Le chiffre impressionne. Entre 2001 et 2009, les coûts directs de santé dans le budget des ménages, hors cotisations sociales à l'assurance-maladie, ont augmenté de 40 % à 50 % en moyenne, selon un Livre blanc sur l'avenir de l'assurance-maladie publié par le cabinet de conseils Jalma, mercredi 25 novembre, et accompagné d'un baromètre réalisé avec CSA.
Ces frais représentent l'addition des cotisations à une complémentaire (mutuelles, institutions de prévoyance ou assurances privées) et du "reste à charge" (une fois tous les remboursements versés). Ces coûts représentent 5,4 % du revenu disponible en moyenne.
L'augmentation est systématique, quels que soient l'âge, la profession, l'origine géographique ou le type de complémentaire choisie. Mais le cabinet Jalma pointe des inégalités croissantes, selon que l'on bénéficie d'une assurance individuelle ou collective (via son employeur). Les plus de 65 ans, souvent souscripteurs d'un contrat individuel, ont vu leurs dépenses augmenter de 55 % en huit ans ; la santé représente 11 % de leur budget. Cette hausse est due à l'augmentation des dépenses de santé, à celle des cotisations des complémentaires et à la généralisation des dépassements d'honoraires par les médecins libéraux. Elle est aussi le fait d'une accumulation de petites mesures d'économies, dont, isolément, l'impact paraît faible : déremboursement de médicaments, forfait de 1 euro par consultation médicale, hausses successives du forfait hospitalier, franchises sur les médicaments et les actes chirurgicaux.
Pilier du pacte social
"Cette augmentation de 50 % des coûts de la santé s'est produite dans une période qui n'a pas été marquée par une réforme majeure de l'assurance-maladie, analyse Mathias Matallah, président de Jalma. Vu le déficit actuel, il faut s'attendre à de nouvelles hausses du coût de la santé, aussi fortes voire plus d'ici 2015." Selon lui, les futures réformes devront tenir compte du fait que "pour un certain nombre de ménages, la santé ne représente plus un budget mineur".
Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), qui regroupe 37 associations d'usagers, voit dans les mesures du type franchise médicale un "changement de philosophie" et des atteintes à la solidarité, car seuls les malades paient ces dépenses-là. "A force de dérembourser, on décrédibilise le système et on prépare, sans le dire, le terrain à l'assurance privée", tonne Christian Saout, président du collectif. Le CISS réclame un débat national et a lancé un site Internet santesolidaireendanger. org où il invite, jusqu'en janvier, chacun à s'exprimer.
Selon un sondage qu'il a réalisé avec L2H, 79 % des Français constatent une baisse de leurs remboursements. Est-ce le fait du déficit record de la Sécurité sociale estimé pour 2010 à 30,6 milliards d'euros ? Les sondages sur l'avenir du système de santé se multiplient. Mardi 24 novembre devait être publié un "Observatoire sociétal de la santé et de la qualité des soins en France", réalisé par le groupe de cliniques Générale de santé avec TNS-Sofres. En ressort une prise de conscience de la "fragilisation du système", les personnes interrogées soulignant sa qualité, mais aussi les inégalités et la complexité qu'il dégage.
La santé coûte cher, y estiment 70 % des sondés. TNS Sofres voit là un probable "point de résistance" pour les efforts financiers qui pourraient être demandés à l'avenir. De son enquête, comme de celle de Jalma, ne se dégage aucun engouement pour une hausse des cotisations sociales, même si les Français se montrent attachés à la "Sécu" et inquiets de son avenir. "Ils ne veulent pas payer plus d'impôts, car pour eux il y a avant tout un problème d'efficience du système, explique M. Matallah. S'ils consentent à faire des efforts, ils sont d'ordre minime, comme une hausse des franchises ou des déremboursements de médicaments. O, ce n'est pas cela qui sauvera le système."
La santé, pilier du pacte social, donnera lieu à des débats houleux. Elle arrive en deuxième position, après l'emploi, dans les préoccupations des Français, dans l'Observatoire général de santé. "Le thème ne cesse de monter dans l'opinion. Jusque-là, il arrivait plutôt en troisième ou quatrième position, après les retraites", relève Brice Teinturier, pour TNS Sofres.
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