Après une intense campagne d'hésitation, une courageuse salve de communiqués, une volontariste série de renoncements, un impressionnant déploiement d'impuissance, l'Onu, l'Otan, l'Union européenne et les grandes puissances ont décidé avec une fière unanimité qu'il était urgent de laisser Mouammar Kadhafi restaurer sa dictature. Ainsi est conjuré le principal danger qui nous menaçait : voir les démocrates agir pour la démocratie.
On dira que la situation militaire était complexe, que l'aviation ne pouvait pas intervenir à la légère, que les opposants n'avaient pas de capacité militaires. Et comme il eût fallu une unité de vue entre les puissances, un accord américain, un blanc-seing de l'Europe, une résolution des Nations Unies, une bénédiction des dictateurs chinois et une bulle du Pape, les chances d'action étaient minces. Certes les objections techniques n'étaient pas dénuées de pertinence et on ne recourt pas à la force sans réflexion minimale. Mais comme on avait décidé d'avance qu'on n'agirait pas sans remplir une multitude de conditions, il était clair que la détermination de ne rien faire l'emporterait avant même toute étude des possibilités d'aide aux insurgés.
Kadhafi va pouvoir rétablir son régime d'oppression ubuesque, éliminer dans le sang ceux qui ont eu la naïveté de croire à nos principes, rétablir avec notre consentement torture, exécutions sommaires et propagande. Ses congénères dictateurs en seront tout ragaillardis et les révolutions arabes soudain découragées.
L'ordre règne à Tripoli. Ouf !
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