jeudi 2 décembre 2010

On ne s’improvise pas défenseur du monde rural

par René SOUCHON

Alors que le récent remaniement ministériel a été l’occasion pour le futur candidat Sarkozy de préparer le terrain politique pour l’élection de 2012, ce dernier a organisé une nouvelle fois un déplacement sur le thème de la ruralité et de l’agriculture. La destination choisie cette fois-ci était l’Auvergne, et plus précisément l’Allier, alors qu’une future candidature de Brice Hortefeux sur le secteur de Vichy aux prochaines élections cantonales est de plus en plus évoquée. La manœuvre apparaît d’emblée comme une démarche caractérisée de pré-campagne dont personne n’est dupe. Il s’agit de choyer un électorat rural qui peu à peu se lasse des tergiversations présidentielles incessantes.

L’Auvergne a déjà accueilli Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire en septembre 2006 dans un contexte de pré - campagne électorale à l’occasion de la finale nationale de concours de labour organisée à Vergezac en Haute-Loire. Une visite le temps d’un discours plein de compassion pour le monde rural et nos agriculteurs. Des propos et des promesses non suivis d’effets. Quatre ans plus tard, il était absent lors de l’ouverture du Salon de l’agriculture, provoquant un tollé chez les organisateurs et la profession. Plus récemment, c’est son ministre de l’agriculture qui « séchait » l’édition 2010 du Sommet de l’élevage dans un contexte de crise agricole exprimées par des manifestations d’éleveurs en plein doute.


La cohérence entre le parcours politique de Nicolas Sarkozy et sa récente préoccupation pour le monde rural ne va pas de soit. Le Président a trop longtemps été de ceux qui défendaient mordicus le libéralisme économique pour aujourd’hui se rendre compte, un peu tard, des méfaits de ce système sur l’équilibre de nos territoires ruraux.

L’Auvergne, de ce point de vue, illustre à quel point libéralisme et ruralité ne font pas bon ménage.

En matière d’agriculture, notons que la crise laitière récente et non encore résolue, traduit les menaces d’une trop grande ouverture des marchés à la libre concurrence. Dans une région laitière comme l’Auvergne, l’appréhension de l’après quotas est grande, tant les incertitudes pèsent sur la sauvegarde de notre production régionale dans une économie agricole non régulée.

Que dire également des logiques commerciales qui renvoient aux oubliettes l’aménagement du territoire. Les contraintes de reliefs sont réelles en Auvergne et le développement des grandes infrastructures de transports ferroviaires se heurte toujours à la nécessité de rentabilité. Les atermoiements actuels de l’Etat qui tarde à financer une ligne à grande vitesse desservant pleinement l’Auvergne en dit long sur le manque de considération du pouvoir actuel à l’égard d’un territoire comme le notre. Cette logique économique est aussi celle qui préside au développement de l’internet très haut débit dans notre pays. Là encore, seule l’action de la puissance publique peut empêcher le désert numérique. L’internet très haut débit représente une opportunité majeure, marquant une rupture tout aussi importante que celle qui avait été marquée par l’arrivée du train au 19ème siècle. ...Un rendez vous à ne pas manquer, mais qui nécessite des moyens de l’Etat au nom de la solidarité territoriale et de l’égalité républicaine. Ces technologies sont devenues à mes yeux « un droit universel » pour les populations. Il en va de la qualité de l’éducation, de la capacité à travailler partout sur le territoire.

Que dire enfin de l’évolution des services publics, dont on voit bien là encore que leur existence est encore trop souvent menacée dans de nombreuses régions rurales. Pourtant l’accès aux services de santé, l’accès aux services postaux, à l’éducation, aux transports publics, sont des éléments essentiels de maintien et de développement des zones rurales. Il ne s’agit pas ici d’un débat simpliste, mais bel et bien d’un enjeu majeur qui se pose en terme de droit. Un Auvergnat a tout autant le droit que quiconque de pouvoir disposer de tous les services publics utiles et essentiels à son équilibre de vie. L’Etat a donc un devoir en la matière, mais nous assistons à une démission et à un « déménagement du territoire », si l’on se réfère notamment au récent mouvement des élus creusois confrontés à de nombreuses fermetures de services publics d’Etat. A l’image de l’Auvergne, les collectivités multiplient toutefois leurs initiatives en faisant appel à des solutions innovantes pour proposer de nouveaux services (accueil de nouveaux ruraux, points visio-publics, points multiservices,développement des filières agricoles courtes et du « bio »).

J’aurais aimé évoquer l’avenir de la ruralité avec le Président de la République, j’aurais aimé participer à la table ronde qu’il organise. J’aurais aimé expliquer nos mesures régionales en faveur des filières agricoles de qualité et de l’agriculture biologique. J’aurais apprécié un échange serein, constructif, un débat sur les différentes conceptions du développement rural et des moyens à mettre en œuvre. J’aurais aimé mais….la collectivité territoriale que je représente n’a pas été invitée.

1 commentaire:

grognon a dit…

Le rural Sarko, il a oublié qu'une ferme, ce n'est pas un salon bourgeois de Neuilly. Il s'est pointé avec costar en alpaga et pompes en croco.
Comme chantait Michel Delpech : << On dirait qu'ça t'gêne de marcher dans la boue... >>
Oh le vilain fermier qui n'a pas mis de tapis rouge ni dans sa cour ni dans son étable !

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