Discours de Frédéric Kott à l'occasion du 71ème anniversaire de l'assassinat de Marx Dormoy
Chaque année, le 26 juillet, les socialistes
montluçonnais se retrouvent devant la stèle de Marx Dormoy pour commémorer son
assassinat par les fascistes.
Marx Dormoy est l'exemple,
pour nous socialistes qui sommes ses héritiers, mais également pour tous les
républicains, d'un homme qui a consacré toute sa vie à la politique, dans le
sens le plus noble de la lutte pour le progrès social, de la lutte pour
l'émancipation de l'homme, en restant constamment fidèle à ses valeurs jusqu'au
sacrifice de sa vie.
"Je crois que
le socialisme affranchira l'humanité des servitudes qui pèsent sur elle. C'est
mon idéal. Je tiens également compte du réel. J'ai donc la conviction que les
améliorations locales qui embellissent notre ville tendent à relever les conditions
matérielles et le niveau intellectuel et moral des classes laborieuses " disait Marx Dormoy.
Nous sommes réunis pour célébrer ses idées, son
action, son courage dans tous les combats qu'il a mené au service de valeurs
fortes, valeurs socialistes, valeurs humanistes, valeurs républicaines.
J'évoquerai rapidement le
militant socialiste, l'Homme d'Etat et le Maire de Montluçon, trois facettes de
son action, toujours marquée par une action réformatrice forte, un combat
infatigable au service des luttes sociales et des classes populaires, une
fidélité permanente aux valeurs socialistes et républicaines, à la lutte contre
le fascisme. Il est mort pour ses idées.
Chaque année nous
rappelons ce qu'il a été, ce qu'il a fait et en quoi nous nous sentons en
filiation
avec celui que nous
considérons comme le plus illustre des montluçonnais.
LE MILITANT SOCIALISTE
: "les socialistes sont respectueux de toutes les opinions. Nous
détestons le sectarisme, sous quelque forme qu'il se présente ".
Marx Dormoy est l'homme de
la liberté, du refus de la fatalité.
Nous retenons de lui son
courage et sa clairvoyance: à l'heure des grands choix, il a toujours su faire preuve
d'un esprit visionnaire.
D'abord au Congrès de
Tours, en 1920, en s'opposant avec force aux conditions imposées par Lénine et
en refusant l'entrée dans la troisième internationale. "le
socialisme démocratique est le plus grand et le plus bel idéal de solidarité,
et le seul moyen pratique de faire germer le bonheur dans les sociétés humaines
"
Ensuite face à la montée
du fascisme et du national-socialisme, en se montrant sans complaisance à l'égard
des régimes totalitaires.
Et surtout, le 10 juillet
1940, quant la République est enterrée, il fait partie des 80 parlementaires
qui sauvent l'honneur en s'opposant au vote des pleins pouvoirs à Pétain.
L'HOMME D'ETAT :
Au sein du Gouvernement,
Marx Dormoy, Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil, se trouve être le
plus proche collaborateur de Léon Blum, et sera étroitement associé aux accords
Matignon.
Le 17 novembre 1936, Roger
Salengro se suicide, miné par les campagnes de calomnies menées par
l'extrême-droite. Marx Dormoy est nommé Ministre de l'Intérieur.
On connaît d'avantage son
action à ce poste, et sa lutte permanente contre les fascistes et en particulier
contre la Cagoule, avec la révocation de Doriot, maire fasciste de Saint-Denis.
Ecoutons Léon Blum: "la
menace d'un putsch fasciste était réelle : il eut l'audace de pousser à fond la
lutte contre la Cagoule. C'est par l'effort tenace de sa volonté que les fils
du complot furent débrouillés, que les dépôts d'armes furent en partie
découverts, qu'un certain nombre de chefs fut identifié. La Cagoule s'est
vengée en tuant Dormoy ".
La spirale infernale de
1939-1941 va se déchaîner : la défaite et l'invasion allemande, le vote des pleins
pouvoirs à Pétain avec le refus des 80 parlementaires conduits par Léon Blum et
Marx Dormoy, premier acte de résistance à l'Etat de Vichy, puis la dissolution
du Conseil Municipal et la révocation de Dormoy en septembre 1940, et enfin le
lâche assassinat perpétré par les fascistes en cette nuit du 25 au 26 juillet
1941.
MARX DORMOY MAIRE DE
MONTLUCON :
C'est le 9 mai 1926 qu'il
succède à Paul Constans, et dès son discours d'ouverture, il met en avant sa volonté
de rassembler tous les montluçonnais, et s'inscrit dans la continuité de ses
prédécesseurs socialistes: "ensemble, nous travaillerons ainsi à
l'avènement de cette république idéale fondée sur l'harmonie sociale et la
justice entre les hommes ".
Toutes les réalisations le
seront au service des habitants, avec une politique sociale audacieuse et en avance
sur son temps, tout en maintenant une gestion saine et équilibrée des finances
de la Ville. Aménageur soucieux des besoins collectifs et en particulier des
plus démunis, telle était sa démarche, pour faire de Montluçon une ville
moderne et humaine.
DES RACINES FORTES :
Parce que toute démarche
progressiste doit analyser le passé pour tendre vers l'avenir, nous tenons à cette
date du 26 juillet pour nous livrer à ce devoir de mémoire, à cette immersion
dans nos racines et nos valeurs fondamentales. Ce n’est pas faire acte de
nostalgie.
Face
à une crise qui menace d’effacer tous les repères, il nous appartient de
poursuivre son combat et de se référer aux principes qui guidèrent son action.
Nous continuons à
perpétuer la mémoire de l'Homme d'Etat, du bâtisseur, du grand socialiste et du
grand Maire qu'a été Marx Dormoy, pour faire vivre les valeurs de solidarité,
de fraternité, de tolérance chères aux montluçonnais.