Waterloo ? Sedan ? Azincourt ? La Bérézina ? On hésite… En tout état de cause, la droite française vient de réaliser une des pires performances de son histoire. Un quart de l’électorat au premier tour, à peine plus. Il faut remonter loin dans le passé pour retrouver pareille déconfiture.
Certes on va embrouiller l’affaire, noyer le poisson, botter en touche. Deux arguments seulement viennent atténuer l’humiliation : l’abstention, dont le chiffre record est un sujet d’inquiétude pour les démocrates ; ils doivent méditer sur cette crise sociale qui est aussi une crise du politique. Le caractère régional du scrutin, ensuite, où les sortants bénéficient d’une prime naturelle.
Mais pour le reste, quelle débandade ! Le sarkozysme en actes devait rendre aux citoyens une confiance dans l’action politique : l’abstention atteint un sommet. Le débat sur l’identité nationale devait asphyxier le Front national : celui-ci réalise un score inquiétant et, dans quelques régions, il remporte un gros succès. La réunion de toutes les droites républicaines, grande idée du Président, devait permettre de creuser l’écart au premier tour : cet écart est effectivement creusé, mais au détriment de l’UMP. Enfin, et c’est sans doute le trait principal du scrutin, la gauche gagne une bonne dizaine de points par rapport à la précédente élection régionale, alors même qu’à l’époque le gouvernement en place était déjà impopulaire. Si l’on considère que cette élection est aussi un sondage grandeur nature, il se résume par un mot : le désaveu.
Il s’agit d’un premier tour et la majorité peut légitimement espérer que les abstentionnistes soient d’abord de droite. Un effort de mobilisation peut amortir l’échec, même si l’on n’en voit guère les prémisses. Dans ces conditions, le vote impose aux chefs de file de l’opposition une responsabilité nouvelle. Pour transformer le succès en victoire, l’union la plus large est un impératif catégorique. Les trois principales composantes de la gauche ont marqué des points : Martine Aubry est en passe de réussir à rétablir le Parti socialiste dans sa position de premier opposant ; l’écologie devient sans conteste la deuxième force de la gauche, confirmant sa percée des européennes ; le Front de gauche s’installe dans le paysage. Personne ne comprendrait que ce triple succès soit soudain compromis par des considérations de boutique. De ce scrutin régional peut naître un espoir national. Laissez-le grandir.
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