jeudi 7 juillet 2011

La Cour des comptes éreinte la gestion des forces de sécurité

Les Sages remettent au passage en cause la réalité de la baisse de la délinquance depuis 2002.

La Cour des comptes éreinte la gestion des forces de sécurité et met en doute la baisse de la délinquance depuis 2002, date de l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Intérieur, s'attirant une réponse cinglante de la place Beauvau.

Dans ce rapport de 250 pages, la Cour des comptes dit avoir mené une enquête dans une cinquantaine de villes d'Ile-de-France, Rhône-Alpes ou Paca. Elle passe au crible les forces de sécurité publique (SP), celles étant dans la rue, le gros des troupes de la police et de la gendarmerie (80.000 fonctionnaires chacune).

Sur la période 2002-2010, écrivent les rapporteurs, l'Etat lui "a consacré des moyens croissants budgétaires, technologiques et humains". Mais, ajoutent-ils, les résultats sont "contrastés" au regard des statistiques qui ont montré un "recul des atteintes aux biens" mais une "hausse" des violences aux personnes.

Cette "exigence d'une plus grande efficacité de la lutte contre la délinquance", ajoute la Cour en référence implicite à la politique sécuritaire impulsée par Nicolas Sarkozy dès 2002, "doit être satisfaite" depuis 2009 "avec des moyens en diminution" et une "hausse des dépenses de rémunérations".

Chapitre par chapitre, les sages éreintent l'organisation et la gestion des effectifs de SP. Elle "se fait par objectifs en fonction des statistiques" écrivent-ils, les gendarmes trouvant souvent grâce à leur yeux au contraire des policiers.

Vidéosurveillance

Le rapport fustige l'état statistique des deux forces, notant au passage qu'"en 2009 la reprise à la hausse de la délinquance a été évitée en grande partie par le refus des services d'enregistrer des plaintes" de victimes d'escroqueries.

La baisse de la délinquance a résulté, selon les sages, du fort recul des vols d'autos et de dégradations de biens privés.

Côté moyens, assurent-ils, "les effectifs ont été en hausse sur 2002-2010 suivie d'une diminution égale". Au final, la Cour comptabilise une baisse de 5,3% depuis le 1er janvier 2003 du nombre de policiers, de 25% pour leurs budgets de fonctionnement (hors rémunérations) en 2010.

La Cour pointe la "coûteuse et complexe organisation du temps de travail dans la police" et le "peu de latitude pour (...) l 'accumulation des heures à récupérer". En 2009, 30% du "potentiel théorique" de la SP étaient "indisponibles pour cause de congés, repos, maladies et autres absences".

Elle stigmatise encore le "rôle grandissant des polices municipales", en développement de +35% sur la période analysée, beaucoup plus que les forces de l'Etat.

«Erreurs d'analyse»

Elle met aussi en cause le "développement rapide mais coûteux" de la vidéosurveillance – mesure phare de l'Intérieur – allant jusqu'à mettre en doute les chiffres de celui-ci qui avançait le nombre de 20.000 caméras dans la rue en 2008 quand elles n'étaient que 10.000 pour la Cour. Celle-ci plaide pour réformer l'organisation des forces "en profondeur". Il faut aussi un "nouveau partage territorial".

Dans sa réponse, le ministère de l'Intérieur est sévère "comme rarement", reconnaissent des sources internes à la Cour. Il fustige des "inexactitudes, erreurs d'analyse, oublis", un manque "d'objectivité" et des "sous-entendus contestables". Les auteurs ont porté une appréciation sur "une période limitée", ajoute Beauvau, niant point par point les accusations et louant l'"effort de mobilisation" de ses troupes "recentrées sur leur coeur de métier".

Il y a des "réformes" importantes entreprises, comme celle de la police d'agglomération, et la présence dans la rue s'est "améliorée de 10% entre 2005 et 2009", souligne l'Intérieur.

(Source AFP)

1 commentaire:

grognon a dit…

Il serait bon de savoir qui bénéficie financièrement de ce développement de la vidéo-surveillance.

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