mardi 22 juin 2010

Le danger des politiques aveugles de rigueur par Ségolène Royal

Je veux souligner la pertinence de la position de Barack Obama concernant les risques que fait courir la rigueur budgétaire.

Dans une lettre adressée aux chefs d'Etats et de gouvernements du G20, le Président américain appelle les pays du G20 à agir ensemble pour renforcer la reprise, à l'encadrement très strict du secteur financier et à lui « faire payer les dommages qu'il peut causer ».

Je souhaite que les pays européens et les institutions internationales écoutent avec attention ce point de vue du Président Obama qui rejoint celui de l'Organisation Internationale du Travail ainsi que les prises de position de plus en plus nombreuses d'économistes dont certains révisent d'ailleurs leur doctrine à la lumière de la persistance des dérives de l'économie financière.

La brutalité des plans de rigueur en train de se mettre en œuvre partout en Europe, y compris en France, loin d’éloigner le risque du sur-endettement, va au contraire le rendre encore plus dangereux.

Le monde, et particulièrement l’Europe en retard de croissance, a besoin aujourd'hui de manière urgente de règles du jeu qui mettent la finance au service de l'économie et l'économie au service de la croissance créatrice d'activités et d'emplois.

Les politiques de rigueur aveugles sont un contresens économique qui peuvent déboucher sur une récession comme celle des années 30.

Au Congrès de l'Internationale socialiste, je mettrai l'accent sur ce risque et sur les 6 clefs nécessaires selon moi à la construction d'un autre monde :

1) Faire de l'efficacité économique et de la justice sociale un couple inséparable : les politiques aveugles de rigueur deviennent un danger. Elles creusent les inégalités et entraînent un recul du pouvoir d'achat, et donc conduisent à la récession. Une autre voie est possible

2) Réhabiliter le rôle de la puissance publique : l'Etat n'est pas le problème mais une partie de la solution. C'est à la volonté politique de reprendre la main pour en finir avec les désordres de la finance mondialisée. Ce n'est pas d'Etat brancardier mais d'Etat anticipateur, porteur d'une vision à long terme de l'intérêt général, que les pays malmenés par la crise ont impérativement besoin pour s'en sortir et surtout ne pas y retomber

3) Accélérer la croissance verte et la sociale-écologie qui constitue le gisement d'emplois et de qualité de vie de demain

4) Définir et protéger nos biens publics mondiaux : La privatisation effrénée des services publics et la marchandisation de tous les domaines de l'existence n'ont eu nulle part les effets vertueux que promettaient leurs partisans

5) La démocratie comme condition de l'efficacité politique : Nos peuples aspirent à autre chose que ces décisions prises sans eux et du coup mal pensées, mal appliquées, parfois brutales et toujours verticales. Nous devons, nous socialistes, tirer lucidement les leçons de ce qui ne marche plus et aussi comprendre de quelles frustrations se nourrissent les succès des partis qui s'affichent comme anti-système, alternative aux partis traditionnels et à l'écoute des aspirations populaires

6) Contre la violence des marchés et les hégémonies dépassées : construire un ordre juste à plusieurs voix.

Ségolène Royal
Vice-Présidente de l'Internationale socialiste

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