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Le nombre de médecins par rapport aux habitants n'est pourtant pas en cause : le nouvel Atlas de la démographie médicale en France, publié mardi par le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), en recense un total de 261 378 au 1er janvier 2010, dont 216 450 en activité. En trente ans, leur nombre a augmenté de 93,1 %, bien plus que la population.
UN CORPS MÉDICAL VIEILLISSANT
En tenant compte seulement des médecins en activité régulière (sans les médecins remplaçants ou temporairement sans activité), la densité moyenne nationale est de 308,8 médecins pour 100 000 habitants. Un chiffre qui masque une réalité préoccupante, car les médecins vieillissent et les départs à la retraite s'annoncent massifs dans les années à venir.
Le nombre de "sortants" de la profession, le plus souvent pour cause de retraite, a progressé en un an de 6,6 %, tandis que les "entrants" n'ont augmenté que de 1,8 %. L'âge moyen des praticiens en activité régulière est de 50 ans et 41,7 % d'entre eux sont âgés de 50 à 59 ans. Les plus de 60 ans représentent 16,1 % du total.
L'AMBITION DES JEUNES MÉDECINS A CHANGÉ
Selon le président du CNOM, Michel Legmann, il faut inciter les médecins retraités à rester en fonction en réduisant leurs charges sociales. D'autant qu'un simple remplacement de ces médecins par des plus jeunes ne suffira pas. Ils délaissent en particulier massivement l'exercice en libéral : seulement 8,6 % des nouveaux inscrits à l'Ordre l'ont choisi, alors qu'ils étaient 50 % dans les années quatre-vingt.
Les jeunes praticiens et praticiennes se contentent de rémunérations et d'un confort matériel moins élevés, au profit d'une meilleure qualité de vie. "On n'est pas ambitieux, pas de maison de campagne, pas de vacances dans les îles. On se contente d'une vie tranquille, le moins d'astreintes possible, et on s'occupe des enfants le mercredi", constate M. Legmann.
Or, le système de soins français repose, comme l'a encore rappelé mardi, devant les députés, le ministre du travail et de la santé, Xavier Bertrand, "sur deux piliers, l'hôpital et la médecine de proximité", essentiellement libérale. C'est notamment le cas dans les zones rurales, où de plus en plus de praticiens ne trouvent plus de successeurs.
LES ZONES RURALES EN PÉNURIE
Les jeunes médecins ne veulent pas y aller. Et phénomène nouveau, les médecins étrangers – au nombre de 10 165 – non plus. Des collectivités locales ont ces dernières années fait de gros efforts pour les attirer, notamment des Roumains, devenus le groupe le plus nombreux. Mais ces praticiens ont rapidement mis la clé sous la porte, abandonnant la commune rurale et même la pratique libérale au profit d'un emploi salarié en ville. Aussi l'Ordre a-t-il mis en garde les élus contre les pratiques de certaines agences spécialisées dans le recrutement de médecins étrangers.
Autre évolution jugée "préoccupante" : la progression du nombre de médecins remplaçants: 10 006, soit + 754 % en trente ans. Plutôt jeunes (38,5 ans), de sexe féminin, la moitié travaillent moins de trois jours par semaine.
L'Ordre a enfin une nouvelle fois pointé l'inégale répartition géographique des médecins, généralistes comme spécialistes. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est la mieux lotie avec 374 médecins pour 100 000 habitants, dépassant l'Ile-de-France (370) et les autres régions du Sud. Dans le bas du tableau figure la Picardie (239).
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