mardi 22 mai 2012


Ambiguïté

Par Nicolas Demorand, Directeur de Libération

 
L’UMP voudrait faire des législatives une revanche sur la présidentielle, pour reprendre ce qu’elle estime lui revenir de droit : le pouvoir. 
Que la gauche, elle, n’exercerait que par effraction, hasard ou circonstance exceptionnelle. 
Telle est la seule conviction avec laquelle la droite part au combat. 
Car, pour le reste, aucun enseignement n’a encore été tiré de la défaite de Nicolas Sarkozy. 
Et donc aucune révision de doctrine, aucune réflexion sur le corpus idéologique, aucune ligne quant aux dérives extrême-droitières de la fin de campagne présidentielle. 
Tout reste impensé, cette ambiguïté étant à la fois tactique (on n’en sort qu’à ses dépens, en se tirant une balle dans le pied à quelques semaines d’un scrutin) et, autrement plus grave, ontologique (qu’est-ce qu’être de droite aujourd’hui ?). 
La politique ayant horreur du vide, l’absence de réflexion au sommet risque d’être tranché par la base. Dans toutes ces circonscriptions où la droite dure côtoie le Front national, parle à quelques toutes petites nuances près la même langue et ne voit donc pas de problème majeur à faire sauter les digues qui, jusque-là, semblaient intangibles. 
Marine Le Pen ne s’y trompe pas en remerciant, avec gourmandise, l’ex-conseiller Patrick Buisson de l’ex-président Sarkozy d’avoir mis le ver dans le fruit UMP. Et le FN au cœur de la recomposition nécessaire, urgente, de la droite française. 
Après la perte du Sénat, de l’Elysée et, si la gauche reste vigoureusement mobilisée, celle de l’Assemblée, le bilan politique du sarkozysme apparaîtra dans toute sa crudité : un désastre pour la droite.

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