jeudi 12 août 2010

Roms : dans les Hauts-de-Seine, Sarkozy n'a pas été exemplaire
Le département anciennement géré par le chef de l'Etat n'a construit que 10% des aires d'accueil que la loi lui imposait.
Le camp du Hanul, à Saint-Denis, en Ile-de-France  (Sipa)

Le président de la République l'a promis : "Au moins la moitié des implantations sauvages" de Roms seront détruites d'ici trois mois. Cette annonce a connu un début d'application le 6 août à Saint-Etienne, où 135 Roms d'origine roumaine ont été délogés d'un campement illégal. Promesse tenue ? En partie seulement, car sur le terrain, la situation n'est pas réglée. Une quarantaine de Roms ont trouvé refuge sur la place de la mairie de Saint-Etienne, où ils ont passé la nuit de dimanche à lundi, selon le quotidien régional Le Progrès.

Car l'évacuation d'un campement illégal ne peut avoir que trois issues. La première, c'est le départ des Roms de l'Hexagone, à la suite d'un avis d'obligation de quitter le territoire français (OQTF). Mais les Roms sont citoyens européens. Ils peuvent donc circuler librement à l'intérieur de l'UE. Même si certains critères permettent de les expulser, notamment lorsque le séjour dépasse trois mois (article L121-1), les Roms peuvent donc revenir en France. "Il n'est pas rare que nos équipes rencontrent des familles ayant été expulsées six fois au cours des six derniers mois", explique-t-on chez Médecins du Monde. Les Roms ont ainsi représenté un tiers des reconduites à la frontière en 2009.

Une seule aire d'accueil dans les Hauts-de-Seine

Pour ceux qui restent en France, les deux autres options sont simples : monter un nouveau campement illégal ou bien s'installer dans une aire prévue à cet effet. Car depuis la loi Besson du 5 juillet 2000, chaque commune de plus de 5.000 habitants a pour obligation d'aménager une aire d'accueil des gens du voyage. Mais 10 ans après le vote de la loi (qui porte le nom du socialiste Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement dans le gouvernement de Lionel Jospin), force est de constater qu'elle n'est pas appliquée. Selon un rapport remis au gouvernement en octobre dernier, les objectifs sont loin d'être atteints. Au 31 décembre 2008, il existait 808 aires d'accueil en France, alors que la loi en prévoyait 1.853. Ramené au nombre de places, le taux de réalisation "n'est que de 42%", selon ce rapport.

Parmi les mauvais élèves figure l'Ile-de-France, une région dans laquelle il manque 4.200 places. Seulement 22% des emplacements prévus ont été construits. Et au sein de l'Ile-de-France, les Hauts-de-Seine sont particulièrement à la traine, avec seulement 10% de l'objectif atteint. Le schéma départemental 2003-2009 prévoyait 300 emplacements. Il n'y en a aujourd'hui que 26, sur une aire unique, à Colombes.

(Baptiste Legrand - Nouvelobs.com)

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