Discours de François Hollande à Châlons-en-Champagne
Je veux d'abord vous remercier pour l'accueil qui m'est fait. Certes
j'avais pris mes habitudes, c'est la troisième fois en effet que je viens ici à
la foire de Chalons, mais, cette fois-ci, je viens comme président de la
République.
J'en avais fait la promesse, ce n'était pas la plus difficile à tenir. Mais
ma présence est aussi un symbole, c'est-à-dire d'abord de reconnaître ce qui est
fait sur ce territoire et d'être accueilli, rendez-vous compte, au Capitole,
rien que cela, et dans un nouveau parc d'expositions c'est une rencontre qui
devait avoir lieu.
Je suis aussi attentif, savoir qui seront les prochains invités à la foire de
Chalons puisque comme candidat j'y ai été reçu 2 fois, ça m'a conduit là où vous
savez, j'aurai donc un œil particulièrement rivé sur les prochaines
inaugurations de la foire.
Mais je suis ici aussi et surtout pour reconnaître ce qui se fait en
Champagne Ardennes, deuxième région agroalimentaire de France, connue pour sa
production de betteraves de sucre, de légumes, produits laitiers de Champagne
bien sûr, c'est un atout considérable pour la France. J'ai entendu le message
qui m'a été adressé par rapport d'abord à l'inscription au patrimoine mondial de
l'UNESCO. Je soutiendrai ce projet. Mais aussi sur le rétablissement des droits
de plantation et, d'ores et déjà, le ministre de l'Agriculture, avec un certain
nombre de ses collègues, a engagé la démarche pour que de nouveau soient
organisés ces droits de plantation.
Vous êtes aussi une grande région industrielle, avec une production reconnue,
celle de la fonte, avec des pôles de compétitivité, notamment dans l'économie
verte, première région éolienne, avec aussi des innovations considérables en
matière de méthanisation, un pôle de compétitivité sur les matériaux innovants,
vous êtes l'une des régions les plus exportatrices, voilà le sens de ma présence
parmi vous, adresser à ce territoire effectivement un message de confiance.
Et pourtant, votre région souffre, rencontre des difficultés et les salariés
m'en ont parlé tout au long de cette visite de stand en stand. Beaucoup m'ont
exprimé à la fois leur attente, leur espérance et parfois même leur colère :
ceux qui ne sont pas payés depuis des mois, comme à Sodi Medical, et qui
attendent tout simplement l'exécution de décisions de justice ; ceux qui
craignent pour leur emploi, notamment dans le groupe GHM ; et puis aussi celles
et ceux qui expriment leur frustration par rapport à des attentes accumulées en
termes de pouvoir d'achat. Oui, j'ai entendu aussi les PME, les artisans qui se
battent chaque jour, qui font front dans un contexte difficile et qui demandent
un soutien et surtout une liberté pour que leurs efforts ne soient pas entravés.
J'ai entendu les élus, de toutes sensibilités, me dire combien ils étaient à la
fois prêts à se mobiliser et en même temps inquiets sur leur possibilité
d'accéder au financement.
Alors mon devoir, c'est de dire la vérité aux Français. Nous sommes devant
une crise d'une gravité exceptionnelle, une crise longue, qui dure depuis
maintenant plus de 4 ans et aucune des grandes puissances économiques, même les
émergentes, n'est désormais épargnée, la croissance ralentit partout et les prix
des matières premières, les céréales, augmentent pour des raisons aussi bien
climatiques que spéculatives, mais aussi le pétrole avec ses conséquences sur le
prix des carburants, tout cela complique encore la donne et la reprise. L'Europe
est la plus touchée, la récession s'y est installée, les plans d'austérité
s'additionnent, sans d'ailleurs que la confiance ne revienne, et c'est pourquoi,
les principales décisions sont attendues maintenant dans la zone euro. Elles ont
été trop longtemps différées ou reportées, ou annoncées comme devant enfin
conclure un processus quand il n'y avait finalement qu'une étape de franchie. Je
veux que soit rétablie la croissance et la stabilité en Europe, j'y travaille.
Mais il y a aussi la vérité sur la situation de la France, quelle est-elle ?
Un endettement public qui s'est accumulé depuis trop longtemps, une
compétitivité dégradée, 70 milliards de déficit de notre balance commerciale,
c'est un record historique, une croissance qui s'est étouffée et même arrêtée
depuis le début de l'année, ce qui explique que le chômage augmente depuis 15
mois consécutivement. Je ne reviendrai pas sur les responsabilités d'hier ou
d'avant-hier, j'ai pris la situation de la France en toute connaissance de
cause, telle qu'elle est et les Français ont tranché. Je n'ai rien ignoré de la
réalité, il ne s'agit plus de juger le passé mais d'agir dès aujourd'hui pour
préparer l'avenir. Ma mission de président de la République c'est de conduire
notre pays pour qu'il fasse des choix dans le bon ordre, dans le bon rythme et
dans la bonne direction, et c'est au gouvernement, sous l'autorité de Jean-Marc
AYRAULT, de mettre en œuvre ces orientations.
Il y a d'abord l'urgence. L'urgence, c'est l'emploi, d'abord celui des jeunes
les plus éloignés du marché du travail, c'est l'ambition des Emplois d'avenir
qui sont en priorité orientés vers le secteur qu'on appelle non marchand (les
associations, les coopératives, les mutuelles, les élus) mais aussi une part
vers le secteur privé. J'ai considéré que ce dispositif devait être engagé sans
attendre. J'ai donc convoqué une session extraordinaire du Parlement pour
permettre que le texte puisse être adopté d'ici la fin du mois.
Dès le début du mois d'octobre seront signées les premières conventions pour
l'embauche de jeunes sans qualification qui sont massivement frappés par le
chômage dans les quartiers ou dans des zones rurales éloignées de l'emploi, un
volet « formation » sera prévu. Ce changement traduit autant une volonté qu'un
engagement, parce que mon pari c'est que, si la confiance revient dans la
jeunesse, c'est la confiance dans le pays qui, de nouveau, sera confortée.
C'est aussi l'esprit du Contrat de génération qui sera présenté dans les
jours qui viennent aux partenaires sociaux et dont le but est d'associer les
âges au lieu de les opposer, en permettant aux plus anciens dans les entreprises
d'accueillir, d'accompagner, de parrainer les jeunes. Ce dispositif, là encore,
permettra de réduire la précarité des moins de 25 ans qui n'en peuvent plus
d'attendre mais aussi, de maintenir dans l'emploi les plus de 50 ans que dans
certaines entreprises, un certain nombre voudrait voir partir. Eh bien non,
c'est l'un des gâchis les plus insupportables que l'on vit aujourd'hui, cette
mise à l'écart des 2 extrêmes de la pyramide des âges, les jeunes et les seniors. Je
sais que les entreprises, les grandes comme les petites, sont prêtes à se saisir
de cette belle idée pour l'adapter à la réalité des situations professionnelles
ou sectorielles, c'est le but de la négociation qui va s'engager.
Agir pour l'emploi, c'est aussi anticiper les restructurations, les
mobilités, les changements, qui, hélas ou heureusement, sont indispensables ;
c'est ne pas subir les plans sociaux mais les prévenir ; c'est accompagner les
mutations économiques, développer la formation professionnelle, préférer
l'activité partielle au chômage. Cet objectif requiert une refonte de nos
procédures afin bien sûr, de prévenir et de sanctionner les licenciements
abusifs mais aussi, d'en finir avec l'accumulation des délais qui placent les
salariés et les entreprises dans des situations de grande instabilité. Il
importe aussi de veiller à réduire la précarité excessive du marché du travail.
Le gouvernement proposera donc aux partenaires sociaux, là encore, d'engager dès
le mois prochain sur ce sujet décisif une négociation sur la base d'un document
d'orientation qui leur sera présenté le 10 septembre. Compte tenu de la nette
dégradation de la situation de l'emploi, je suis sûr que les employeurs et les
représentants des salariés et les grandes confédérations syndicales
rechercheront ensemble les solutions les plus équilibrées.
Il y a aussi pour l'emploi, l'enjeu de la formation professionnelle. Elle
doit être utilisée pleinement dans l'éducation nationale, dans l'apprentissage.
Je rappelle qu'il y a encore des métiers où notre économie souffre d'un manque
de main d'œuvre qualifiée ; il y a aussi des entreprises qui ne donnent pas
pleinement leur mesure à la formation de leurs salariés alors que c'est un
véritable investissement, j'entends que tous les acteurs soient désormais
mobilisés sur cet objectif. Il conviendra de clarifier les rôles de chacun, ce
qui relève des partenaires sociaux pour améliorer le niveau de qualification des
salariés, ce qui relève des Régions et notamment pour les demandeurs d'emploi et
ce qui relève de l'Etat, assez de cette confusion, de cette opacité, nous avons
besoin de clarté et d'efficacité.
Mais le défi que nous avons à relever tous ensemble c'est celui de la
croissance. Le chômage ne sera vaincu que si l'activité reprend, c'est le combat
que je porte depuis mon élection, dès les premiers jours au G8 avec les pays les
plus puissants de la planète, puis au Conseil européen du 29 juin dernier. Nos
partenaires ont compris qu'ils devaient conjuguer des disciplines budgétaires,
par ailleurs nécessaires, avec le financement de projets concrets sur nos
territoires, 120 milliards d'euros ont été dégagés, pour l'Europe toute entière,
il faudra donc aller chercher notre part et donc, j'ai demandé au gouvernement,
avec les Régions, d'aller justement proposer des projets de développement pour
que nous puissions utiliser pleinement ce qui a été dégagé au niveau européen.
Mais il y a aussi ce qui relève de notre propre responsabilité, j'ai dit
qu'il convenait de dire la vérité, la vérité c'est qu'il y a dans l'économie
française des atouts indéniables, des secteurs qui vont bien, des entreprises
qui gagnent des parts de marché, des grandes mais aussi des moyennes, des
petites, il y a de nombreuses PME, on le voit dans l'agroalimentaire, premier
excédent commercial français, je salue les agriculteurs et tous ceux qui
travaillent pour la transformation des produits, 1 million et demi d'actifs et
ici cette foire en est une belle illustration. Mais il y a d'autres secteurs,
l'aéronautique, les énergies, qui font que nous pouvons avoir des espoirs pour
notre redressement.
Mais la vérité c'est aussi de dire qu'il y a des handicaps, une insuffisance
de recherche, de développement, d'innovation, un inégal accès au financement
pour les entreprises, une complexité administrative que dénoncent tous les élus,
et j'en ai été un au Parlement, tout en votant des lois de plus en plus
nombreuses et revenant, le cumul des mandats m'y autorise encore pour quelques
jours, quelques semaines, autorisant ces élus à dire qu'il y a trop de lois
alors qu'ils les ont votées. Nous devons faire en sorte que soient traitées
aussi les grandes réformes structurelles, c'est la raison pour laquelle le
gouvernement est à la tâche et que ces réformes devront être menées avec
constance, cohérence et clarté.
Je vais prendre quelques illustrations ! Pour favoriser l'innovation, le
crédit d'impôt recherche, qui a fait la preuve de son utilité, sera préservé et
élargi à l'innovation, notamment dans les PME, en contrôlant bien sûr la
pertinence et la qualité des investissements qui y sont engagés. De la même
manière, pour permettre l'accès des entreprises au financement, en prêt comme en
fonds propres, une banque publique d'investissement va être créée dans les jours
qui viennent, elle regroupera les établissements existants, mais elle permettra
surtout des avancées majeures, mobilisera de nouvelles ressources - comme les
sommes qui sont déposées sur les Livrets de Développement Durable dont le
plafond a été doublé - ce qui permet de capter une épargne pour la mettre au
service du financement des entreprises. La banque publique concentrera ses
interventions sur les PME et les entreprises de taille intermédiaire les plus
innovantes. Elle sera aussi un facteur de simplification et d'accélération
puisqu'elle sera déconcentrée sur les territoires et qu'elle travaillera en
cohérence avec les Régions qui seront associées à ces décisions et à ces
orientations. Et cette banque publique, qui aura son rôle, ne se substituera pas
au secteur bancaire, mais il y aura une réforme des banques pour que soient
davantage séparées aujourd'hui les activités de crédit, de dépôt et les
activités de placement spéculatif.
Enfin, la France doit résoudre son problème de compétitivité. Depuis 10 ans
la France perd des parts de marché, son industrie a reculé dans ce qu'elle
représente dans la valeur ajoutée, à peine 14% aujourd'hui. Notre spécialisation
n'est plus conforme aux évolutions des marchés mondiaux, ainsi nous payons des
années de politique industrielle inadaptée ou inexistante. Tirons-en les
conclusions, la France a besoin de se donner les moyens d'une stratégie
productive nationale.
Elle doit être capable d'investir dans les secteurs les plus porteurs. Je les
ai cités : les énergies, pour la transition écologique, l'aéronautique, les
matériaux, les biotechnologies, ce que vous démontrez ici dans votre région.
L'Etat doit avoir un rôle d'impulsion, doit concentrer ses investissements en
créant des champions nationaux à vocation et à dimension mondiale, mais aussi de
faire en sorte que les PME puissent être entrainées dans ce mouvement.
Accompagner, c'est le rôle du Commissariat aux investissements d'avenir et les
pôles de compétitivité seront mobilisés dans cette perspective.
Il y a aussi, puisque je parle de compétitivité, un système de prélèvement
qui fait reposer sur le travail l'essentiel de la charge ; un système
d'exonération de cotisations sociales qui a été modifié tant de fois dans le
passé est devenu aussi illisible que coûteux et en même temps, indispensable
pour les entreprises ; et en même temps, c'est un système indifférencié, que les
entreprises soient exposées à la concurrence internationale ou qu'elles soient
abritées, qu'elles soient grandes ou petites, qu'elles créent des emplois ou
qu'elles n'en créent pas. Là encore, dans le cadre de la conférence sociale le
gouvernement et les partenaires sociaux travailleront sur la réforme du
financement de la protection sociale.
C'est un sujet difficile qui a été tant de fois évoqué, annoncé, jamais
traité, mais moi je n'attendrais pas la fin de mon mandat pour faire adopter une
disposition à l'application différée. Des choix courageux seront faits en 2013
et ils seront durables, justes et stables.
Puisque je parle de la croissance, il y a l'industrie, il y a l'agriculture,
il y a les services, il y a aussi le bâtiment, c'est à dire à la fois un besoin
social impérieux, se loger, et en même temps une activité économique qui a un
avantage c'est qu'elle n'est pas délocalisable. Pour se loger généralement c'est
ici, sauf quand on fait le choix d'aller, pour je ne sais quelle raison
d'ailleurs, à l'extérieur pour ne pas payer ses impôts. Un des freins à
l'investissement immobilier c'est, on le sait, le coût et la disponibilité des
terrains. Un projet de loi est prêt, il permettra de céder gratuitement les
terrains de l'Etat, et les opérateurs publics aux collectivités locales et aux
bailleurs sociaux qui s'engagent dans des programmes de construction. 110 000
logements entre 2012 et 2016 pourront être créés grâce à cette mise à
disposition des terrains. De la même manière, les propriétaires privés seront
invités à céder plus rapidement qu'aujourd'hui leur terrain à bâtir. Un
programme de rénovation, d'isolation de logements sera lancé dans le prochain
budget pour économiser l'énergie, améliorer le pouvoir d'achat des ménages et
créer des emplois dans le secteur du bâtiment.
Beaucoup d'artisans veulent des règles stables, veulent des règles fiscales
qui puissent être pérennisées pour permettre d'informer tous ceux qui veulent
améliorer l'isolation de leur logement, de pouvoir le faire dans de bonnes
conditions. Le dispositif fiscal sera donc stabilisé dans cet esprit.
Voilà, Mesdames et Messieurs, le cap que je voulais fixer : emploi,
croissance, compétitivité. L'Etat prendra ses responsabilités, mais je vous le
dis aussi il ne réussira pas seul. Il y a ce qui relève des partenaires sociaux,
indispensable pour la négociation : employeurs, salariés. Il y a ce qui relève
des entreprises parce que ce sont elles qui créent l'emploi et qui investissent.
Il y a ce qui relève des salariés, parce que c'est eux qui par leur savoir-faire
permettent l'excellence française. Il y a aussi ce qui appartient aux
fonctionnaires, aux agents publics pour la qualité de nos services publics. Et
puis il y a tous ceux, quelle que soit leur place, quel que soit leur niveau de
rémunération ou de considération, donnent le meilleur d'eux-mêmes pour leur
pays. C'est aussi cela le patriotisme et notamment économique.
Le redressement, il ne sera possible que si tous les territoires de la
République y prennent leur part. Je rappelle que les collectivités locales
assurent les trois quarts de l'investissement public en France. Voilà pourquoi
je veux que le gouvernement d'ici octobre apporte des réponses au problème du
financement des collectivités locales, et l'augmentation de la collecte du
Livret A y contribuera, parce que les sommes qui y sont déposées ne vont pas
simplement dans le logement social mais également dans le financement des
collectivités locales.
Mobiliser les territoires, c'est donner aux régions la place et la
responsabilité qu'elles doivent avoir. Je recevrai, le 12 septembre, les
présidents de région et j'entends leur confier la responsabilité de gérer les
fonds européens consacrés au développement de leur territoire. Ce sont elles les
mieux placées. Ce sont elles qui iront plus vite encore que l'Etat. Les régions
devront être les chefs de file du développement économique et de l'innovation,
les interlocuteurs des entrepreneurs.
Dans le même esprit, avec le Premier ministre, je recevrai les maires et les
présidents des grandes agglomérations qui sont indispensables pour la rénovation
urbaine, pour la qualité des transports, mais aussi pour l'innovation. Je
recevrai les présidents des Conseils généraux parce que, pour avoir exercé ce
mandat, je sais ce qu'ils représentent pour la proximité, la solidarité et le
développement durable.
Je sais aussi les problèmes de financement, notamment
liés à la dépendance. Une réforme sera engagée de la dépendance. Là aussi trop
longtemps différée. Et elle permettra, à la fois, de mieux couvrir les personnes
et les familles qui sont touchées par le grand vieillissement ou le handicap, et
en même temps, d'assurer des financements pérennes aux collectivités locales.
Pour gagner cette bataille, car c'est une bataille, celle de la croissance
celle de l'emploi, celle de la compétitivité il faudra du temps. L'action que je
conduis s'inscrit dans la durée du mandat qui m'a été confié par les Français.
Non pas sur trois mois, pas davantage sur douze mois, mais sur cinq ans. Et en
même temps, il n'y a pas de jour à perdre. Tout compte. Trop de retards ont été
pris. Trop d'urgences nous assaillent. Trop de périls nous menacent. Je prendrai
donc les décisions dans un calendrier ordonné, en respectant les rythmes du
Parlement et le dialogue social.
Le changement, ce n'est pas une somme d'annonces sans lien les unes avec les
autres ; le changement c'est une force qui sait où elle va, qui donne une
direction susceptible de rassembler le pays. Chacun devra, à sa place, prendre
sa part du destin de la nation. Oui, il y aura des efforts à faire, mais ils
seront consentis dans la justice. C'est le sens de la loi de finances que le
gouvernement prépare et dont le Parlement sera saisi à la fin du mois de
septembre.
Notre devoir c'est de réduire le déficit. Non pas pour l'idée qu'il faudrait
réduire le déficit en soi, mais parce que c'est la condition pour maitriser la
dette, et donc pour assurer notre souveraineté. Le sérieux budgétaire, c'est la
condition pour ne pas être dans la main des marchés financiers.
Aujourd'hui la France, ou plus exactement l'Etat, lorsqu'il lève un emprunt,
acquitte des taux d'intérêt à dix ans d'un peu plus de 2 % et quand il emprunte
pour des périodes plus courtes à 0 %. Alors que des pays comme l'Italie, comme
l'Espagne payent des taux d'intérêt à 6% à dix ans, voire davantage. La
condition, donc, pour garder cette situation, c'est de pouvoir, à la fois, être
sérieux et en même temps respectueux des engagements. Nous serons donc, pour le
budget 2013, amenés à faire des efforts sur la dépense puisqu'elle sera
stabilisée, elle ne progressera pas ; et sur les recettes, sera engagée la
première étape de la réforme fiscale, pour mieux répartir l'impôt entre le
travail et le capital, entre ceux qui ont le plus et ceux qui ont le moins. Tout
sera fait pour préserver le pouvoir d'achat des ménages et l'investissement des
entreprises.
Mesdames, Messieurs, en venant à la foire de Châlons, je savais que j'allais
rencontrer bon nombre de Français qui allaient m'exprimer leurs attentes, leurs
inquiétudes, leurs espoirs, leurs problèmes, mais aussi leurs solutions. En
venant à la foire de Châlons, je savais que j'allais rencontrer des acteurs
économiques qui se battent et se dévouent. Je savais que j'allais aussi voir des
productions de grande qualité, des réussites, des initiatives. Voilà pourquoi je
suis venu et aussi pour adresser un message au-delà de cette grande foire, de ce
capitole qui m'accueille. Je voulais tracer la voie qui nous attend. Et malgré
les difficultés qui sont là, l'enjeu qui est le nôtre, c'est de permettre à la
France de se relever, de se redresser, de se remettre à croire au progrès. C'est
ma mission que de la conduire dans cette direction.
Trois principes me guident : la vérité sur la situation, sur les efforts à
faire, sur le temps nécessaire, sur les étapes, mais aussi sur le sens de
l'action que je mène avec le gouvernement. Le second principe c'est la justice,
dans les choix, dans les mesures qui sont prises, dans les prélèvements qui sont
demandés. Et mon troisième principe -- il a été rappelé d'ailleurs tout au long
des interventions qui m'ont précédées, au-delà des sensibilités qui peuvent
parfois séparer les uns les autres -- mon troisième principe c'est la confiance,
c'est la clé de tout. Rien n'est inaccessible, rien n'est impossible dès lors
qu'une nation croit en elle-même, en ses ressources, en ses chances.
Si nous réussissons à faire partager cette confiance, à fédérer sur
l'essentiel, alors oui nous parviendrons, parce que je sais la capacité de la
France, à nous relever ; oui nous parviendrons à donner de l'espoir, à donner à
notre pays la certitude qu'il avance, et la fierté d'être ainsi réunis dans une
cause qui dépasse chacun d'entre nous.
Merci de m'avoir accueilli, merci pour l'action que vous menez les uns et les
autres, et merci pour la confiance que vous nous apportez.
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