dimanche 18 juillet 2010

La lutte contre le sida est menacée par la crise





Dans l'histoire déjà longue du sida, jamais les espoirs de vaincre cette maladie n'ont été aussi grands. Et jamais la crainte de voir ces espoirs mis à bas par la crise financière n'a été aussi forte qu'elle le sera lors de la 18e conférence internationale sur le sida, qui rassemblera à Vienne, du 18 au 23 juillet, plus de 20 000 participants.

Rigueur budgétaire oblige, la plupart des pays développés réduisent leurs budgets d'aide au développement. Ainsi que l'indique Médecins sans frontières (MSF) dans un rapport présenté en amont de la conférence de Vienne, de nombreux pays du Nord - qui constituent, et de très loin, les principaux donateurs - ont d'ores et déjà réduit leur contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose. Or, un gel des financements des traitements antirétroviraux (ARV) aurait des conséquences graves sur la lutte contre le sida, alors même que des tendances positives commencent à se dégager.

Grâce aux efforts sans précédent consentis depuis 2002 par la communauté internationale, les actions engagées en matière de prévention et de traitement commencent à payer. Une étude canadienne, publiée cette semaine dans l'hebdomadaire médical The Lancet, montre que l'élargissement de l'accès à des traitements antirétroviraux efficaces (qui ont plus que quintuplé entre 1996 et 2009) a entraîné une réduction de 52 % du nombre de nouveaux diagnostics de séropositivité. Depuis sa création en 2002, le Fonds mondial a financé, pour 15 milliards d'euros, des programmes qui ont permis de sauver 5,7 millions de vies, dont 2,8 millions grâce à des traitements contre le virus VIH.

Peu d'interventions en santé publique peuvent se targuer d'autant d'efficacité. Mais ces progrès sont fragiles et restent notoirement insuffisants. Sur les 15 millions d'individus séropositifs ayant besoin d'un traitement dans les pays à faible ou moyen revenu, près de 10 millions n'en reçoivent toujours pas.

Quand deux personnes sont mises sous traitement dans le monde, cinq autres contractent le VIH. Le sida continue de tuer chaque année deux millions de personnes, dont les trois quarts en Afrique subsaharienne.

La politique répressive mondiale de "guerre à la drogue" démontre année après année son incapacité à faire diminuer le trafic, tout en contribuant à propager le VIH à cause des seringues infectées. Elle se traduit par une inquiétante montée de la séropositivité dans les pays d'Asie centrale et d'Europe de l'Est, en Russie et en Ukraine notamment.

Remettre en question l'engagement de la communauté internationale amorcé depuis une décennie reviendrait à abandonner la lutte au milieu du gué. Pour les pays les plus riches, il est indispensable de ne pas baisser les bras, quelle que soit la conjoncture économique. Pour les pays émergents, il est urgent d'apporter une contribution accrue à ce combat. Au-delà du sida, c'est le type de mondialisation que nous voulons qui est en jeu : sauvage ou intégrant un minimum de solidarité.


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