Boucher
Les discours des dictateurs arabes aux abois se suivent et se ressemblent. Même si Kadhafi a confirmé en quatre-vingt-dix minutes de discours la dimension délirante et pathologique de son personnage.
Mais, comme Ben Ali et Moubarak, il a montré sa totale dissociation du réel. Il ne veut pas voir que son peuple est en révolte, qu’il n’en peut plus de sa dictature et que la jeunesse libyenne est prête à mourir pour qu’il s’en aille. Près de deux générations de Libyens n’ont connu que sa règle absolue, sa famille prédatrice et corrompue. Jamais les revenus du pétrole de ce pays peu peuplé n’ont été redistribués. Aujourd’hui, Kadhafi n’a plus même confiance en son armée et ce sont des mercenaires qui assurent la sécurité en ses palais et répriment sauvagement la révolte. C’est pourtant ce même homme qui a été reçu avec tous les honneurs par Sarkozy et par les autres responsables occidentaux, prêts à lui vendre des armes ou même, pour la France, des centrales nucléaires. Sarkozy, Blair comme Berlusconi doivent reconnaître leur erreur fatale. Les dirigeants occidentaux doivent demander le départ de ce dictateur qui fait de Tienanmen et de Falloujah ses références en matière de maintien de l’ordre. Qui est prêt à massacrer tout un peuple pour rester au pouvoir. Bien sûr, dans un pays disloqué par une tyrannie, sans société civile, sans partis politiques, la fin de Kadhafi est lourde de risques et de dangers. Mais rien ne peut justifier que ce «boucher», pour reprendre ses propres termes, reste au pouvoir.
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