On a beau faire profession de raconter le malheur du monde, qui n'en est pas avare, on a beau avoir assisté au fil des années à la répétition des horreurs infligées à la pauvre humanité, on reste, devant les crimes de Bachar al-Assad, saisi d'une rage sans nom. Chacun l'a maintenant compris : ce fils à papa formé à Londres, caché derrière un hypocrite sourire de faux timide, longtemps choyé par les diplomaties occidentales, abrité dans son palais d'or et de marbre, n'est qu'un boucher cravaté.
Protégé par une phalange de tueurs de civils, adepte de l'achèvement des blessés et du martyre des enfants, ce tortionnaire endimanché s'apprête, après avoir chassé les journalistes en assassinant quelques-uns d'entre eux pour l'exemple, à exterminer sans témoins ceux qui ont eu le front de réclamer un peu de démocratie en Syrie. La question n'est plus de savoir s'il faut le condamner. L'opinion mondiale, pour l'essentiel, a compris que le régime baasiste, jadis plus ou moins progressiste, n'est que le paravent d'un clan corrompu appuyé par des assassins stipendiés, qui joue d'un mélange de terreur et de confits interreligieux pour se maintenir au pouvoir. La question est de trouver les moyens de l'arrêter.
Une non-intervention serait fatale
La sagesse incertaine des réalistes conduit à un mot d'ordre simple et décourageant : surtout, ne pas intervenir ! On comprend, pour une fois, leurs raisons. Il y faudrait l'aval de l'ONU, paralysée par l'opposition russe et chinoise ; il y faudrait une force militaire considérable dont l'irruption au coeur du Proche-Orient instable reviendrait à jeter une torche dans une poudrière ; il y faudrait encore vaincre l'opposition armée du régime, qui s'appuie sur une troupe aguerrie et bien équipée. Toutes choses risquées, dangereuses, pour l'instant hors de portée.
Encore les contempteurs habituels du "droit-de-l'hommisme", si prompts à dénoncer le coût humain, financier et politique d'une intervention, devraient-ils cette fois comptabiliser avec autant de vigilance le coût humain, financier et politique d'une non-intervention. L'abstention des démocraties, alors même que la plupart des pays arabes réclament le départ du fantoche sanglant, encouragera tous leurs ennemis, consolidera les autres dictateurs et prononcera le massacre, et bientôt la défaite, du peuple syrien révolté. La realpolitik nous coûte décidément très cher.
Stopper les complices des bourreaux
Pourtant, entre abandon et aventurisme, il y a peut-être un chemin. Alain Juppé en a indiqué la direction : obtenir, dans un premier temps, la réouverture du pays aux ONG et aux journalistes, pour soulager la population civile et faire revenir sur place les témoins qui peuvent freiner les bourreaux. C'est peu de choses et c'est beaucoup. Pour aider à cette première action, la seule envisageable dans l'immédiat, notre journal a décidé de susciter un geste symbolique : réunir au bas de la même revendication, claire et limitée, les signatures des candidats à l'élection présidentielle.
C'est le sens de l'appel que nous publions ici, destiné à hâter la prise de conscience et à montrer que ce régime cruel et cauteleux n'a rien à espérer de la prochaine élection, qui mettra au pouvoir, en tout état de cause, un gouvernement qui condamnera son action. Il vise aussi à s'assurer que le prochain président, quel qu'il soit, ne pourra pas revenir en arrière sur ce point au nom de considérations plus ou moins diplomatiques. Aussi bien, il doit l'inciter à faire pression, tout autant, sur les gouvernements de Chine et de Russie, dont les détenteurs manifestement apeurés par une éventuelle victoire des peuples, se comportent aujourd'hui en simples complices des bourreaux et des tortionnaires, auxquels on ne devrait même pas serrer la main.
1 commentaire:
Voici un article sur la Syrie :
http://www.blogactualite.org/2012/02/syrie-apres-un-de-contestation-le.html
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