Sans se faire d'illusions sur ce que sont et sur ce que veulent les Etats-Unis, cette grande puissance tourne la page des tristes années Bush de la meilleure des manières avec l'arrivée à la Maison Blanche de Barak Obama.
Puisse ce nouveau Président être plus qu'un symbole et contribuer à résoudre les défis de la de la justice, de la paix et de la sauvegarde de notre planète.
1 commentaire:
Chères amies, chers amis,
Mardi 20 janvier, Washington, au café Millot, Dermon Avenue
Depuis ce café très proche des cérémonies, je vous envoie cette lettre.
Dès cinq heures du matin dans un froid glacial, des centaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants de tous âges, de toutes les couleurs et de toutes conditions - ce que Barack Obama a appelé le « patchwork of our heritage » - ont convergé vers le Mall pour vivre ce moment historique. Comme s’ils voulaient s’assurer que tout cela était bien vrai !
Et c’est sans compter les milliards d’autres qui, à travers les écrans de télévision du monde entier, et je pense en particulier au continent africain, avaient au même moment les yeux rivés sur cette façade ouest du Capitole.
La cérémonie d’investiture a eu beaucoup d’allure. Barack Obama est sans conteste très charismatique et il se dégageait de cette immense foule, joyeuse et pleine d’espoir, une véritable force démocratique.
Que retenir du discours de Barack Obama ?
Vous le lirez en entier, mais voici les idées et les citations qui m’ont marquée :
Tout d’abord un diagnostic sans concession sur la crise économique et sur la violence du monde, qui sont « la conséquence de la cupidité et de l'irresponsabilité de certains, mais aussi de notre échec collectif à faire des choix difficiles et à préparer la nation à une nouvelle ère. »
L'Amérique est une nation d'immigrants « qui ont pris des risques » - des hommes et des femmes anonymes -, « qui ont souffert de la morsure du fouet. » Concorde, Gettysburg, Normandy, Khe Sahn sont les quatre batailles auxquelles Barack Obama a fait ensuite référence pour mobiliser les énergies de la nation.
La démocratie fait chaque citoyen, qui, par son action, doit accompagner la prise de responsabilité de l’Etat. Il y aura une transparence absolue de tous les systèmes d’aides.
« Cette crise nous a rappelé que sans surveillance le marché peut devenir incontrôlable, et qu'une nation ne peut prospérer longtemps si elle ne favorise que les plus nantis. » Il faut donner à chacun l’occasion de réussir sa vie. Ce n’est pas de la charité.
La sécurité de ne peut pas se faire aux dépens des libertés.
« Nous sommes réunis car nous avons préféré l'espoir à la peur. »
L’Amérique a vocation à dialoguer avec le monde entier. C’est parce que les Américains ont connu la ségrégation qu’ils sont conscients de la nécessité de parler à leurs anciens adversaires.
« Le monde a changé et nous devons évoluer avec lui. » Mais nous devons le faire, a-t-il ajouté, « avec nos valeurs de toujours ».
« Ce qui nous est demandé maintenant, c'est une nouvelle ère de responsabilité » (« the new area of responsability »).
« C'est le prix, et la promesse, de la citoyenneté (…) C'est la raison pour laquelle un homme dont le père, il y a moins de 60 ans, n'aurait peut-être pas pu être servi dans un restaurant de quartier, peut maintenant se tenir devant vous pour prêter le serment le plus sacré. »
Ce discours a duré vingt minutes. La foule était saisie par ces paroles, par cet appel constant à chacun pour qu’il se mette en mouvement, par la force du symbole et la volonté politique.
Des centaines de personnes se sont ensuite déplacé paisiblement du Mall vers Constitution Avenue pour assister au défilé qui montrait si bien la diversité de l’Amérique.
Tout-à-l’heure, nous sommes passés devant une maison sur laquelle est affichée en grandes lettres : « 20 janvier 2009 : la fin d’une erreur ».
Cordialement,
Ségolène Royal
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