Entre 8% et 25% des Roms vivant en France et rencontrés par Médecins du Monde lors d'une enquête menée entre juillet 2010 et juin 2011 ont un calendrier vaccinal à jour. L'association, qui en présente les résultats mardi, pointe le manque d'information, mais dénonce surtout la multiplication des expulsions "qui entraînent l'interruption des campagnes de vaccination, des difficultés pour réaliser les rappels nécessaires et donc l'impossibilité d'obtenir un calendrier vaccinal complet".
Un an après le discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble, le 30 juillet 2010, au cours duquel le président avait notamment déclaré que le gouvernement allait "mettre un terme aux implantations sauvages de campements roms", l'ONG entend, avec ce document, dénoncer une politique constituant, selon elle, "une mise en danger volontaire de personnes en grande précarité".
Cette enquête a été menée auprès de familles de Roms vivant dans des caravanes ou des squats dans quatre villes (Nantes, Bordeaux, Marseille et Strasbourg), avec un panel de 281 personnes de moins de 30 ans, dont 11% d'enfants de moins de 2 ans et 34% de moins de 6 ans. Plus de la moitié d'entre elles (54 sont nées en Roumanie, 24% en Bulgarie, 12% en France et 10% dans un autre pays de l'Union européenne.
Si 92% des personnes interrogées ont dit penser "avoir déjà été vaccinées dans leur vie", MDM souligne toutefois que seules 38,5% des sondés "disposaient au jour de l'enquête d'un carnet de santé ou d'un document attestant des vaccinations déjà effectuées, soit 108 personnes", quasiment toutes mineures.
"Sur la totalité des personnes disposant d'un carnet de santé, les intervenants de MDM ont estimé que le calendrier vaccinal était à jour pour 25% d'entre elles", selon l'association. "De façon générale, pour l'ensemble de la population interrogée, les intervenants de MDM ont pu s'assurer que le calendrier vaccinal était à jour pour seulement 8% des personnes".
L'étude note aussi que "seule la moitié des personnes relevant théoriquement d'un dispositif de couverture maladie a effectivement des droits ouverts". Et parmi les enfants, ceux "suivis en PMI (service de Protection maternelle et infantile) ou scolarisés sont logiquement mieux protégés et de fait vaccinés". Mais "seuls six enfants sur dix" âgé de 6 à 16 ans sont scolarisés et "seul un tiers des enfants de moins de six ans est suivi en PMI".
Concernant les vaccins obligatoires ou recommandés, MDM souligne que seul le DTP (diphtérie-tétanos-poliomyélite, obligatoire) a "un taux de couverture vaccinale globalement satisfaisant" avec "près de 90%" des adultes roms vaccinés et 71% des enfants de moins de 2 ans.
Pour le BCG (tuberculose), "si les petits de moins de 2 ans sont 'relativement' mieux vaccinés (65, les plus âgés le sont nettement moins souvent" avec une taux de vaccination "autour de 35%", alors que "la tuberculose touche essentiellement les personnes en situation de précarité et/ou migrants originaires de pays où la maladie existe à l'état endémique".
Quant au vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole), "55% des Roms sont vaccinés contre 90% de la population générale en France" et "seuls deux enfants de moins de 2 ans sur neuf sont vaccinés alors qu'il s'agit, pour ce vaccin, de la population prioritaire et présentant le plus de risques de complications", poursuit l'enquête qui note que 42% des personnes interrogées "ne savent pas où aller pour se faire vacciner".
Et Médecins du Monde de souligner que le tableau dressé par cette enquête peut laisser présager une situation pire encore. L'association précise en effet que la population interrogée est constituée de "familles déjà connues par les équipes (...) auprès desquelles des entretiens de prévention, des consultations médicales, des accompagnements ont déjà pu avoir lieu".
Pour faire face, MDM préconise "l'organisation de campagnes de vaccinations sur les lieux de vie, de façon conjointe avec les services publics", mesure qui "permettrait ainsi d'assurer la protection 'immédiate' des populations, surtout en période d'épidémie, et d'accéder par la suite plus facilement au système de droit commun". "Mais", ajoute l'association, "encore faut-il pouvoir garantir la stabilité des populations sur leurs lieux de vie".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire