour notre pays. Nous savons pouvoir compter sur vous dans un esprit d'unité, de confiance et d'action, dans l'intérêt des élèves et dans celui de la Nation, et nous vous en remercions chaleureusement.

Dans l'attente de la refondation de notre École, et sans remettre en cause les travaux préparatoires déjà effectués, il est important que nous vous précisions dès maintenant les mesures de la prochaine rentrée qui s'inscrivent dans une démarche différente de celle qui avait conduit à écrire la précédente circulaire de rentrée. L'espérance et le changement doivent déjà se tracer un chemin et commencer, sans plus attendre, à faire entendre leurs voix. Notre volonté est d'abord, par ces mesures, de renouer la confiance qui a tant fait défaut ces dernières années.


1. L'école primaire est notre première priorité. Les débuts de la scolarité sont essentiels pour la réussite de tous les élèves. Les difficultés doivent être repérées dès les premières années d'apprentissage. Nous accorderons donc une importance particulière à l'accueil des enfants les plus jeunes, en considérant ceux de moins de trois ans qui doivent pouvoir être scolarisés, en particulier dans toutes les zones qui rencontrent le plus de difficultés. Cet accueil doit être l'occasion d'établir des liens privilégiés avec les parents afin de bâtir avec eux les conditions de la réussite dans la durée.
C'est par une progression bien maîtrisée et par des réponses adaptées à des besoins clairement identifiés que l'école maternelle remplira au mieux sa mission, qui ne peut être une simple préparation à l'école élémentaire. L'école maternelle est l'école des premiers apprentissages et de l'installation de la confiance en soi. Elle mérite de retrouver une attention particulière et spécifique pour que les élèves s'y inscrivent dans un parcours de la réussite.

Nous veillerons à ce que l'encadrement des classes soit renforcé, notamment dans les écoles qui sont confrontées aux situations les plus complexes. Cette ambition trouvera une première traduction, dès la prochaine rentrée, avec la création de 1 000 nouveaux emplois de professeurs des écoles. Ces emplois seront mobilisés pour améliorer l'accueil des élèves, favoriser leur réussite, en particulier dans les écoles de l'éducation prioritaire et dans les zones rurales isolées. Ils permettront de conforter le potentiel de remplacement et de renforcer les dispositifs d'aide aux élèves en difficulté, notamment les Rased. Il faudra, par ces moyens nouveaux et cette amélioration de notre dispositif scolaire, trouver dans les écoles, avec l'aide des équipes de circonscription, les possibilités d'évolution des pratiques pédagogiques et des fonctionnements de chaque cycle.  
Nous souhaitons aussi que, dès cette rentrée, tout soit mis en œuvre pour que le cours préparatoire ne soit confié qu'à des professeurs dotés d'une expérience d'enseignement et non à des enseignants débutants.

L'acquisition des savoirs fondamentaux doit rester l'objectif intangible de l'école primaire. Dans tous les domaines d'enseignement, avec l'appui des corps d'inspection, chacun veillera à une progression cohérente et efficace des apprentissages. La pédagogie doit être attentive aux travaux de la recherche. Elle doit évoluer et favoriser l'épanouissement de l'élève, son activité, sa motivation et sa pleine implication dans les apprentissages. Le travail en équipe doit être encouragé et nous demandons à l'encadrement pédagogique d'accompagner les écoles dans cette ambition.
Dans l'attente des décisions qui seront prises le moment venu pour réorganiser les rythmes scolaires, nous souhaitons que la pause méridienne ne soit pas, autant que possible, inférieure à quatre-vingt-dix minutes dans le premier degré. Nous souhaitons que chacun soit à l'écoute des besoins des élèves et prenne une part active dans la concertation à venir sur la réforme des rythmes scolaires et éducatifs. Nous savons que cette réforme est complexe mais elle est essentielle dans l'intérêt des élèves et de leur réussite.

2. Les résultats des évaluations qui se sont déroulées en CE1 et CM2 du 21 au 25 mai 2012 ne sont pas centralisés au niveau national. Ils sont collectés et analysés à l'échelle des écoles, et seulement à ce niveau, avec l'appui des inspecteurs des circonscriptions. Ces évaluations servent également de support aux échanges avec les familles et, s'agissant des évaluations réalisées en CM2, elles favorisent la liaison avec le collège de secteur. Pour l'avenir, la concertation traitera de la refondation de l'évaluation tant du système éducatif que des acquis des élèves.

3. Le socle commun de connaissances et de compétences, inscrit dans la loi n° 2005-380 du 23 avril 2005, est  le cadre de référence de la scolarité obligatoire. Chaque élève doit parvenir à la maîtrise du socle commun au terme de sa scolarité. La conception et les composantes du socle commun seront repensées. La réécriture des programmes de l'école primaire et du collège suivra cette révision et se fera dans un cadre concerté et transparent. Le livret personnel de compétences actuel est inutilement complexe. Il est trop tard pour le modifier pour la prochaine rentrée, mais il connaîtra des simplifications indispensables et des évolutions pour tenir compte des forces et des faiblesses de son format et de son usage. Il faut, pour le dialogue avec les parents, des outils de suivi des élèves clairs et compréhensibles.


4. Le collège unique reste pour nous une ambition essentielle pour conduire tous les élèves à la maîtrise du socle commun. Nous connaissons les difficultés rencontrées par les enseignants de ce niveau d'enseignement pour assurer la réussite de tous. C'est pourquoi le collège fera l'objet d'un travail de réflexion dans le cadre de la concertation qui sera engagée dans les prochaines semaines. Maintenir l'obligation d'un tronc commun pour tous n'interdit pas de proposer aux élèves des approches pédagogiques différenciées, dès lors qu'aucun dispositif d'éviction précoce ne détourne ces élèves de l'objectif de maîtrise du socle commun et ne les enferme dans une filière. Nous demandons à chacun d'y veiller. Dans l'attente d'un projet de disposition législative abrogeant la loi n° 2011-893 du 28 juillet 2011, dite loi Cherpion, le dispositif d'initiation aux métiers en alternance (Dima) pour les jeunes âgés de moins de 15 ans est suspendu à la prochaine rentrée.
Nous tirerons les conclusions de l'évaluation nationale de fin de 5ème, expérimentée en 2011-2012, avant une éventuelle généralisation.
Le fonctionnement actuel des établissements de réinsertion scolaire (ERS) ne répond pas aux objectifs qui leur avaient été assignés. Nous nous prononcerons prochainement sur leur devenir.



5. La mise en œuvre de la réforme du lycée se poursuit à la rentrée 2012 selon les dispositions arrêtées en 2010. Les principaux enjeux et objectifs initiaux de la réforme - mieux accompagner chaque élève, mieux le préparer à l'enseignement supérieur, permettre une fluidité des parcours - sont maintenus, mais les modalités de leur application pourront être modifiées ultérieurement.
Les corps d'inspection seront mobilisés pour accompagner les personnels de direction et les enseignants dans la mise en œuvre de l'ensemble des composantes de la réforme - accompagnement personnalisé, organisation des enseignements d'exploration, groupes de compétences en langues vivantes, stages passerelles et de remise à niveau, vie lycéenne -, et soutiendront les initiatives des équipes éducatives. 
Pour la prochaine année scolaire, et dans l'attente du rétablissement de l'enseignement d'histoire-géographie en terminale scientifique, l'enseignement facultatif d'histoire-géographie prévu par les textes en vigueur sera proposé à tous les élèves de terminale de cette série.

Les séries technologiques ont pratiquement toutes été rénovées dans le cadre de la réforme du lycée. Cependant, ces rénovations, pour les séries industrielles notamment, modifient en profondeur les approches pédagogiques et les conditions d'enseignement. Un accompagnement significatif par la formation continue des enseignants doit être mis en place en académie, en relais des actions nationales qui se poursuivront.
Les lycées d'enseignement général et technologique et d'enseignement professionnel doivent se rapprocher et favoriser la mixité des élèves. Pour atteindre cet objectif, le développement des lycées polyvalents sera favorisé. La mise en place de réseaux de lycées, qui permettent d'éviter une concurrence infructueuse entre établissements, doit se poursuivre, en concertation avec les partenaires et, tout particulièrement, les collectivités territoriales, pour favoriser la complémentarité de leur offre de formation.

6. La voie professionnelle doit être une véritable filière de réussite, avec des orientations positives et non pas imposées, et des débouchés assurés. La valorisation de l'enseignement professionnel, thème important de la concertation à venir, doit devenir enfin une réalité. Le nombre des sorties sans qualification de la voie professionnelle reste à un niveau beaucoup trop élevé. Des adaptations des parcours vers le baccalauréat professionnel seront nécessaires. Les élèves de l'enseignement professionnel doivent bénéficier du soutien de la Nation. Nous devons être particulièrement attentifs aux difficultés des jeunes bacheliers professionnels qui s'engagent dans des poursuites d'études auxquelles ils ne sont pas toujours préparés.
Les établissements scolaires mobilisent leurs compétences au service de l'éducation et de la formation tout au long de la vie. Ils apportent ainsi une réponse essentielle aux besoins de formation continue des adultes, indissociable de la formation initiale. Nous veillerons à ce que cette mission de service public fondamentale soit préservée. La  loi  n° 2011-525 du 17 mai 2011 de simplification et d'amélioration de la qualité du droit (dite loi Warsmann) impose la transformation du statut des groupements d'établissements de l'éducation nationale pour la formation des adultes (Greta) au plus tard en mai 2013. Le processus d'audit, qui permet de dresser un bilan académique de l'appareil de formation continue, est en cours. Cette opération suscite beaucoup d'interrogations, voire d'inquiétudes légitimes de la part des personnels, formateurs ou administratifs, dont l'engagement doit être reconnu. En concertation avec leurs représentants, nous définirons l'organisation la mieux adaptée à leurs missions tout en garantissant leur statut.


7. L'enseignement des langues est un enjeu fondamental pour la poursuite d'études et l'insertion professionnelle. Il continuera d'obéir, pour la prochaine année scolaire, aux dispositions en vigueur.
Nous souhaitons une meilleure continuité des apprentissages entre l'école élémentaire et le collège en renforçant le suivi des élèves par les équipes enseignantes : les acquis du niveau A1 doivent faire l'objet d'un travail en commun avant l'entrée en classe de 6ème pour aborder le plus tôt possible l'acquisition du niveau A2 du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). 
L'expérimentation de la globalisation des horaires de langues vivantes dans les collèges volontaires est maintenue, mais sera évaluée avant toute décision éventuelle de généralisation. 
Les compétences de compréhension, d'expression et d'interaction orales seront évaluées à compter de la session 2013 du baccalauréat dans l'ensemble des séries générales et technologiques rénovées, aux côtés des compétences de compréhension et d'expression écrites.
Cet enseignement doit bénéficier des possibilités pédagogiques offertes par les technologies numériques.


8. Le sport scolaire joue un rôle fondamental dans l'accès des jeunes aux sports et plus largement à la vie associative. C'est un élément de dynamisation et de cohésion des écoles et des établissements scolaires. Il doit être valorisé et développé.


9. Des moyens supplémentaires seront mobilisés, dès la prochaine rentrée, pour la scolarisation des élèves en situation de handicap.
Outre les emplois d'assistant de scolarisation supplémentaires d'ores et déjà inscrits en loi de finances, de nouveaux emplois d'auxiliaires de vie scolaire (AVS-i) seront créés pour permettre une meilleure couverture des besoins d'accompagnement. 
Au-delà de ce nécessaire renforcement des effectifs de personnel d'accompagnement, nous souhaitons rappeler que les enjeux portent aujourd'hui sur :
- la qualité de la scolarisation ;
- la formation et l'accompagnement des enseignants comme des AVS-i ;
- la personnalisation des réponses pédagogiques, la validation des compétences (socle commun, compétences professionnelles, etc.), l'accessibilité aux ressources pédagogiques et les certifications.
Tous les AVS-i, quel que soit leur statut, doivent recevoir une formation dès leur prise de fonction. C'est une première étape vers la professionnalisation des personnels chargés de l'accompagnement des élèves en situation de handicap que nous allons engager. Ces formations seront menées en lien avec les grandes associations œuvrant dans le champ du handicap, sur la base d'un référentiel d'activité et d'un cahier des charges rénové. Nous saluons l'engagement de tous les personnels qui ont permis de très grands progrès dans l'inclusion scolaire des élèves en situation de handicap. Il nous faut désormais améliorer la qualité de leur parcours scolaire. C'est cette priorité que nous nous donnons en ce domaine.


10. La lutte contre le décrochage scolaire est plus que jamais une priorité nationale. Elle repose à la fois sur une attention plus personnalisée portée aux jeunes, sur le développement des actions de prévention au sein des établissements scolaires et sur la mise en œuvre opérationnelle des dispositifs d'appui aux décrocheurs comme la Mission générale d'insertion (MGI). Nous comptons sur votre mobilisation, en soutien des responsables départementaux et locaux des plates-formes, pour vous investir dans des dispositifs coordonnés et innovants pour un retour à une scolarité assidue. Cette lutte contre le décrochage va de pair avec l'aide individualisée pour que chaque jeune puisse faire des choix d'orientation informés et raisonnés. Nous connaissons l'engagement des conseillers d'orientation-psychologues et l'action des centres d'information et d'orientation (CIO) dans cette mission, comme leur contribution à la lutte contre le décrochage scolaire.

11. L'éducation prioritaire connaîtra une nouvelle étape de son développement et de son efficacité et sera au cœur des décisions qui seront prises dans le cadre de la concertation à venir. Son principe fondamental, qui présida à son déploiement il y a trente ans, demeure « donner plus à ceux qui ont le plus de besoins ». En conséquence, avec la participation de tous les acteurs concernés, le dispositif écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite (Éclair) a vocation à être repensé, les règles fixées pour la prochaine rentrée étant maintenues de façon à éviter toute désorganisation.

12. Les effets négatifs des mesures d'assouplissement de la carte scolaire sont connus. Avec tous les partenaires concernés, nous mettrons en œuvre des modalités véritablement adaptées, pour un renforcement de la mixité sociale et scolaire.

13. Tous les internats, dans leur diversité, doivent proposer l'excellence aux élèves accueillis pour contribuer à l'égalité des chances et à la réussite de tous. En étroite collaboration avec les collectivités territoriales, nous veillerons à l'amélioration des projets éducatifs de tous les internats. C'est pourquoi nous évaluerons les internats d'excellence, notamment sur leur rapport coût/amélioration de la réussite, afin que nous disposions des éléments d'appréciation permettant d'orienter efficacement les moyens pour la réussite du plus grand nombre.

14. Nous veillerons à ce que les outils, contenus et services numériques soient mis à la disposition des enseignants et plus largement des équipes éducatives, pour enrichir leurs pratiques afin de les aider à répondre aux besoins de leurs élèves. La formation des professeurs aux enjeux et aux usages pédagogiques du numérique sera développée. Avec la volonté de réduire les inégalités constatées dans ce domaine, le ministère favorisera la diffusion des usages et la production de ressources pédagogiques numériques et il en développera la mutualisation. Une concertation sera engagée avec les collectivités locales pour accompagner le développement des usages de l'e-éducation, et en particulier garantir plus efficacement la maintenance des équipements mis à la disposition des établissements.

15. Nous connaissons l'engagement de tous les personnels pour assurer la sérénité et la sécurité dans les établissements afin de créer un climat favorable aux apprentissages. Nous savons que les suppressions d'emplois survenues ces dernières années ont rendu la situation particulièrement difficile dans beaucoup d'établissements. C'est pourquoi la présence des adultes sera augmentée avec la création de nouveaux emplois de conseillers principaux et d'éducation et d'assistants d'éducation dès la rentrée 2012. Par ailleurs, en complément du travail effectué par les équipes mobiles de sécurité, la création d'une mission nouvelle de prévention et de sécurité donnera lieu à la création de postes supplémentaires, prioritairement affectés dans les établissements qui sont les plus exposés aux incivilités et aux violences.

16. L'autorité, comme la confiance, ne se décrète pas. Elle se construit grâce à des qualités morales et intellectuelles reconnues et sur l'exemplarité de celui qui détient cette autorité. Elle suppose que l'exigence de respect soit partagée par tous les élèves et par les membres de la communauté éducative : respect des élèves et de tous les personnels, respect des lois et respect du règlement intérieur de l'établissement. C'est en accordant la plus grande attention aux conditions morales et matérielles de votre activité, ainsi qu'à votre formation, que nous souhaitons manifester à tous les personnels de l'éducation nationale l'estime et la confiance que nous vous portons et qui nous paraissent fondamentales pour asseoir cette autorité.

17. Le décret n° 2012-702 du 7 mai 2012, relatif à l'évaluation des personnels, sera abrogé et ne sera donc pas mis en application au 1er septembre 2012. Conçu et publié sans l'adhésion des personnels, ce texte ne permet pas de fonder une évaluation satisfaisante. Pour autant, un simple retour à la situation antérieure n'est pas non plus souhaitable. C'est pourquoi, en concertation avec tous les partenaires concernés, nous préparerons de nouvelles dispositions qui entreront en application à la rentrée 2013.   


18. Nous avons l'ambition de réformer totalement la formation initiale et continue des maîtres. Les systèmes éducatifs les plus performants sont ceux qui assurent une formation initiale et continue de grande qualité des professeurs. C'est l'échange entre la théorie et la pratique, entre la recherche pédagogique et l'exercice dans les classes, mais aussi entre les niveaux de formation qui doit nourrir cette formation. C'est ce qui a été oublié ces dernières années. Les conditions d'entrée dans le métier doivent être améliorées. C'est pourquoi, pour répondre au manque de formation pratique des jeunes enseignants, et avant la refondation d'une véritable formation professionnelle, des mesures d'aménagement de service et des formations spécifiques pour les stagiaires nouvellement recrutés en septembre 2012 seront mises en place.
Dans le cadre de la future loi, nous créerons des écoles supérieures du professorat et de l'éducation qui seront opérationnelles dès 2013. Tous les professeurs, quel que soit le niveau d'enseignement auquel ils se destinent, partageront un moment de formation commun dans ces écoles supérieures. Notre engagement est de développer une logique d'entrée progressive dans le métier d'enseignant et d'éducation par un parcours de professionnalisation. Une personne qui a la vocation d'enseigner doit pouvoir le plus tôt possible être encouragée et soutenue dans cette voie, tant par les bourses de l'enseignement supérieur que par les contrats spécifiques qui seront proposés.


Le Président de la République a clairement dit la priorité qu'il accordait à l'École de la République. C'est une question de moyens, mais aussi de valeurs. Les grandes orientations de la refondation ont été clairement affirmées par les plus hautes autorités de l'État. Il va falloir du temps, du courage, du respect et de la persévérance pour accomplir cette grande tâche que nous devons conduire ensemble dans l'intérêt de la Nation. Mais il convenait d'indiquer déjà qu'un changement a bien eu lieu, qu'une autre orientation et une autre ambition pour l'École seront à l'œuvre dès la prochaine rentrée.



Le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon


La ministre déléguée, chargée de la réussite éducative, George Pau-Langevin

mardi 26 juin 2012


Mobilisation des préfets autour du redressement productif 

Le ministre du redressement productif va nommer dans chaque région de France métropolitaine 22 commissaires au redressement productif.

 

Arnaud Montebourg a réuni le 22 juin 2012 au ministère les 22 préfets de région pour les mobiliser autour de la mission du ministère du redressement productif.
Leur mission sera double :
  • soutenir les entreprises de moins de 400 salariés, qui sont aujourd’hui sans interlocuteur au niveau de l’Etat, dans la résolution de leurs difficultés ;
  • animer une cellule régionale de veille et d'alerte précoce afin d’intervenir en amont et d'aider à une solution viable.

Ce nouveau dispositif doit permettre à l’Etat de gagner en efficacité et en réactivité auprès des entreprises en difficultés. Les commissaires au redressement productif seront placés directement auprès des préfets de région.
Depuis 2009, 900 usines ont fermé et 750 000 emplois industriels ont été perdus en une décennie, soit un emploi industriel sur six.
Le déploiement de ces commissaires dans les territoires doit permettre à l’Etat d’être plus réactif et plus efficace face à l’urgence. Chaque dossier sera étudié de manière pragmatique avec, pour objectif, la construction et la mise en oeuvre de solutions collectives et pérennes.

lundi 25 juin 2012

Zinédine Zidane solidaire


L’ancien N°10 de l'équipe de France, Zinedine Zidane, a qu’il trouvait «logique» que les hauts revenus paient beaucoup d’impôts et se dit favorable au vote des étrangers aux élections locales.

Interrogé sur la proposition de François Hollande pendant la campagne électorale d’imposer à 75% les revenus supérieurs à 1 million d’euros annuels, Zinedine Zidane, qui fêtera ses 40 ans samedi, a répondu : «Je n’ai jamais eu de problèmes avec le fait de payer des impôts, de reverser 50 centimes pour 1 euro gagné. Je ne vis pas en France mais je ne vis pas dans un paradis fiscal. Je vis en Espagne, je paye mes impôts comme tout le monde. Aujourd’hui, avec ce qui se passe, on va demander de l’argent à ceux qui en ont. C’est logique.»

Par ailleurs l’ancien meneur de jeu des Bleus s’est déclaré favorable au droit de vote des étrangers aux élections locales. «On ne va pas faire dix minutes là-dessus mais pour vous répondre clairement : quelqu’un qui contribue, en payant ses impôts, à la vie active du pays a le droit de voter. C’est juste ce que je pense», a-t-il dit.

Zinedine Zidane souligne qu’il entend éviter toute récupération politique : «Si je ne me protège pas, qui va le faire pour moi? s’interroge-t-il. Je ne veux surtout pas servir les intérêts des uns, des autres. Je suis libre. Libre comme l’air. Après, quand je vois un certain M. Le Pen présent au second tour de l'élection présidentielle de 2002... Tout de suite, je me suis mobilisé. Je n’ai pas attendu qu’on vienne me chercher».

dimanche 24 juin 2012


Une Banque publique d'investissement au service de la croissance des PME 


Pierre Moscovici a annoncé lors du Conseil des ministres les contours d'une nouvelle politique de financement des PME, des entreprises de taille intermédiaire et des acteurs de l'économie solidaire. 
La mesure phare de la réforme sera la création d'une Banque publique d'investissement au service des entreprises.
La création d'une Banque publique d'investissement est le premier des soixante engagements du président de la République, pris pour la France, au service de la production, de l'emploi et de la croissance. Dans un contexte de crise économique et d'incertitudes sur le financement des PME, le projet vise "à parer aux risques d'assèchement de certains compartiments du marché du crédit ainsi qu'aux insuffisances de fonds propres qui brident leur croissance", précise un communiqué du ministère des Finances.

Trois missions clés pour un gage de simplicité et d'efficacité

Coiffant différentes entités spécialisées dans le financement des entreprises, la Banque publique d'investissement deviendra le point d'entrée unique pour les financements publics à destination des TPE, des PME, des ETI et des acteurs de l'économie sociale et solidaire.
L'objectif est de simplifier les démarches des entrepreneurs lors de la réalisation de leurs projets de développement et leur accès aux financements, en articulation avec les régions. La nouvelle entité aura pour mission de :
  • pallier les défaillances de marché qui handicapent le financement des entreprises, en particulier des PME ;
  • investir dans le développement des secteurs stratégiques d'avenir, comme la conversion numérique, écologique et énergétique de l'industrie, et l'économie sociale et solidaire ;
  • constituer un levier d'intervention puissant pour le développement des territoires, en lien avec les régions.
C'est sous la houlette du ministère de l'Economie, des Finances et du Commerce extérieur, en association avec le ministère du Redressement productif que s'engagera la concertation avec l'ensemble des parties prenantes pour la mise en place de la banque.
La nouvelle politique de financement de l'économie s'appuiera également sur la réforme de l'épargne réglementée et la réforme du système bancaire.

samedi 23 juin 2012


Discours de François Hollande - RIO+20 - Conférence des Nations Unies sur le développement durable


Je tenais personnellement à venir ici pour cette conférence, au nom de la France. D'abord par ce que c'est un enjeu décisif pour la planète et que la France doit être l'une des nations qui montrent l'exemple.
Je voulais aussi, ici, prendre des engagements pour mon pays, tout en favorisant autant qu'il a été possible la discussion et la négociation dans la déclaration finale.
Je voulais aussi tenir un langage de vérité et de volonté. Vérité d'abord sur les résultats, tels que nous pouvons les imaginer aujourd'hui, de notre conférence.
Il y a eu des avancées.
J'en vois cinq : d'abord une feuille de route pour les objectifs du développement durable. Ensuite un renforcement de ce Programme auquel nous tenons tant des Nations Unies pour l'environnement. Il y a eu un appel à travailler à un accord sur la préservation des océans. Un débat s'est engagé sur l'économie verte. Et il y a eu un accent qui a été mis sur le social et sur la lutte contre la pauvreté. Ce sont des résultats appréciables !
Ils tiennent pour beaucoup à la capacité qui a été la nôtre de trouver des compromis mais aussi à la mobilisation de la société civile que je salue. Sans elle, nous n'aurions pas la prise de conscience que nous connaissons aujourd'hui. Et la stimulation, l'incitation pour aller plus loin.
Mais puisque je suis venu tenir un langage de vérité, je dois vous dire que ces résultats, aussi appréciables soient-ils, sont en dessous de nos responsabilités et de nos attentes.
Je regrette d'abord que nous n'ayons pas abouti à la création d'une Agence spécialisée des Nations Unies sur l'environnement. C'est un projet auquel la France est très attachée. Parce que c'est la condition du multilatéralisme, parce que c'est la meilleure façon de pouvoir mettre tous les sujets dans la même organisation et de les traiter en même temps et dans le même lieu, et enfin parce que cette agence pourrait se situer à Nairobi, en Afrique, et l'Afrique doit avoir la confirmation de son rôle dans le monde.
Je regrette également que la proposition d'instaurer des financements innovants, même si le communiqué final en fait mention, n'ait pas trouvé de traduction concrète. Ces financements sont indispensables. Chacun connait ici la situation budgétaire de bon nombre de nos pays et notamment parmi les plus développés. Et donc si nous n'ajoutons pas des financements aux aides qui sont aujourd'hui prévues, nous ne pourrons pas atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. La France reste donc déterminée à instituer avec les Etats qui le voudront, avec les Européens, avec d'autres, une taxe sur les transactions financières.
Et je prends l'engagement que si cette taxe est créée, une partie de ces revenus sera affectée au développement.

Langage de vérité parce que les urgences sont là, parce que les émissions de gaz à effet de serre n'ont cessé d'augmenter jusqu'à atteindre en 2011 un record ; parce que les océans se sont acidifiés et appauvris ; parce que la biodiversité s'est effondrée ; parce que l'urbanisation progresse partout et parfois réduit à la misère des millions d'hommes et de femmes qui s'entassent aux portes des grandes villes ; parce que les inégalités se sont creusées dans les pays riches, mais aussi entre les pays développés et les autres. Donc nous avons besoin d'un sursaut, ici à Rio nous en avons pris conscience.

Mais nous avons une nouvelle frontière à franchir. 
Il y a d'abord des changements à conduire pour permettre l'accès de tous à l'eau, à l'énergie et je salue le programme qui a été mené pour atteindre cet objectif, parce que nous devons assurer la sécurité alimentaire, parce que nous devons éviter que les terres arables, les terres cultivables disparaissent progressivement ou soient achetées au détriment de l'indépendance alimentaire, parce que nous devons conduire la transition énergétique, diversifier les sources d'énergie. Voilà l'agenda qui doit être le nôtre.
Par rapport à cette grande cause, prenons plusieurs engagements.
D'abord, personne ne peut gagner seul contre les autres la grande bataille pour l'environnement. Ou nous la gagnons ensemble, ou nous la perdrons ensemble.
Le second engagement, c'est de ne pas opposer le nord et le sud, non pas que nous n'ayons pas sur certains sujets des positions différentes, mais le développement durable, c'est une cause planétaire, c'est une question vitale pour le monde entier et il n'y a pas les uns contre les autres, il y a tous ensemble.
Et puis le dernier engagement, c'est de considérer que dans la crise que nous traversons, il n'y a pas que la crise financière, il n'y a pas que la crise économique, il y a aussi la crise écologique. Et pour sortir de la crise, nous avons besoin de plus de priorités données à l'environnement et au développement. Nous lutterons contre la crise avec tous les moyens de la régulation.

Enfin, le développement durable n'est pas une contrainte. C'est un levier. 
Ce n'est pas non plus un outil de protection pour les plus favorisés contre les autres mais de promotion d'une conception de l'humanité.

Voilà pourquoi, je voulais venir ici à Rio, vous donner la position de la France, les engagements de la France, la conception de la France. Je viens de prendre les responsabilités de mon pays. 
Je suis au début de mon mandat. 
J'inscris le développement, l'environnement, la lutte contre la pauvreté comme grandes priorités de mon quinquennat.
Pour un responsable public, et nous le sommes tous à des niveaux différents ici, il y a plusieurs façons d'être utile. Etre utile, ce n'est pas simplement servir les intérêts de son pays, ce n'est pas simplement porter les préoccupations de son continent, ce n'est pas non plus défendre seulement le présent, l'urgent, l'immédiat. Etre un responsable public utile, c'est d'être capable de parler au nom de la planète et de préparer l'avenir.
Nous sommes tous conscients ici, et je ne vous apprendrai rien, que nous sommes mortels mais notre dignité d'hommes et de femmes, notre condition d'être humain, c'est de permettre à d'autres de vivre après nous et mieux que nous. Tel est le sens de ma présence ici.
Merci.

vendredi 22 juin 2012


Rio + 20 : 1992 – 2012 : 20 ans après le premier sommet de la Terre, que se passe t-il ?        par Ségolène ROYAL


1992, 1er Sommet de la Terre à Rio : un espoir se levait. 2012, il ne faut rien lâcher

C'était il y a vingt ans et je participais comme Ministre de l'Environnement, aux côtés de François Mitterrand qui avait ardemment voulu ce premier Sommet de la Terre, aux négociations entre les pays du monde pour protéger la planète.

En ce mois de juin 1992, à Rio, une prise de conscience planétaire s'affirmait et un espoir se levait : celui d'une humanité prenant la mesure des dégâts écologiques insoutenables d'un modèle de production prédateur et capable de faire prévaloir, sur les égoïsmes à court terme, la vision partagée d'un essor économique écologiquement responsable, fondé sur une nouvelle solidarité entre le Nord et le Sud.

Je me souviens de l'appel du Président français à une mobilisation mondiale et à ce qu'il appelait « une obligation d'assistance mutuelle écologique », ouvrant la voie à un « nouvel ordre international » juste, où les pays les plus développés, comme on disait à l'époque, assumeraient leur responsabilité historique et où les autres assumeraient aussi la leur mais en fonction de leurs moyens et gagneraient du temps en ne reproduisant pas les mêmes erreurs.

Le mur de Berlin était tombé trois ans plus tôt et tout semblait possible.
La France, très activement impliquée dans ce Sommet fondateur, défendait l'impérieuse obligation d'une nouvelle alliance entre les pays riches et pauvres.

Bien sûr, toutes les divisions et tous les désaccords, toutes les suspicions et toutes les résistances n'avaient pas été magiquement surmontés mais des décisions importantes et prometteuses avaient alors été prises.
154 pays avaient signé la Convention sur la diversité biologique, pour la protection des espèces et des espaces vulnérables.

La Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique avait été adoptée, traçant le but d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La Déclaration sur la forêt reconnaissait sa valeur irremplaçable pour l'environnement mondial et un accord prévoyait une convention sur la désertification.

L'Agenda 21, né à cette occasion, fixait des objectifs et des règles, déclinables dans chaque pays et chaque territoire.
La création d'une Commission du développement durable semblait pouvoir être un premier pas vers une autorité mondiale veillant au respect des engagements pris, que la France, déjà, appelait de ses vœux.

La Charte de la Terre énonçait 27 principes fondamentaux pour la sauvegarde de notre biosphère, parmi lesquels l'égalité d'accès aux ressources planétaires, la nécessaire liaison du développement humain et de la préservation de l'environnement, la règle « pollueur = payeur », l'importance de la transparence démocratique.

Je me souviens d'avoir défendu à Rio le besoin d'une Convention mondiale sur l'eau, ressource vitale mais ressource rare et polluée. Et de ce chiffre atroce : 25 millions d'enfants mourant chaque année d'avoir bu de l'eau non potable. De nos jours, 34.000 personnes en meurent encore chaque jour, dont 5.000 enfants.

20 ans ont passé et beaucoup de choses ont changé.

Premier changement : la prise de conscience est aujourd'hui mondiale

Cette prise de conscience est largement partagée par les gouvernants et par les citoyens. Les lobbies climatosceptiques, pétroliers et autres ont beau faire : les dangers des ravages écologiques sont connus, les rapports scientifiques sérieux abondent et leurs conclusions alimentent le débat public.
Nul pays, même parmi les plus rétifs aux engagements internationaux contraignants, ne songe à les nier. Beaucoup, d'ailleurs, tout en freinant l'adoption de régulations multilatérales, mettent en place des politiques souvent volontaristes de lutte contre les pollutions et de développement des énergies renouvelables (même si les énergies propres sont encore loin de se substituer aux énergies fossiles et s'il s'agit, dès lors, plus d'une « addition » que d'une « transition » écologique d'un modèle vers un autre).

Les citoyens, eux aussi, perçoivent très bien que ça ne peut plus continuer comme avant.

Tout particulièrement les jeunes générations, très sensibles à la menace climatique, aux conséquences des pollutions multiples issues de l'activité humaine et au gaspillage des ressources de la planète, a fortiori quand domine la recherche exclusive du profit à tout prix.
Mais les citoyens ne veulent pas d'une écologie punitive, d'une écologie qui alourdisse de contraintes supplémentaires les difficultés d'une vie déjà pas facile.

Cela vaut au Nord comme au Sud.
L'écologie à laquelle ils adhèrent doit être porteuse d'emplois nouveaux, de pouvoir d'achat, de sécurités alimentaire, sanitaire, énergétique et sociale, de bien-être quotidien accessible à tous. Ce qu'ils plébiscitent, c'est une social-écologie qui soit un moteur de progrès pour chacun.

Deuxième changement : une diplomatie planétaire qui s'enracine malgré tout

Bien sûr, au regard de l'urgence écologique et de l'accélération de la dégradation de notre environnement, la mobilisation mondiale semble encore trop lente, trop hésitante, trop entravée de soupçons, de concurrences et de querelles qui font obstacle aux coopérations nécessaires.
Bien sûr, les actes sont loin d'avoir toujours suivi les paroles et l'actuel Sommet de Rio semble ne pas devoir inverser la tendance.
Bien sûr, le bilan de ces vingt dernières années doit être regardé lucidement.
Les émissions annuelles de CO² ont augmenté de 38% en deux décennies et l'objectif de limitation du réchauffement climatique à 2° semble hors de portée sans efforts supplémentaires significatifs.
Malgré de nombreuses mesures protectrices, l'érosion de la bio-diversité n'est pas enrayée et 13 millions d'hectares de forêt sont détruits chaque année.
La perturbation du cycle de l'azote continue d'impacter négativement la fertilité des sols et des mers, les « zones mortes » dues aux rejets de polluants agricoles et industriels se multiplient, les ressources halieutiques s'épuisent.
Dans plusieurs domaines que pointait déjà, en 1987, le rapport Bruntland (qui a popularisé la notion de « développement durable »), les seuils d'alerte sont aujourd'hui atteints.
Le risque, indique le rapport remis en janvier dernier au Secrétaire général de l'ONU, est de condamner à la pauvreté 3 milliards de personnes, soit trois fois plus qu'aujourd'hui, car l'irresponsabilité écologique, c'est aussi plus de misère.
Moins du tiers des Etats ont signé les principaux accords multilatéraux relatifs à l'environnement.
Et les sommets de ces dernières années se sont révélés bien décevants.
J'étais à celui de Copenhague, en 2009, au titre des actions conduites par la Région Poitou-Charentes, et j'ai vu les espoirs soulevés par cette rencontre se briser sur la résistance conjointe des Etats-Unis et de la Chine, les deux plus gros pollueurs mondiaux.
Ni Cancun, en 2010, à l'occasion duquel j'avais adressé au Climate Group un document de travail pour des politiques écologistes volontaristes, clefs d'une sortie de crise par le haut, ni Durban, un an plus tard, n'ont apporté de réponses à la hauteur de l'enjeu climatique.
Et pourtant, ces négociations internationales qui semblent souvent s'enliser ou ne progresser qu'à très petits pas sont un acquis majeur qui a légitimé l'idée qu'à des problèmes mondiaux, il faut aussi des réponses mondiales.
Elles ont permis des avancées importantes comme la signature du Protocole de Kyoto, auquel il faut aujourd'hui trouver un relais.
Des règles nouvelles ont été édictées et certaines ont fait la preuve de leur efficacité comme l'accord de Montréal, en 2007, sur l'élimination des hydrochlorofluorocarbones, si destructeurs de la couche d'ozone.
Une chose est sûre : la question aujourd'hui n'est plus de savoir s'il faut agir mais comment agir efficacement ensemble dans un monde qui se transforme à vive allure. C'est pourquoi, si la question des objectifs est essentielle, celle des moyens et des outils communs, financiers et organisationnels, ne l'est pas moins. A Rio, cette année, elle devait être centrale car c'est la condition pour passer, plus qu'hier, des paroles aux actes. Il semble malheureusement que l'occasion ne sera pas saisie.

Troisième changement : l'affirmation de la dimension économique de la mobilisation écologique
Jamais nos raisons d'agir ensemble n'ont été aussi fortes, jamais la nécessité de changer de paradigme n'est apparue si manifeste mais aussi, sur fond de crise pour les uns et d'aspiration légitime à un développement émancipé des anciennes tutelles pour les autres, la tentation de différer des réponses communes à la dégradation de notre
biosphère commune.
C'est pourquoi, plus encore qu'il y a vingt ans, efficacité écologique, efficacité économique et efficacité sociale doivent impérativement aller de pair.
C'est pourquoi, également, il est important de montrer que le laisser-faire écologique n'est pas seulement un héritage empoisonné pour les générations futures mais, ici et maintenant, un facteur de pauvreté, de précarité, d'insécurités et l'option financièrement la plus coûteuse.
En 2006, le rapport Stern chiffrait le coût du changement climatique : 5% du PIB mondial (soit, sur dix ans, 5.500 milliards d'euros) et celui d'une politique résolue de réduction des émissions de gaz à effet de serre : 1% du PIB mondial (soit, sur dix ans, près de 275 milliards d'euros et l'équivalent... des dépenses de publicité mondiales), aisément récupérable par l'engagement de nos économies dans une croissance verte créatrice d'activités nouvelles, de richesses et d'emplois. Même au regard de l'utilitarisme rationnel, l'investissement écologique, ça rapporte !
Rappeler inlassablement cette évidence est tout autre chose que d'ouvrir la porte, sous le label fourre-tout d' « économie verte », à la monétarisation de la nature, à la marchandisation du vivant et à la main mise des intérêts privés sur ces biens communs que sont l'air ou l'eau.
Les ONG réunies en ce moment au Sommet des Peuples dénoncent à juste titre les dangers d'un verdissement superficiel des lois du marché au détriment des régulations garantes de l'intérêt général.
A l'inverse du discours des multinationales, elles montrent comment la privatisation contribue à creuser les inégalités d'accès au service de l'eau.
Elles donnent aussi l'exemple de la transformation du CO² en actif financier et des marchés carbone dont, au bout du compte, les spéculateurs et les pollueurs ont davantage profité que le climat.
Elles montrent les limites des compensations « volontaires » aux dégradations infligées à l'environnement, façon commode, pour les lobbies qui hantent les cénacles onusiens, d'éviter une législation sociale et environnementale contraignante.
La croissance verte telle que je la conçois et telle que nous la mettons en pratique en Poitou-Charentes est tout autre chose.
Elle suppose, bien sûr, un engagement actif des entreprises dans la conversion écologique de notre économie et le développement d'industries écologiques innovantes mais dans un cadre dont il revient à la puissance publique de fixer les règles au nom de l'intérêt bien compris de tous.
Car la nouvelle frontière verte ne saurait être un nouveau Far West : il s'agit de hâter l'avènement d'un nouveau modèle de développement économique, écologique et social, plus efficace, plus durable et plus juste.
Certains parlent de croissance verte « inclusive » ou d'économie « verte et solidaire », peu importent les mots dès lors que l'ambition ne se borne pas à teinter de vert un capitalisme financiarisé inchangé sur le fond et socialement destructeur.
Les pays émergents, Brésil en tête, se méfient eux aussi du vocable « économie verte » mais pour d'autres raisons : ils y voient une ruse des pays occidentaux pour entraver leur libre développement, reprendre la main en vendant leurs technologies vertes et déguiser leurs tentations protectionnistes.
Au-delà des considérations terminologiques, c'est là un des points durs sur lesquels achoppent depuis déjà plusieurs années les négociations multilatérales.
Et cela d'autant plus que les rapports de forces ont profondément évolué, que le souvenir des ajustements structurels et des arrogances d'antan reste vif dans des pays désormais fiers de leur essor et décidés à maîtriser souverainement leur destin.
Cette affirmation sur la scène internationale des pays dits « émergents » est une donnée radicalement nouvelle par rapport au premier Sommet de la Terre et met en évidence à quel point le multilatéralisme écologique a besoin d'une plus juste réciprocité des échanges.
L'enjeu est de taille car tous, pays affaiblis par la crise ou pays affamés de développement, nous avons autant besoin d'une croissance solide, affranchie de modèles insoutenables et capable de réduire les inégalités, dans nos pays et entre eux.
L'autre dimension problématique des relations entre économie et écologie, c'est la crise financière et budgétaire, avec ses conséquences économiques et sociales, sous l'impact de laquelle nombre de gouvernements révisent à la baisse leurs ambitions écologiques.
Le Président Obama croit aux énergies renouvelables mais les Etats-Unis mettent le paquet sur les énergies fossiles avec les gaz et les pétroles de schiste.
L'Espagne avait misé gros sur les énergies renouvelables et la réduction de son extrême dépendance énergétique mais elle leur coupe aujourd'hui les vivres et le tiers des emplois du secteur est en train de disparaître.
Quant au Canada, la droite conservatrice au pouvoir y enterre définitivement le Protocole de Kyoto.
Ces régressions sont des impasses.
En signifiant la préférence court-termiste du chacun pour soi, elles ne facilitent pas les négociations internationales.
C'est pourtant là un contre-sens majeur sur la crise globale qui frappe les pays développés et inquiète tous les autres ainsi que sur les moyens d'en sortir.
Car les crises sont des opportunités historiques à saisir pour se déprendre des vieux modèles à bout de souffle et faire le choix de solutions d'avenir.
C'est pourquoi le Président français a raison de défendre à Rio la nécessité d'un nouveau modèle de développement, de vouloir pour la France une transition écologique réussie (ce sera l'objet de la conférence environnementale de juillet prochain), condition de notre redressement productif, et d'engager nos partenaires européens à s'investir dans le grand chantier d'une Europe de l'énergie en mettant en
place des politiques communes volontaristes et pourvoyeuses d'une nouvelle croissance.
Exemplaires chez elles et visionnaires pour notre monde commun, la France et l'Europe y gagneront un pouvoir d'entraînement accru dans les enceintes internationales où doivent s'élaborer les accords mettant en actes cette « responsabilité commune et proportionnée » proclamée il y a vingt ans.

Quatrième changement : les collectivités territoriales prouvent concrètement qu'il est possible d'agir

La destruction de notre environnement n'est pas une fatalité qui s'abattrait sur une humanité impuissante et condamnée à subir. C'est une question de volonté politique.
En Poitou-Charentes, cela fait déjà plusieurs années que nous avons pris le parti d'une excellence environnementale qui est notre règle dans tous les domaines de l'intervention régionale.
Nous nous sommes fixés, à l'horizon 2020, des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre plus ambitieux que ceux retenus par l'Europe. Nous avons construit le premier lycée « zéro énergie fossile ». Nous soutenons le développement des industries écologiques avec notamment la création d'un pôle de compétitivité qui rassemble aujourd'hui un millier d'entreprises et de laboratoires de recherche. Nous soutenons également le développement des énergies renouvelables et l'industrie photovoltaïque, particulièrement malmenée par le précédent gouvernement, la voiture électrique, les biomatériaux, l'éco-construction, les formations aux métiers verts et bien d'autres choses encore car là sont, dans le monde d'aujourd'hui, les gisements de croissance, d'emplois et d'amélioration de la qualité de la vie.
J'ajoute que nous agissons conjointement sur l'offre et la demande, pour sécuriser les nouveaux débouchés sont les entreprises innovantes ont besoin et pour que la barrière de l'argent ne soit pas, pour les ménages, un obstacle au droit à un environnement sain.
J'ajoute aussi que les actions de coopération décentralisée que nous conduisons avec des régions partenaires au Sénégal, au Viet Nam, en Inde, à Haïti et au Québec sont, elles aussi, fondées sur la diffusion des énergies renouvelables, solaire et éolienne en particulier, sur l'exploitation durable des ressources forestières, sur l'écotourisme et sur l'utilisation de technologies agro-environnementales.
Ces programmes, nous les avons bâtis ensemble, en partant des besoins sur le terrain et en associant les populations aux décisions qui les concernent.
J'en tire la conviction renforcée que, du Nord au Sud, une mobilisation écologique commune, au service du développement humain, est possible dès lors qu'elle repose sur des relations égalitaires et la mise en commun de nos savoir-faire.
Penser globalement et agir localement, c'est ce que font de par le monde de très nombreuses collectivités locales.
D'après l'ONU, 50 à 80% des actions publiques contre le changement climatique sont le fait des Régions.
A Rio, les villes et les collectivités territoriales sont fortement représentées : elles témoignent que la révolution social-écologique est en marche quand bien même les Etats tardent.
Seules, elle ne peuvent pas tout mais elles peuvent beaucoup et préfigurent avec des résultats probants ce qui doit devenir possible à l'échelle du monde.
Qu'attendre de Rio + 20 ?

Chacun le sait : les conditions d'un franc succès et d'avancées majeures ne sont pas réunies.
J'espère pourtant que ce 2ème Sommet de la Terre, voulu jadis par le Président Lula, débouchera sur des résultats tangibles. C'est pourtant loin d'être sûr.
La France, pour sa part, y défend trois objectifs :

- l'accès universel aux énergies renouvelables, pour lequel des engagements doivent être pris ;
- la souveraineté alimentaire qui passe par une agriculture durable et par la préservation des terres arables contre leur accaparement par des Etats étrangers et des multinationales qui les exploitent à leur seul profit ;
- le soutien à la croissance verte, dont l'économie sociale et solidaire est partie prenante, pour que le développement durable soit, sous toutes les latitudes, facteur d'essor économique, de justice sociale et d'équilibre des territoires.
Elle y défend aussi la création d'un indicateur remplaçant le PIB, qui intègre l'efficacité environnementale et sociale à la mesure du progrès de nos sociétés, la mise en place de financements innovants car l'émergence d'un nouveau modèle suppose des investissements d'avenir.
Les Etats les plus anciennement industrialisés ne peuvent se défausser de leur responsabilité historique et de leur « dette écologique ».
De précédents sommets ont créé des fonds qui ne sont toujours pas ou
insuffisamment abondés : je crois que ce manquement à la parole donnée alimente une méfiance peu propice aux compromis à construire.
A Rio, la France et l'Union européenne défendent une nouvelle fois la nécessité de mettre en place une Organisation mondiale de l'Environnement, comme il existe un Organisation mondiale du commerce ou une Organisation internationale du travail, c'est à dire une Agence spécialisée de l'ONU qui dépasse les limites de l'actuel Programme national des Nations unies pour l'environnement, le PNUE, créé en 1972 lors de la Conférence de Stockholm, doté de faibles moyens financiers et qui ne regroupe dans son conseil d'administration qu'une cinquantaine de pays.
Il nous faut aujourd'hui une organisation plus puissante, capable d'assurer le suivi des décisions prises, de mobiliser les énergies et de préparer les négociations à venir.
En établissant son siège à Nairobi, cette Organisation mondiale de l'environnement témoignerait aussi du rôle de l'Afrique au regard des enjeux environnementaux et de l'importance d'une mobilisation écologique qui fasse réellement reculer la pauvreté.
Mais ne nous voilons pas la face : le texte mis au point sous la férule du Brésil juste avant l'ouverture du Sommet de Rio + 20 est indigent et décevant. Il se borne, en matière de gouvernance, à un « renforcement » fort imprécis du PNUE, sans même évoquer la perspective d'une Organisation mondiale de l'environnement.
Il est d'une grande discrétion sur la question des financements nécessaires pour promouvoir dans les pays pauvres une économie sobre en carbone et moins dévoratrice des ressources naturelles.

Il semble, à ce stade, que le texte final n'acte, pour l'essentiel, que deux bonnes nouvelles :
- l'adoption des Objectifs du Développement Durable qui succèderont en 2015
- aux Objectifs du Millénaire qui exclusivement tournés vers les pays pauvres (et
- n'ont obtenu que des résultats mitigés) ;
- la prise en compte de la question des océans et de la biodiversité en haute-mer.
L'acidification des mers, véritables puits de carbone, les ravages de la surpêche et la destruction massive des stocks de poissons n'avaient jusqu'à présent donné lieu qu'à l'adoption, il y a une trentaine d'années, d'un Convention sur le droit à la mer qui ne protège que les zones côtières et laissait un vide juridique total sur 70% de la surface maritime. L'opposition des Etats-Unis, du Japon, de la Russie, de l'Islande et de la Norvège ne l'a pas emporté face au front commun de l'Europe et des pays pauvres du G77.
A Copenhague, le Président Lula avait créé la surprise en prenant pour son pays des engagements volontaristes et exemplaires.
A Rio cette année, nombre de chefs d'Etat et de gouvernement sont absents (notamment Barak Obama, Angela Merkel, David Cameron).
François Hollande est le seul Président d'un grand pays développé à participer au Sommet, si l'on excepte le Brésil, puissance accueillante.
« L'heure n'est plus aux querelles de clocher » disait il y a un mois M. Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Onu. Il ajoutait : « le moment est venu pour les dirigeants et les peuples du monde de s'unir autour d'un objectif commun pour façonner l'avenir que nous voulons ».
Il y a tout lieu de craindre que le Sommet de Rio ne le permette pas.
La hantise de la crise, au lieu de pousser à l'audace et aux solidarités nécessaires pour en sortir par le haut, semble avoir nourri des frilosités dont l'Union européenne s'honore de ne pas être satisfaite.
L'ambition d'ouvrir un nouveau cycle de négociations dans la perspective d'un accord global, en construisant pour ce faire une méthode et un calendrier, semble avoir été remisée.
Sauf coup de théâtre, ce n'est pas une bonne nouvelle pour le monde.
Mais ce doit être, pour nous en France et en Europe, une raison de plus de pratiquer hardiment une politique par la preuve qui nous arme face à la crise globale qui malmène nos pays alors que le levier du développement durable est une chance à saisir.

Ségolène Royal
compteur de visites - adresse ip