Élus, personnels pénitentiaires et judiciaires n'ont rien obtenu de la ministre de la Justice qui est repartie moins de deux heures après son arrivée à la prison.
Débarquée d'un hélicoptère Puma de l'Armée de l'air, aujourd'hui à 10 h 28, Rachida Dati, chemisier et fuseau noirs, affichait un grand sourire en posant ses talons aiguilles sur le tarmac de l’aérodrome de Montbeugny. Elle s’est aussitôt engouffrée dans une des sept voitures du cortège officiel pour se rendre au centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure. La porte blindée de la centrale s’est ouverte le temps d’éclipser les véhicules.
Invoquant « le droit de réserve en période de campagne électorale », et « une visite purement technique », les services de l’État avaient fait barricader l’aérodrome et l’établissement pour tenir la presse à l’écart.
La ministre de la Justice a visité le parloir de la centrale réparé après l’évasion à l’explosif de Christophe Khider et Omar Top El Hadj, le 15 février. L’occasion pour les syndicats de surveillants de la relancer, expliquent Éric Colin (CGT) et Younès Mellack (Unsa-Ufap) : « Après l’évasion, le directeur de l’administration pénitentiaire nous avait promis vingt surveillants de plus, un maître-chien, etc. Aujourd’hui, on nous dit qu’on ne nous avait rien promis. Et qu’elle travaille pour l’avenir. Du bla-bla, parce que son avenir à elle, c’est que dans deux semaines, elle ne sera plus là. Elle sera députée européenne et nous, on reste avec nos problèmes pas réglés ».
Rachida Dati s’en va, mais elle aura un successeur. Comme les syndicats et les personnels judiciaires, les élus ne se faisaient aucune illusion, hier. Le député-maire d’Yzeure (Guy Chambefort), a « reparlé de la carte judiciaire. Je lui ai redit que la suppression du tribunal de grande instance de Moulins au 31 décembre 2010 est une erreur économique et de sécurité, avec les transferts de détenus vers un autre tribunal éloigné d’une heure. Elle maintient que la carte est une mesure nationale qui s’applique à l’Allier aussi ».
Le maire de Moulins, Pierre-André Périssol (UMP), arborait un badge “sauvons notre tribunal” : « Elle l’a vu et m’a dit que ça lui a fait l’effet d’un “clignotant”. La présence d’un tribunal à côté du centre pénitentiaire est l’argumentaire que son propre cabinet tenait avant qu’elle n’annonce la fermeture. Je reprendrai donc encore ces arguments avec son successeur ».
Le clignotant éteint, la porte blindée s'est rouverte à 12 h 22, et Rachida Datu a repris sa route, puis les airs. Sans un mot, mais toujours avec le sourire.
(Journal La Montagne)
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