L'affaire tourne à l'obsession.
Après le débat sur l'identité nationale, la loi sur le voile intégral, la polémique sur le "Quick halal", la dénonciation de minarets inexistants, l'amalgame grenoblois entre minorités et insécurité, la condamnation des prières de rue et, enfin, le spectre de l'immigration massive agité à propos des révolutions arabes - le tout en une seule année de vie publique - nos compatriotes musulmans, dont la plupart ne veulent pas être définis comme musulmans, dont la plupart sont peu pratiquants, dont la plupart demandent avant tout le droit à l'indifférence, se voient maintenant infliger un débat national sur l'islam et la laïcité.
L'opposition condamne, la droite de bon sens crie casse-cou, le Premier ministre lui-même prend ses distances. Rien n'y fait : en fauve politique dompté par le fouet de Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy veut à toute force, à tout prix, à tout risque, lancer un barnum national qui n'a d'autre fonction que d'agiter la peur de l'islam. L'arrière-pensée électorale est évidente ; le risque de favoriser le Front national a été énoncé avec une sarcastique jubilation par sa patronne rayonnante ; l'injustice faite à la masse des musulmans qui souhaitent vivre en paix loin des regards du politique crève les yeux. Et pourtant le président s'obstine, persuadé qu'en gonflant l'intolérance, il fera grossir ses sondages, qu'en divisant les Français, il unira la droite autour de lui.
Il faut parler de la laïcité ? Peut-être. Mais pas sur ordre, dans un débat officiel, sur une injonction purement électorale. A l'heure où les peuples arabes démontrent chaque jour leur amour de la liberté, les républicains de bonne foi doivent dénoncer un piège grossier, qui n'aura d'autre effet que de d'ameuter les Français contre d'autres Français.
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