Le ministre de l’Intérieur vient coup sur coup de publier un "Code de la laïcité et de la liberté religieuse" et de demander aux préfets de créer dans chaque département une "Conférence départementale de la laïcité et des libertés religieuses".
C’est pourquoi je me suis permis de l’interpeller dans une "lettre ouverte" ou j’écris : « Sur la forme, publier un Code – qui n’en est d’ailleurs pas un mais plutôt un recueil… je vous rappelle que seul le Parlement peut se livrer à un exercice de codification – ou bien convoquer des conférences départementales sur ces sujets, aurait pu réunir un consensus républicain.
C’est sur le fond que vos initiatives posent un grave problème.
Le fond révélé par ce titre qui commence bien, la "laïcité", et finit mal, très mal, avec cette "liberté religieuse".
Comme je vous l’ai dit il y a quelques mois dans l’hémicycle lors du débat parlementaire sur l’interdiction du voile intégral dans les lieux publics, ce concept de "liberté religieuse" n’existe pas dans le droit français. Il a toujours été rejeté par les républicains qui lui ont préféré, notamment dans la loi de 1905, celui de "liberté de conscience" qui est plus universel parce qu’il reconnaît la liberté de croire– ce que vous appelez la liberté religieuse – et la liberté de ne pas croire, d’être athée ou agnostique ce qui concerne la majorité de nos concitoyens d’après de récentes enquêtes.
Les républicains, dans notre droit, ont conjugué «la liberté de conscience», sans doute la plus belle de nos libertés individuelles, et le "libre exercice des cultes" dans le respect de l’ordre public. Nulle part, dans notre droit, nulle part, ce concept de "liberté religieuse" n’a eu droit de cité.
Pour être précis et au risque de vous déplaire, il y a eu, dans notre histoire, deux tentatives de reconnaissance de cette liberté religieuse : d’abord par le maréchal Pétain et le gouvernement de Vichy, ensuite par des sectes contemporaines et, en particulier, l’église de scientologie.
Pourquoi donc relayer aujourd’hui ces tentatives et leur donner quelque aval que ce soit ? C’est pourquoi je vous demande solennellement de rebaptiser ce Code et ces conférences départementales du nom de "la laïcité et la liberté de conscience".
Dans la négative, nous serions nombreux à demander leur boycott. »
C’est à cette vigilance que j’appelle tous les élus socialistes et républicains.
Jean Glavany,
Député et conseiller général des Hautes-Pyrénées
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