mercredi 4 avril 2012

Les syndicalistes réagissent


«Sarkozy a trahi la France, il ne va pas nous donner de leçons»

Un salarié d'ArcelorMittal, le 8 mars 2012, à Florange

C'est un Edouard Martin passablement énervé qui décroche son téléphone. Embarqué depuis cinq jours dans une «marche de l'acier vers Paris», avec une vingtaine d'ouvriers de l'aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle), le représentant CFDT marche aujourd'hui entre Epernay et Château-Thierry. Sur la route, il répond aux attaques du président de la République, qui accuse son syndicat de tromper les salariés.

Comment réagissez-vous aux attaques de Nicolas Sarkozy qui vous accuse d'avoir«trahi» les salariés de l'usine ArcelorMittal de Florange ?

On n'en a rien à faire. Ce n'est pas le monsieur qui a trahi la France entière qui va nous donner des leçons. Nous avons été élus par 90% des salariés, nous sommes légitimes. Et si, pour lui, faire de la politique, c'est parler de la viande halal dans les cantines, c'est grave. De notre côté, nous sommes là pour défendre les salariés et nos emplois. Lui, il ne fait qu'insulter le monde ouvrier et les 5 000 salariés de Florange. Le président du peuple attaque le peuple.

Nicolas Sarkozy vous accuse d'être venus à Paris pour l'«insulter» et «casser» son siège de campagne. Vous démentez ?

Mais bien sûr ! Et les 50 journalistes présents ce jour-là pourront vous le dire aussi. Nous sommes venus sans armes ni bâtons. Tout ce que nous avions prévu, c'est de faire un pique-nique et de montrer quelques échantillons de notre production au Président. Mais on a été accueillis par les gaz lacrymogènes de la police. Nicolas Sarkozy est un menteur. La veille de notre venue à Paris, nous nous étions entretenus avec un responsable de la préfecture de police de Paris, à qui on avait donné notre itinéraire. On n'avait aucune mauvaise intention. La preuve, c'est que la préfecture nous a donné une escorte jusqu'à la rue de la Convention, lieu du siège du QG de campagne de Sarkozy.

Quand le Président dit qu'il veut sauver l'usine de Florange, vous le croyez ?

On ne croit plus en rien, à part les faits et les actes. Or, pour l'heure, Nicolas Sarkozy ne fait que parler. On a vu ce qu'il a fait à Gandrange en 2008. Allez sur YouTube, vous verrez la vidéo où il dit«Je ne vous laisserai pas tomber». Ces mots sont encore gravés dans ma tête. Aujourd'hui, il y a plein d'usines qui ferment en France. Il est normal que les syndicats s'inquiètent de leur futur. Et si demain Nicolas Sarkozy sauve l'usine, on lui dira merci. Mais on voit très bien qu'il n'a aucune prise sur les événements. Mittal l'a déjà ennuyé en 2008, et il recommence cette année. En tout cas, je vois à travers notre marche jusqu'à Paris que nous sommes soutenus par énormément de monde. Nous recevons des milliers de messages de soutien, y compris de cadres de l'usine. Je donne rendez-vous à tous ces gens à Paris le 6 avril, pour notre arrivée.


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