mercredi 8 mai 2013


Discours de Najat Vallaud-Belkacem à Montluçon

26 avril 2013



Je suis très heureuse d’être avec vous ici, à Montluçon : ce n’est pas une première puisque j’étais
venue dans d’autres circonstances, quelques mois avant l’élection présidentielle, (en janvier 2012)
dans cette ville qui était alors pour moi, je dois bien l’avouer, avant tout celle de Marx Dormoy, l’une
de ces figures héroïques de la République, du Front Populaire et de la Résistance à laquelle je suis
très attachée.
Mais si je tenais à venir à Montluçon pour tenir aujourd’hui ce porte-parolat décentralisé mensuel,
c’est évidemment pour une tout autre raison que l’histoire : je viens pour répondre à vos
interrogations sur la politique que nous menons au gouvernement et ses conséquences pour votre
ville et votre territoire, emblématiques à bien des égards de la situation dans laquelle se trouve notre
pays, et des raisons que nous avons de croire en son redressement, et au retour de l’emploi qui est
notre première ambition. Rendre compte, faire face même quand la situation est difficile, venir à
l’écoute des propositions, reste une mission essentielle.
Vous le savez, l’action qui est menée depuis maintenant près d’un an est ambitieuse, courageuse, qui
exige à la fois un peu de temps et beaucoup de constance dans la mise en oeuvre des choix qui ont
été faits, mais aussi de la compréhension et de la confiance dans le pays.
Des choix difficiles, pace que la situation est critique. Les derniers chiffres du chômage viennent de le
montrer : on n’arrête pas un paquebot à la dérive d’un coup de frein à main.
Au cours des 10 dernières années, la dette de la France a plus que doublé. Pendant les 5 dernières
années, elle a augmenté de 600 Mds €. En 2011 encore, le déficit public était de 5,2%, c’est-à-dire
plus de 100 Mds €.
La conséquence, c’est qu’aujourd’hui le paiement des intérêts de la dette du pays est devenu le
premier budget de l’Etat. Nous dépensons plus pour payer nos intérêts que pour l’Education de nos
enfants.
Le service de la dette c’est près de 50 Mds € par an, que l’on englouti, chaque année, sans que cet
argent puisse servir à l’investissement, et bénéficier au retour de la croissance.
Si nous ne faisions rien pour redresser les comptes du pays, nous aurions continué à faire gonfler la
dette à vitesse grand V, nous aurions payé toujours plus d’intérêts, et c’est de plus en plus de
politiques publiques que nous aurions dû arrêter, de postes de fonctionnaires, d’enseignants,
d’infirmières, de contrats aidés auxquels nous aurions dû renoncer.
Il en va de notre souveraineté nationale, de notre liberté, de notre capacité à ne pas laisser nos
territoires décrocher, alors même qu’ils disposent de formidables atouts économiques pour aider au
retour de la croissance en France, et créer les emplois dont nous avons besoin.
Montluçon, l’Allier, le Bourbonnais, l’Auvergne en savent quelque chose.
Alors nous avons engagé ce travail, et nous avons pris des mesures que tant d’autres ont si
longtemps repoussées :
Le gouvernement a demandé des efforts aux Français, aux ménages et aux entreprises, de façon
équilibrée. Il a veillé à ce qu’ils soient justes. L’effort, quoi de plus normal, préserve les Français les
plus modestes. Nous protégeons les PME, et renforçons la lutte contre la fraude fiscale, en réformant
les règles et en augmentant les moyens des services de l’Etat pour obliger les tricheurs à payer leurs
impôts.
L’Etat, s’il a demandé des efforts aux Français, s’en est aussi imposé à lui-même, en réduisant ses
dépenses. Nous avons réduit de 2 Mds les dépenses de fonctionnement, baissé de 2 Mds € ses
dépenses en matière de Défense, nous avons abandonné des projets qui n’étaient pas financés, et
dont on pouvait par ailleurs douter de l’opportunité.
Et les premiers résultats se font sentir : en 2012, c’est un fait historique, les dépenses de l’Etat ont
baissé pour la première fois, à hauteur de 200 ou 300 M € par rapport à 2011. La Cour des comptes,
dont on connait le sérieux et l’indépendance, a estimé que l’effort entrepris en 2012 était d’une
ampleur jamais vue depuis près de 20 ans, alors que celui engagé en 2013 était pour sa part sans
précédent.
Nous avons surtout mis de la clarté dans les choix que nous faisons, afin de répondre au discrédit qui
menace depuis des décennies l’action publique : c’est vrai pour ce qui est de la capacité à tenir les
engagements pris comme nous l’avons fait cette semaine sur le mariage et l’adoption ouvert à tous
dans l’égalité, mais c’est vrai aussi pour tout ce qui concerne la rénovation en profondeur des
pratiques politiques.
C’est la raison pour laquelle, ce mercredi au Conseil des ministres, nous avons adopté un ensemble
de textes pour davantage de transparence de la part des responsables politiques : déclarations
d’intérêt et de patrimoine, lutte contre les conflits d’intérêts…et des sanctions renforcées pour ceux
qui mentiraient.
Certaines mesures simples et fortes auraient dû être, là encore, prises depuis longtemps.
Une plus grande sévérité, et une plus grande détermination dans la lutte contre la fraude fiscale et la
grande délinquance économique et financière, notamment. On estime qu’au sein de l’Union
européenne ce sont 1000 milliards d’euros qui s’évaporent ainsi ! Désormais les effectifs de la justice,
de la police, et de l’administration fiscale pour lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment seront
accrus. Les banques françaises devront publier chaque année la liste de toutes leurs filiales, la nature
de leur activité, ainsi que, pour chaque pays, leur chiffre d’affaires, leurs effectifs, leurs résultats, les
impôts payés et les aides publiques reçues.
Notre objectif est de placer notre pays au rang des démocraties les plus avancées en la matière, et de
faire de la France cette République exemplaire voulue par le Président François Hollande.
Tous ceux qui comme moi se sont engagés en politique, au service de l’Etat, dans un syndicat ou dans
une association, non pas pour en tirer des avantages ou des privilèges, l’exemplarité et la probité
sont des valeurs qui doivent rester des évidences.
Et nous irons plus loin en nous obtenant la fin du cumul des mandats, une habitude française
incompréhensible pour les citoyens car chaque mandat mérite que l’on s’y consacre entièrement.
Que personne ne s’y trompe, et ne vienne dire qu’il s’agirait de mesures qui peuvent attendre : une
démocratie affaiblie rendrait impossible le redressement du pays, les mesures de transparence de la
vie politique ne sont pas une diversion ni un aboutissement, elles sont un préalable à toute action.
En faisant ce choix de profondément rénover notre modèle social et républicain, c’est le « vivreensemble
» que nous voulons restaurer.
C’est cette volonté qui nous anime notamment lorsque nous veillons à ce que jamais on ne considère
les aides aux plus démunis comme une « assistance » dont il faudrait avoir honte mais bien comme
un filet de sécurité bénéfique à toute la société pour que chacun puisse contribuer, à la mesure de
ses compétences et ses talents, à l’avenir du pays. Nous n’avons pas fait autre chose en décidant
d’un plan de lutte contre la pauvreté : concrètement, ce sont près de 500 000 Français de plus
qu’aujourd’hui qui bénéficieront de la CMU. Une personne seule percevant moins de 719 euros par
mois sera désormais éligible à cette couverture santé. Un geste de solidarité, oui bien sûr, mais aussi
une condition de retour à une vie normale, et à un emploi. Personne n’a vocation à rester en marge.
C’est cette volonté qui nous anime lorsque nous consacrons du temps et de l’énergie pour les plus
âgés, et ma collègue Michèle Delaunay ne cesse de travailler pour montrer à quel point nos seniors
sont une chance et une richesse pour la France et non pas un fardeau.
C’est cette volonté qui nous anime en faisant de la jeunesse la priorité du quinquennat ou lorsqu’en
tant que Ministre des droits des femmes, je dis que les femmes diplômées qui restent écartées des
responsabilités sont une source de compétitivité, et qu’il faut investir en elles.
C’est cette même volonté de restaurer la confiance que nous ne cédons rien à ce qui touche à
l’essentiel du pacte républicain, et qui, peu à peu, met à l’épreuve le « vivre ensemble ».
L’introduction de la morale laïque et civique à l’école, par exemple, va dans ce sens.
Mais la nécessité d’agir contre l’insécuritéa, aussi, bien sûr, avec des violences qui ont augmentéa de 27
% sur les dix dernières années, sans que rien ni personne, malgré les postures les martiales, ne
parviennent à enrayer sérieusement leur progression.
Cette violence s’exprime partout. Après plusieurs années de baisse, je sais que l’Allier a connu,
malgré une stabilisation globale des faits de délinquance une augmentation au premier trimestre
2013 de la délinquance générale et une poussée des cambriolages.
Pour combattre cette insécurité, nous avons mis un terme à la véritable hémorragie dans les effectifs
qui a rendu la tâche des policiers et des gendarmes plus complexe.
Ainsi, tous les départs en retraite sont aujourd’hui remplacés poste par poste et 500 policiers et
gendarmes supplémentaires seront recrutés, en rythme annuel, d’ici à 2017. Cela permettra tout
d’abord, l'occupation ou la réappropriation du terrain. La proximité, c'est une des vocations des
forces de l'ordre. Les policiers et les gendarmes doivent assurer une présence plus visible, plus
dissuasive. Là aussi, c’est une question de confiance entre les citoyens, et celles et ceux dont la
mission est de les servir.
Les Français, par exemple, sont inquiets pour notre système de protection sociale et pour l’état de
nos hôpitaux. A Montluçon, le centre hôpital compte parmi les cinq plus grands établissements
d’Auvergne et dispose d’équipements de qualité. Le centre enregistre des déficits successifs depuis
sept ans et sa situation financière est préoccupante, comme beaucoup d’autres sur le territoire
national. Mais sans un système de soin adapté, comment voulez-vous qu’une ville, un département,
une région fasse preuve d’attractivité et suscite des investissements ? C’est la désertification
assurée ! C’est pourquoi le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a inscrit dans notre stratégie
nationale d’investissements un plan spécifique pour le réseau hospitalier. Par ailleurs, ici, il y a cette
année 10 millions d’euros de soutien à l’hôpital de Montluçon, dont 8 millions au titre de
l’accompagnement de la trésorerie, et 2 millions d’aides directes de l’ARS pour le traitement de la
dette. Ce n’est pas simplement pour réparer ce qui a pu être détruit par le passé, c’est aussi préparer
l’avenir.
Car le Président de la République l’a rappelé avec la plus grande force et la plus grande clarté à l’issue
du dernier Conseil des Ministres, et je ne peux que le redire ici avec les mêmes mots : il n’y a qu’une
seule priorité pour l’action gouvernementale, un seul objectif vers lequel tendent tous nos efforts, la
lutte contre le chômage, la création d’emploi.
Cette priorité n’est pas nouvelle, elle est celle du premier jour du Gouvernement de Jean-Marc
Ayrault, elle était déjà celle de la campagne de François Hollande. Nous n’avons pas attendu, nous
avons agi vite, avec la seule méthode qui vaille, celle du dialogue social et du respect des partenaires
sociaux car ce n’est pas le gouvernement tout seul qui créé des emplois. C’est le pacte de
compétitivité, c’est la loi en cours d’adoption sur la sécurisation des parcours professionnels.
Ce n’est pas ici, dans le Bourbonnais, dont je connais la forte culture syndicale que je vais rappeler
l’importance du dialogue social. Ce n’est pas ici, avec près de 25 000 inscrits à Pôle Emploi, que je
vais rappeler à quel point l’Allier est un territoire qui souffre, frappé de plein fouet par la crise.
Mais je veux que vous sachiez qu’aucun territoire n’est oublié : le Ministre du Redressement
Productif Arnaud Montebourg évoque souvent la situation de l’Allier avec une forte mobilisation de
ses moyens d’action déployés autour des entreprises du département.
Je pense à DMI hier, je pense à Transcom aujourd’hui. Je pense aussi à JPM, à Candia, à Polival.
La liste est longue, et ce serait trop promettre que de dire que tous nos efforts seront couronnés de
succès, et que tous les emplois menacés pourront être préservés à l’identique.
La situation du secteur automobile, dont dépend fortement l’activité industrielle dans l’Allier, est
particulièrement difficile : les carnets de commandes dans des entreprises emblématiques comme
Dunlop ont chuté de 12%.
Cette crise est européenne, elle est mondiale, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras.
Nous mettons en place des outils de protection, mais nous devons surtout anticiper les mutations, et
nous le faisons. J’ai inauguré ce matin à Moulins la plate-forme d’anticipation des mutations
économiques. Ces plateformes sont mises en place, dans des territoires où le tissu économique est
en forte mutation, pour aider les TPE/PME à renforcer leur compétitivité et pour encourager les
salariés à s'adapter sans passer par la case chômage.
Cette plateforme sera le guichet unique, rassemblant sur un même territoire, l’ensemble des acteurs
de la formation et de l’emploi. Les PME auront ainsi un interlocuteur unique pour répondre à leur
besoin de compétences leur permettant ainsi faire évoluer leurs ressources humaines.
Concrètement, cette plate-forme fournira à chaque entreprise qui le demandera l’accompagnement
à export, l’aide à la gestion des ressources humaines et les plans de formation nécessaires pour
mettre en valeur les compétences de ses travailleurs.
Dans toute la France, ce sont 13 territoires qui sont concernés par ce dispositif. L’Allier a été choisi en
priorité car nous avons particulièrement conscience de l’impact des restructurations industrielles
récentes.
Je sors à l’instant de Viatemis, à Saint Victor, à qui j’ai remis le Prix Oseo de l’Innovation. C’est avec
des PME comme celle-là que l’on enrayera le déclin industriel de notre pays et que l’on repartira à la
conquête de marchés émergents. Le gouvernement en a parfaitement conscience, et c’est à elles que
s’adressent les dispositifs qui ont été mis en place depuis 1 an.
Il y a d’abord le crédit d’impôt compétitivité emploi. Le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi permet
de réduire dès cette année de 4% le coût du travail pour 80% des salaires versés, autant de marges
de manoeuvre qui seront dégagées pour investir, embaucher, innover. Le CICE soulage les trésoreries
de nombreuses PME et permet d’anticiper certaines difficultés. Beaucoup de patrons de PME
s’autocensurent et ne savent pas qu’ils sont éligibles à ce crédit d’impôt. Je les invite à se renseigner
auprès des services de la DIRRECTE. A ce jour, on compte déjà quatre entreprises du bassin
montluçonnais qui ont bénéficié d’un préfinancement de leur crédit d’impôts pour un montant
cumulé de près de 300 000 euros.
Notre principal atout au service des PME s’appelle la Banque Publique d’Investissement. La BPI est
une clé de notre stratégie de croissance. Elle vient d’une idée simple : la croissance, nous la créerons
avec les salariés, mais aussi avec des financements accessibles, en proximité, aux PME qui en ont
besoin. Depuis le 1er janvier 2013, elle est le bras armé de notre politique industrielle et dispose
d’une force de frappe financière de 42 Mds € : 20 Mds € de prêts, 12 Mds € de garanties, 10 Mds €
d’investissements en fonds propres. Cette banque travaille à dynamiser les PME, à répondre à leurs
difficultés d’accès au crédit, à financer l’innovation, à financer leurs actions à l’exportation. La BPI a
déjà mobilisé 430 M€ pour les PME et TPE au titre du pré-financement du CICE. Elle leur a aussi
garanti plus de 120 M€ de trésorerie. De nouveaux prêts pour l’innovation ont été mis en place et
500 M€ sont réservés aux structures de l’économie sociale et solidaire.
La politique industrielle doit protéger l’existant, mais aussi préparer l’avenir.
Il y a ensuite les contrats de génération. Le contrat de génération permet à chaque entreprise qui
embauche en CDI un jeune de moins de 26 ans et qui maintient en emploi un salarié de plus de 57
ans d’être récompensé par des allégements de cotisations sociales. Pour chaque binôme juniorsenior,
l'entreprise recevra 4000 euros de réductions de cotisations sociales par an, sur une durée
maximum de trois ans. Le contrat de génération est un beau projet, qui permet de réconcilier à la fois
la solidarité entre les générations et l’efficacité économique. L’enjeu est grand dans l’Allier, quand on
sait par exemple que 49% des patrons de PME ont plus de 50 ans. Ces patrons de PME ont besoin de
trouver des jeunes pour passer la main et pour éviter de mettre la clef sous la porte avant de partir
en retraite. Aujourd’hui, on observe encore trop de petites entreprises qui ferment en silence quand
leur dirigeant s’en va faute de successeur. Ce sont des emplois perdus, des emplois gâchés pour
n’avoir pas su anticiper et préparer l’avenir.
Il y a les emplois d’avenir, ensuite, pour les jeunes les plus éloignés du marché du travail. Les emplois
d’avenir sont principalement destinés aux « décrocheurs », à savoir des jeunes de 16 à 25 ans sans
diplôme ni qualification, pour les remettre durablement dans l’emploi. Pour un emploi d’avenir au
SMIC, 1050€ sont payés par l’Etat et seuls 350€ restent à la charge de l’employeur. Depuis leur
lancement en décembre, il y a eu un emploi d’avenir signé chaque jour dans le département de
l’Allier, il y a eu un jeune en grande difficulté qui a repris le chemin de l’emploi dans le département
de l’Allier grâce aux emplois d’avenir. C’est un enjeu particulièrement important pour le bassin de
Montluçon, qui est le bassin le plus touché par le chômage des jeunes en Auvergne.
Nous en avons signé ce matin pour montrer que ces emplois d’avenir peuvent intéresser tout le
monde, aussi bien le secteur privé que le secteur public ou le secteur associatif.
Y compris les entreprises innovantes, bien sûr. Avec Delphine Batho, Ministre du Développement
Durable, nous évoquions il y a quelques jours encore « Landis Gyr » qui occupe une position de
leader européen sur la construction du « compteur intelligent », le compteur électronique du XXIème
siècle.
Nous sommes tout à fait conscients de l’ampleur du pari industriel que cela représente, et nous
sommes mobilisés pour accompagner le programme national de déploiement du « projet Linky ». Je
peux aujourd’hui vous l’annoncer : le gouvernement tiendra les délais de l’appel d’offres national,
afin qu’ERDF puisse commencer le déploiement d'ici fin 2014.
Ce projet Linky permettra le développement à grande échelle du compteur intelligent et la création
de 10 000 emplois dans des secteurs variés, dont notamment une centaine sur le seul site de
Montluçon.
Ce qui est vrai pour l’industrie, est vrai aussi pour ce qui fait la richesse des territoires ruraux, les
nouvelles ruralités, si chères à votre Président de Conseil Général… Et comme il a raison !
L’élevage en Allier, par exemple. La filière bovine bourbonnaise est exceptionnelle : la conservation
des traditions, avec des animaux nourris à l'herbe une grande partie de l'année, garantit une qualité
reconnue bien au-delà de nos frontières, puisque, je le rappelle, l’agriculture reste le premier
exportateur de France.
Le gouvernement se bat bec et ongles pour défendre ces atouts français, et pour sanctuariser le
budget de la Politique Agricole Commune. La PAC a été réorientée vers l'élevage : le gouvernement a
mobilisé 44 millions d’euros d'aides couplées pour l'année 2013, dont 20 millions iront
spécifiquement à la filière bovins viande. En parallèle, 10 millions d'euros de prise en charge des
cotisations sociales mis en oeuvre par la MSA seront fléchés vers les éleveurs.
Ces mesures, bien sûr, ne doivent pas occulter la grave question des prix de revient. Les marges des
éleveurs sont littéralement écrasées par la hausse des coûts de production, liée entre autres à la
hausse du prix des céréales avec lesquels ils nourrissent leurs bêtes. Le travail est engagé pour que
dans la prochaine loi sur la consommation que soit exigée plus de transparence de la part des
distributeurs dans la fixation des prix. Une clause obligatoire de prise en compte de la volatilité des
prix agricoles agroalimentaires sera instaurée pour chaque négociation entre fournisseurs,
transformateurs et distributeurs.
Mais l’Allier a d’autres atouts encore : elle est à la croisée de 5 régions, l’Auvergne, le Limousin, la
Bourgogne, le Centre et Rhône-Alpes.
Soit on se dit que c’est territoire enclavé, soit on réfléchit et on se dit que c’est un avantage
compétitif important pour des activités de logistiques et de transports, par exemple, que d’être ainsi
sur un axe géographique stratégique, à 3h30 de route de Paris comme de Lyon, grâce au croisement
de la RN7 et de l’A12.
Frédéric Cuvillier, Ministre des Transports, a eu l’occasion de le dire aux élus Bourbonnais à
l’automne dernier : quand nous sommes arrivés aux responsabilités, les projets de sécurisation de la
RCEA n’étaient même pas budgétés par le précédent gouvernement. « Grand diseur, petit faiseur »,
comme on dit.
Je vous l’annonce, la décision est imminente et la mission d’analyse commandée par le Ministre
devrait rendre ses conclusions avant le mois de juin pour mettre en valeur cet axe structurant, qui
doit amener de l’activité, de l’emploi, des richesses nouvelles.
Avec un exemple comme celui-ci, on comprend combien, je crois, à quel point il est vain d’opposer,
comme on le fait trop souvent en France, le public et le privé. Comme s’il s’agissait d’intérêts
contradictoires.
Croyez-vous que lorsque nous donnons la priorité à l’éducation, nous réfléchissons ainsi ? Non, bien
sûr, nous pensons tout simplement qu’un pays n’a pas d’avenir, et ses entreprises non plus, si la
jeunesse n’est pas bien formée dans une économie de la connaissance, de l’intelligence, du savoir, de
l’innovation et de la création.
Le projet de loi pour la refondation de l’école, adopté par l’Assemblée nationale, prévoit ainsi la
création de 60 000 postes pour les cinq ans à venir. Dès la rentrée 2012 et pour répondre à l’urgence,
6000 postes ont été créés. A la rentrée 2013, 7 000 postes supplémentaires seront créés et les
concours de recrutement seront largement ouverts, avec 43 000 recrutements prévus en 2013 et
2014.
Cette priorité à l’Education Nationale est un investissement qui concerne tout particulièrement
l’Allier. Le Bourbonnais a la chance de compter le 2ème bassin de jeunesse d’Auvergne, avec la ville de
Montluçon, son IUT, ses lycées d’excellence comme le lycée technique Paul Constans qui nous
accueille aujourd’hui. Le meilleur investissement que nous pouvons faire reste l’investissement dans
notre jeunesse, garante de notre avenir collectif.
Le hasard nous conduit à nous retrouver aujourd’hui dans un lycée qui porte le nom de Paul
Constans. Paul Constans, député progressiste, combattant de la laïcité sous la Troisième République,
était un autodidacte qui a défendu toute sa vie l’Instruction Publique, un entrepreneur qui s’est battu
pour plus de services publics, un homme attaché au Progrès et à la Fraternité. Il était à l’image de ce
que nous voulons bâtir pour la France : une nation qui encourage l’entreprenariat tout en
développant ses services publics, une nation de progrès et de laïcité, une nation qui regarde vers
l’avenir sans renier son passé.
Ensemble, nous pouvons rassembler les Français autour de cet espoir : raviver la promesse
républicaine.
Je vous remercie pour votre attention.

Aucun commentaire:

compteur de visites - adresse ip