vendredi 10 mai 2013


Réponse du Premier ministre à Bruno Le Maire lors des questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale

Photo : AFP
 
Monsieur le président,
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur Bruno Le Maire,


J’aime vous lire, je vous l’ai dit l’autre jour, vous avez un talent de chroniqueur. Et c’est vrai, tout le monde n’a pas le temps, étant ministre, d’écrire des livres, mais je vous reconnais ce talent, et je vous adresse mes félicitations.
Mais ce qui me plaît dans votre propos, Monsieur Le Maire, c’est que je retrouve toute la critique, la sévère critique du quinquennat auquel vous avez participé. Oui, je revendique, je l’ai dit avec fierté, ce que nous avons entrepris pour le redressement du pays. Je sais ce que j’ai dit le 3 juillet ici même, et je vous remercie d’y avoir été attentif, que la situation du pays que nous avons trouvée était celle d’un pays qui avait perdu confiance dans son avenir, qui avait vu son industrie se déliter, 750.000 emplois détruits. C’est un pays qui voyait son commerce extérieur refléter sa perte de compétitivité avec plus de 70 milliards de déficit. C’est un pays qui voyait son système éducatif s’affaiblir, et qui conduisait plus de 20 % de la jeunesse au chômage et d’échec en échec. Ce pays, effectivement, c’est celui d’un pays économiquement affaibli, politique divisé, et moralement qui doute de lui-même. Et bien c’est ce défi que nous avons relevé et qui depuis un an, nous anime, nous mobilise, qui est celui du redressement, qui est celui du refus du déclin de la France.
Dès lors, j’aimerais bien, Monsieur Le Maire, que vous sortiez des facilités dans lesquelles vous venez de tomber et pour lesquelles je n’ai pas l’habitude de vous reconnaître. Et là, je salue simplement d’une certaine façon votre lucidité.
Par rapport à ce que vous avez fait, vous l’ancienne majorité c’est-à-dire l’opposition d’aujourd’hui, il y a quelque temps, j’ai lu vos propos, je les trouvais courageux. Vous disiez : on n’est pas prêt de retrouver la confiance des Français, parce que sur beaucoup de plans, nous avons échoué. J’aimerais bien que vous continuez sur cette voie, parce que dans une démocratie, il est important que ceux qui ont perdu le pouvoir soient capables aussi de faire le bilan, l’inventaire de l’échec dans lequel ils ont conduit la France. Alors, nous vous attendons lorsque vous aurez terminé ce travail. Et nous pourrons continuer, et nous pourrons confronter ce que nous faisons et ce que vous proposez.
Pour l’instant, vous êtes divisés, vous êtes dans une compétition, qui est celle de courir de plus en plus derrière l’extrême droite, les derniers jours nous l’ont montré. Tous ne sont pas d’accord avec cette hypothèse, je le sais. Sur le plan politique, vous aurez aussi à clarifier le choix de vos alliances. Mais vous aurez aussi à dire clairement aux Français ce que vous leur proposerez. Certains d’entre vous le font déjà, je l’ai lu hier dans une interview aux Echos. Ce que j’ai lu hier dans l’interview aux Echos de mon prédécesseur, je vous le dis, la gauche n’est pas d’accord. Parce que c’est l’austérité que vous nous proposez : la retraite à 65 ans, 39 heures payées 35, des dizaines et des dizaines de milliers d’emplois publics détruits, des services publics abîmés. Et vous croyez que c’est avec l’austérité que nous allons redonner la confiance aux Français ?
Nous, nous avons fait le choix de la rénovation de notre modèle social et républicain en le réformant. Ce chantier demande du courage, demande du temps, demande de la constance. Le cap est fixé, il faut surtout s’y tenir.

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