Le député (PS) Alain Vidalies, chargé des questions d'emploi dans l'équipe de François Hollande, réagit à la nette hausse du chômage en octobre et dénonce des «plans d’austérité qui n'ont fait que ralentir la croissance».
Ces chiffres sont particulièrement mauvais, ils confirment une tendance forte depuis trois mois maintenant, et sont révélateurs d’une vraie panne de la croissance et d’une crise grave.
Dans le contexte économique global, cette forte hausse du chômage ne relève-t-elle pas plus de la crise que de la politique du gouvernement?
Le gouvernement se contente de dire que ces chiffres sont imputables à la crise mais en 2007, les chiffres de l’emploi étaient comparables en Allemagne et en France alors qu’aujourd’hui ils sont bien plus élevés dans notre pays. Signe que les politiques ont été très différentes, pas forcément les moyens: l’Allemagne a subventionné le chômage partiel pour maintenir les salariés en entreprise quand la France a dépensé 4,5 milliards d’euros pour subventionner le recours aux heures supplémentaires, ce qui représente une machine à détruire l’emploi sur fonds publics.
Quelles autre mesures prises par le gouvernement ont été, selon vous, «à contre-emploi»?
Il a supprimé 150 000 emplois dans la fonction publique [avec la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ndlr], soit le plus grand plan social de France. Et les plans d’austérité qui se répètent tous les deux mois ne font que ralentir la croissance, par la ponction sur la consommation et les difficultés de plus en plus fortes pour les entreprises et les collectivités locales à trouver des financements pour l’investissement. Tout cela limite les créations d’emploi.
Cela signifie-t-il qu’on ne peut pas lutter contre les déficits et à la fois contre le chômage?
Pour lutter contre les déficits, il existe une solution qui consiste à remettre en cause les cadeaux fiscaux et à remettre les recettes de l’Etat au niveau où elles se trouvaient avant que la droite n’arrive au pouvoir en 2002, et avant la politique fiscale désastreuse menée par Nicolas Sarkozy depuis 2007.
Qu’aurait dû faire le gouvernement?
Il faut que l’Etat puisse garder des moyens d’intervention au lieu de diminuer de 12% les crédits du ministère du Travail, comme dans le budget 2012, ce qui est révélateur de l’absence de volonté politique pour lutter contre le chômage. Il faut aussi envisager une autre politique économique qui favorise les PME, réduire l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis et créer un pôle public facilitant l’accès au crédit pour les petites entreprises.
Nous pensons aussi que l’accent doit être mis sur la création d’emplois pour les jeunes, avec des contrats d’avenir et les contrats de génération que propose François Hollande. Car on voit bien aujourd’hui la spécificité du marché du travail français: un chômage important chez les jeunes et les seniors. Ainsi 25% des moins de 25 ans sont inscrits au chômage. Et il y a littéralement une explosion du chômage des plus de 50 ans avec une hausse de 15,5% en un an, et même de 17,6% pour les femmes de plus de 50 ans.
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, semble avoir renoncé à un recul du chômage sous la barre des 9%. «Tant que la situation économique ne s’améliorera pas», il dit ne pas voir «comment les chiffres de l’emploi pourront réellement s’améliorer». Qu’en pensez-vous?
On a le sentiment que le Président sortant et son gouvernement sont spectateurs de cette situation. Il se contentent de commenter en espérant le retour de la croissance, comme soeur Anne! Ils considèrent qu’ils n'y sont pour rien. C’est d’ailleurs à se demander pourquoi ils sollicitent à nouveau le suffrage des Français...
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