Les plus hautes autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.
Ce qui est à l’oeuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de la justice et à l’individualisation des peines. La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.
Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.
Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.
Bernard Kouchner : "Il y a une vraie oppression, et même une esclavagisation de ces populations. Ça, ça ne m'amuse pas du tout. Comment faire pour y remédier? En démissionnant? J'y ai pensé!."
Jean-Michel Aphatie : "Vous avez pensé à la démission à propos des Roms, M. Kouchner?"
B.K. : "Je viens de vous le dire donc je continue. Oui, oui, oui, oui, oui! Mais pour quoi faire?
J.M.A. : "Ça dit tout de même votre malaise alors".
B.K. : "Oui mais mon malaise s'est heurté à la réalité." (…)
J.M.A. : "C'est la première fois, si je peux me permettre, depuis que vous être ministre des affaires étrangères, que vous confessez avoir songé à démissionner?"
B.K. : "Profondément, oui, oui…ouais…enfin ça dépend. Ha ha ha ha, ça dépend, y'en a eu d'autres…"
J.M.A. : "Qu'est qui vous a retenu de le faire?"
B.K. : "L'efficacité. Il faut absolument…Qu'est-ce que ça aurait fait pour les Roms, il faut absolument s'en occuper beaucoup plus que…Encore une fois, j'ai commencé il y a 25 ans, c'est très difficile. Tout le monde le sait.
J.M.A. : "Vous en avez parlé avec Nicolas Sarkozy de vos états d'âme, de votre …"
B.K. : Oui, mais je voudrai d'abord finir, bien sur j'en ai parlé, bien sur j'en ai parlé. Si on n'en parle pas avec le Président, on en parle avec qui?"
J.M.A. : "Et il vous a convaincu de rester à votre poste?"
Long "blanc" de Bernard Kouchner (ndlr)
B.K. : "Je voudrais finir ma phrase…"
J.M.A. : Finissez la.
B.K. : "OK merci. C'est très important de continuer. S'en aller, c'est déserter. S'en aller c'est accepter (…)"
Une question me taraude M. Kouchner, qu'est-ce qui a pu vous mettre mal à l'aise dans cette affaire ?
Vous a-t-on entendu pendant le débat malsain sur l'identité nationale lancé par votre ex-collègue socialiste Eric Besson (et encore collègue dans ce gouvernement)? Je ne crois pas. Vous auriez pourtant pu être mal à l'aise pour un soi-disant "homme de gauche"?
Cette "polémique" sur les Roms a été créée exclusivement par le gouvernement auquel vous appartenez. Vous vous êtes heurté à la réalité mais une réalité créée par ceux à qui vous avez vendu votre âme. Ce n'est que de la "mayonnaise verbale"? Allez donc dire cela aux gens qui sont expulsés.
"S'en aller, c'est déserter. S'en aller c'est accepter."
M. Kouchner, déserter vous l'avez fait, en 2007, quand vous avez accepté de vous mettre au service de Nicolas Sarkozy. On pensait que vos idées étaient à l'opposée de celles du Chef de l'État. Peut-être l'ont-elles été…il y a 25 ans. Mais à l'évidence, c'est à un autre Bernard Kouchner à qui nous avons affaire aujourd'hui.
Celui que nous connaissions il y a 25 ans n'aurait jamais accepté, pour régler le "problème" des Roms, de pratiquer des renvois massifs d'êtres humains dans un pays où ils seront encore moins bien lotis qu'ici.
Le Bernard Kouchner d'il y a 25 ans n'aurait jamais qualifié "d'excellente" une loi Besson (Louis, pas Éric) qui n'est que très peu appliquée, Il aurait fustigé les communes de droite comme de gauche, qui ne l'auraient pas appliqué. Et vous savez que peu l'appliquent.
Le Bernard Kouchner d'il y a 25 ans n'aurait jamais déclaré que ces Roms seraient partis "volontairement après des décisions de justice", il aurait crié au scandale et à la manipulation.
M. Kouchner vous avez déjà déserté. Vos principes, vos idéaux…ou plutôt les nôtres, en tout cas les miens.
Comment pouvez-vous rester dans ce gouvernement, pourquoi y êtes vous entré?
Pourquoi ce malaise et cette non réponse quand on vous demande si Nicolas Sarkozy "vous a convaincu de rester à votre poste?" Que nous taisez-vous?
Vous avez déserté M. Kouchner, vous avez trahi le Bernard Kouchner d'il y a 25 ans, cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde.
Vous avez raison, démissionner ne servirai à rien et ce n'est pas partir qui serait "accepter", c'est rester justement.
Si votre réalité aujourd'hui est que, pour aider les Roms, la seule solution est de les renvoyer dans un pays où la misère qu'ils auront à supporter est encore pire que celle qu'ils vivent ici, et de dire qu'ils sont volontaires, vous ne valez pas mieux que M. Besson, et là je parle d'Éric, pas de Louis.
Et comme Éric Besson, vous n'avez pas besoin de déserter M. Kouchner, vous avez déjà trahi.
Comme aurait dit Jean-Luc Godard, l’image dégradée de la France de Sarkozy, «ce n’est pas juste une image». C’est aussi une réalité telle qu’elle est rapportée jour après jour par la presse étrangère mais aussi par les ONG internationales ou les instances européennes.
Les comparaisons risquées par certains confrères avec la France de la guerre ou la Gestapo sont évidemment grotesques. Et il n’y a pas de leçons à recevoir de la presse de la dictature chinoise.
Mais à lire et à écouter le reste du monde, la France qui expulse les Roms, la France qui discrimine, la France qui assimile immigrants et délinquants, ne représente pas vraiment la «patrie des droits de l’homme». Mérité par son histoire, ce qualificatif donne aussi à la France des obligations. Qu’elle est loin de remplir. La France est ainsi le pays avec le contentieux le plus lourd auprès de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg. Tout y passe : indépendance du parquet, sort des homosexuels, lenteur de la justice, suicides en prison. Selon l’Elysée, Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages penserait rebondir sur la scène internationale au moment du G20 et du G8 comme il l’a fait lorsqu’il présidait l’Union européenne. Mais son apparente surdité à l’opinion internationale, son indifférence aux instances européennes pour gérer dignement la question des Roms, laissent mal augurer de cette mue en homme d’Etat de stature internationale. Si l’on veut donner des leçons au monde, si l’on veut que la voix de la France soit audible, il faut que le pays que l’on gouverne soit exemplaire.
Je te salue chaleureusement, Martine, et toute l'équipe qui t'entoure." Ségolène Royal commence en présidente de région, évoquant la sienne, Poitou-Charentes – sa réelection haut la main, le bilan de la tempête Xynthia et l'inefficacité du gouvernement, mais annonce aussi son programme et ses objectifs. "L'être humain doit être remis au cœur de l'économie."
Une économie qu'elle place résolument à gauche. Longtemps proche de la "deuxième gauche", plutôt social-démocrate, Ségolène Royal manie cette fois un discours très social, saluant nommément les figures syndicales de sa région ou faisant huer le ministre de l'industrie,Christian Estrosi, et le "cynisme du capitalisme financier". Puis c'est au tour de Nicolas Sarkozyde subir les piques de Mme Royal :"nous lui disons, à Nicolas Sarkozy, que les visites, ça suffit! Que les discours, ça suffit! Que les mises en scène, ça suffit! On veut des actes, on veut des décisions. On veut que la France se redresse à nouveau et reparte vers le haut", a-t-elle lancé.
LA SÉCURITÉ, "UNE VALEUR UNIVERSELLE"
L'expression est devenue slogan. Ségolène Royal fait scander à la salle un "ça suffit !" pour chaque domaine, ou presque, de l'action du gouvernement. Avant de commencer le paragraphe le plus attendu de son discours : la sécurité. "Une valeur universelle, qui appartient à tout le monde." "C'est la population tout entière qui doit construire la sécurité", explique l'ex-candidate à la présidentielle, qui veut incarner le virage dogmatique du PS à ce sujet. "Il n'y a plus de laxistes" dans le parti sur la question, expliquait Manuel Valls vendredi 27 août au matin.
Fustigeant la plupart des propositions sécuritaires de Nicolas Sarkozy, dont, en référence aux Roms,"les mises en scène indignes des migrations de la misère" - Ségolène Royal évoque les siennes, revenant notamment sur l'encadrement militaire des jeunes délinquants ou des internats pour jeunes délinquants, qui lui avait valu son premier succès lors des primaires de 2006. Les réactions sont mitigées dans la salle : autant d'applaudissements que de sifflets accueillent sa proposition "d'en débattre".
La présidente de région a plus de soutien lorsqu'elle s'en prend à Nicolas Sarkozy, dénonçant un"pouvoir corrompu", alors que "le pouvoir est fait pour servir et pas pour se servir". Pour elle, ce n'est qu'une question de temps : "Dans deux ans, nous pourrons mettre fin à cette présidence, à ce gouvernement qui oppose les citoyens entre eux."
"L'HEURE N'EST PAS AU CHOIX DU CANDIDAT"
Vient la fin du discours, et Royal se lance dans une envolée comme elle les affectionne dans ses discours. Citant d'abord Jaurès, elle explique : "La peur resserre, l'espérance dilate." Une citation qui ne manquera sans doute pas d'être reprise par nombre d'humoristes de France. Elle termine par un long appel à l'unité : "Nous savons que chaque fois que les socialistes sont unis, nos voix sont plus puissantes de celle de tout le Premier Cercle de l'UMP et de ceux qui se coalisent autour."
Surtout, affirme-t-elle, "l'heure n'est pas au choix de notre candidat ou candidate". Manière de calmer le début de fièvre qui s'est emparée des socialistes après la parution du livre Petits meurtres entre camarades, dans lequel Martine Aubry affirme qu'elle décidera ou non si elle est candidate aux primaires socialistes avant le début 2011. Mais aussi après les allusions de Royal elle-même à une candidature.
Lyrique, Ségolène Royal conclut en demandant aux socialistes de dire "Ensemble : unis nous sommes, nous resterons unis quoi qu'il arrive". Le public applaudit longuement, scandant "unité, unité, unité". Longtemps une gageure au PS, le terme est cette année devenu une consigne impérative.
En quittant la tribune, l'ex-candidate PS a d'ailleurs été embrasser Martine Aubry, qui a salué son discours.
Le gouvernement isole la diminution du chômage en catégorie A pour se décerner un satisfecit inopportun et déplacé.
La réalité, c’est une nouvelle augmentation du nombre de personnes inscrit à Pôle emploi en dans les catégories A, B, C de +5 300 pour le seul mois de juillet (soit une augmentation de 8,1 % sur un an).
La réalité, c’est une nouvelle augmentation du chômage des seniors sur un mois de + 4100 (soit une augmentation de 17,6% sur an).
La réalité, c’est qu’en juillet les licenciements économiques continuent de progresser (+ 1,3%).
La réalité, c’est que les chiffres exploités par le gouvernement ne sont obtenus que grâce à une explosion des entrées en stage (plus 17,2% sur un mois) et des dispenses de recherche d’emploi (plus 24,4% en juillet). Pour le reste les chiffres sont clairs : les sorties de Pôle emploi sont en diminution et les offres d’emploi collectés n’évoluent positivement que pour les « petits boulots » et toujours pas pour les emplois durables.
La réalité, c’est que le gouvernement a baissé les bras face au chômage. Sans changement de cap de la politique économique et sans vraie politique de l’emploi, cette situation va perdurer et va peut-être même s’aggraver avec le plan d’austérité mis en œuvre par le gouvernement.
Plus de la moitié des élèves de seconde commenceront l’année sans manuels. Le gouvernement avait pourtant été averti, à de nombreuses reprises, que l’élaboration et la distribution des ouvrages correspondant aux nouveaux programmes ne pourrait se faire dans de bonnes conditions. Il faut un an pour faire un manuel. Les programmes étaient prêts en mai.
Cet incroyable couac illustre de façon caricaturale les conditions dans lesquelles a été préparée la réforme du lycée par le ministre de l’éducation nationale, Luc Châtel.
La précipitation dans laquelle ont été élaborée les nouveaux programmes – pourtant sujets de nombreuses controverses, que ce soit en SES ou en histoire géographie – n’a pas permis de véritable concertation. Ces programmes, contrairement à l’usage et au bon sens, n’ont pas pu être expérimentés ni corrigés, et les enseignants, qui les ont découverts extrêmement tardivement, n’ont en tout état de cause pas été formés à leur mise en œuvre. Cette hâte n’a aucune justification pédagogique : seuls le calendrier politique, la volonté de boucler une réforme avant les échéances de 2012 l’expliquent.
Ce sont évidemment les élèves qui sont pénalisés, tant du point de vue des pédagogique que financier. Les régions, d’ores et déjà asphyxiées financièrement, n’ont ni les moyens, ni le temps pour faire face à ces nouvelles dépenses : le coût de l’ensemble des manuels dépasse les 200 euros, et ce sont donc les familles qui paieront. Luc Châtel prétend cyniquement que les autres aides (allocation de rentrée…) reçues par les familles couvriront ces coûts. Mais chacun voit bien que cette affirmation est absurde : ces aides, que touchent moins d’un tiers des élèves de seconde et qui servent d’ores et déjà à acheter les autres fournitures, n’augmentent pas. Les nouveaux manuels sont tout simplement de nouvelles dépenses pour les familles, particulièrement lourdes pour les moins favorisées d’entre elles.
Le Parti socialiste demande au gouvernement d’assumer ses responsabilités dans le désordre qu’il a créé. L’Etat doit prendre sa part et financer le surcoût entrainé par les décisions inconséquentes du ministère.
La gratuité des manuels scolaire doit être garantie.
Alors qu’il prend la direction de France Télévisions, Rémy Pflimlin va trouver un groupe en danger. Le dossier de l’audiovisuel public témoigne à nouveau de l’impréparation qui caractérise ce gouvernement. On a appris vendredi dernier que le financement de France Télévision n’est plus assuré pour l’avenir. Les seules taxes prévues pour pallier la perte de recettes liées à la suppression de la publicité après 20 heures s’avèrent insuffisantes. La situation apparaît à ce point critique qu’elle a dû faire l’objet de l’attention de l’équipe gouvernementale réunie au Fort de Brégançon.
La suppression de la publicité en soirée devait être compensées par deux taxes, l’une sur le chiffre d'affaires des recettes publicitaires des chaînes privées et l’autre sur celui des opérateurs télécoms. Mais L’Elysée, nettement plus sensible aux arguments des concurrents du service public qu’à ceux des entreprises qu’il est censé défendre, les a réduit à leur plus simple expression. Ces taxes, loin de rapporter les 450 millions d'euros initialement annoncés, ne permettront pas de répondre aux besoins des chaînes publiques.
Or, rien n’est fait pour corriger le tir. Au contraire, les députés UMP semblent prêts à enfoncer plus encore le clou, en s’opposant à une quelconque hausse des prélèvements à destination de l’audiovisuel public – alors que la suppression définitive de la publicité sur le service public est programmée pour la fin de l’année 2011.
Depuis huit ans, je me suis gardé d'engager des polémiques contre le pouvoir. Ce n'était pas pour moi une bonne manière de participer au débat politique. Mais j'ai dû répliquer plusieurs fois à des attaques.
La droite, en effet, n'a pas fait preuve de la même réserve. Les dirigeants de l'Etat comme les chevau-légers de la majorité ont tenté avec constance de disqualifier l'action conduite par mon gouvernement de 1997 à 2002. En vérité, leur ferions-nous de l'ombre ? Et craindraient-ils que les Français ressentent trop fortement le contraste entre l'action menée par nous pendant cinq ans avec sérieux et rectitude et l'inefficacité, l'iniquité, la fébrilité, voire la vulgarité actuelles ? Est-ce une raison suffisante pour dénaturer le passé ?
Le dernier exemple en est donné par un texte, signé dans Le Monde [daté du vendredi 20 août]par quelques élus de la majorité en soutien aux égarements de M. Estrosi en matière d'insécurité. J'y relève, parmi d'autres, deux contrevérités.
La première tient en cette phrase: "L'insécurité n'est pas un fantasme des Français, comme le pensait le gouvernement de Lionel Jospin." Bien loin de cela, mon gouvernement a, dès ma déclaration de politique générale, puis au colloque de Villepinte organisé par le ministre de l'intérieur, avec ma participation et celle de plusieurs ministres, placé la lutte contre l'insécurité au premier rang de ses priorités.
Certes, nous n'avons pas pu endiguer la montée déjà ancienne des actes de délinquance. Mais nous avons conduit une politique de sécurité cohérente. Nous avons affirmé le principe que l'ordre public est d'abord une responsabilité de l'Etat. Et loin d'accuser sottement et injustement les maires, comme le fait M. Estrosi, nous les avons associés à notre action en signant avec eux des contrats locaux de sécurité. Nous avons cherché à donner à chaque acte délictueux sa sanction judiciaire, fondée sur la responsabilité personnelle, en écartant bien sûr l'idée perverse de la responsabilité collective, celle qui aujourd'hui stigmatise des quartiers, des communautés ou des catégories de Français particuliers.
Nous n'avons pas négligé la prévention, en développant les politiques de la ville. Nous avons lutté contre le chômage, réduit les injustices et gouverné l'Etat en respectant les règles de la République. Car nous savions bien que la garantie de la sécurité dépend aussi des conditions de vie de la population, des valeurs qui lui sont transmises et des exemples qui lui sont donnés.
Quant aux agents de l'Etat chargés de la sécurité, nous ne les avons pas formés pour mener une "guerre", nous nous sommes gardés de les exposer comme cibles, mais nous les avons soutenus, dans le respect du droit. Notre but étant la sécurité quotidienne des Français, nous avons mis en place la police de proximité réclamée aujourd'hui par tous.
LA POLITIQUE ACTUELLE DE LUTTE CONTRE L'INSÉCURITÉ EST UN ÉCHEC
La deuxième contrevérité éclate dans une autre phrase : "Le gouvernement renforce les moyens consacrés à la lutte contre la délinquance." C'est le contraire qui est vrai. Certes, le président et ses ministres ne sont pas avares de proclamations. La majorité a voté une cascade de textes législatifs dont la succession même souligne l'inefficacité. En pleine surenchère aujourd'hui, l'exécutif annonce même des projets qu'il reconnaît comme non constitutionnels et dont il sait qu'ils seront censurés !
Mais le gouvernement n'augmente pas les moyens de lutte contre la délinquance : il les réduit. Il a supprimé en trois ans neuf mille postes de policiers et de gendarmes (alors que, sous mon gouvernement, outre les vingt mille adjoints de sécurité, les effectifs des seuls policiers avaient augmenté de plus de cinq mille).
Le constat actuel est accablant, et il accable d'ailleurs les personnels de sécurité, inquiets déjà de la façon dont on les emploie. Une telle réduction des effectifs, dictée sans doute par une idéologie hostile au service public, est incompréhensible, car la sécurité ne peut progresser quand le nombre des policiers et des gendarmes régresse.
Le pouvoir n'a pas tiré les leçons des émeutes urbaines de 2005. Il a continué à négliger les quartiers difficiles. Il s'est enfermé dans une stratégie de tension. Il cherche moins à assurer la tranquillité publique par une présence régulière des forces de sécurité sur les terrains sensibles qu'il ne privilégie les opérations coups de poing menées de l'extérieur, avec peu de résultats judiciaires.
La politique actuelle de lutte contre l'insécurité est donc un échec. La montée des agressions contre les personnes en est le signe le plus grave, mais il n'est pas le seul. Nos forces de police sont de plus en plus exposées, et elles sont inquiètes du fossé qui se creuse entre elles et certaines couches de la population. Or, faute de résultats, nos autorités se livrent à une nouvelle escalade verbale dont les accents deviennent douteux.
Faudrait-il croire alors que pour le pouvoir et son chef, si contesté, l'objectif est moins de réduire l'insécurité que de l'exploiter ? Le président s'effacerait-il derrière le candidat ? L'espoir d'une réussite électorale reposerait-il en dernier recours sur cette exploitation ? Si ce jeu devait se poursuivre, il serait peut-être hasardeux pour le candidat, mais à coup sûr dangereux pour le pays.
Dans la nuit du 22 au 23 août 1791 éclate une violente insurrection à Saint-Domingue, colonie française des Antilles.
Esclaves noirs et affranchis revendiquent la liberté et l'égalité des droits avec les citoyens blancs. C'est le début d'une longue et meurtrière guerre qui mènera à l'indépendance d'Haïti le 1er janvier 1804.
«Il a été un bon candidat. Mais c'est un mauvais président.»
C'est, entre autres, ce que dit Jacques Chirac du Président dans la fiction publiée tous les jours par Le Monde.
Criant, presque cruel de vérité non ?
«Le drame de Sarkozy c'est qu'il n'est pas transcendé par la fonction.
On ne gouverne pas un pays avec ses pulsions, ses obsessions.
La rupture, ce n'est pas ce qu'il faut pour la France. On ne peut pas sentir le pays en rencontrant des Français trois fois vingt minutes. Un jour, il est entré dans mon bureau de l'Elysée et il a éclaté de rire en voyant mes chaussures couvertes de poussière. J'avais passé la journée aux Championnats du monde de labour. Sarkozy, un truc pareil, il ne pouvait pas comprendre. Mais il devait en faire autant. Il ne faut pas la survoler, la France, il faut la prendre.
Sarkozy aime plus la politique que la France. Il a été un bon candidat. Mais c'est un mauvais président. »
Ce portrait à l'arrache de Nicolas Sarkozy vous semble plus vrai que nature ? Vous avez tort : il s'agit d'une longue tirade mise dans la bouche de Jacques Chirac dans la fiction « Chirac, le roman d'un procès », publié chaque jour par Le Monde.
Mais tout de même. Supposons que cette fiction soit fabriquée à partir de déclarations off the record de différents acteurs politiques, ce que semblent croire nombre de déjeuneurs et de dîneurs parisiens entre deux séjours vacanciers qui se jettent sur le feuilleton du Monde chaque jour. Ce ne serait d'ailleurs pas d'une extraordinaire nouveauté : nombre de journalistes ou de pamphlétaires utilisent la fiction pour raconter des dire réels mais que les acteurs ne sont pas en position d'assumer. Et les journalistes du Monde ne sont pas les derniers à laisser entendre que ledit feuilleton est fabriqué avec des éléments réels.
Alors fiction or not fiction, le feuilleton du Monde ? La déclaration prêtée à l'ex-Président est si cruelle de vérité que la fiction semble, pour le coup, assez peu fictionnelle.
Le président de la République a réuni les conseillers et membres du gouvernement en charge des questions économiques et budgétaires à Brégançon.
Après l’esbroufe sur la sécurité, voilà l’esbroufe sur la croissance de l’économie et la baisse des déficits.
Une nouvelle fois, les mesures annoncées sont loin d’être à la hauteur et cette réunion de travail s’apparente surtout à un énième coup de communication.
Le gouvernement s’obstine à surestimer la croissance pour 2011. Les chiffres du deuxième trimestre 2010 sont trompeurs et avant tout liés à la reconstitution des stocks des entreprises. La croissance ne devrait pas dépasser cette année 1,4% contrairement à ce que vient une fois encore de répéter le communiqué officiel. Elle devrait se situer entre 1,5% et 1,8 % en 2011, selon la majorité des économistes et des institutions internationales. C’est insuffisant pour redresser les comptes publics et il est urgent de prendre enfin des mesures efficaces.
Encore une fois, rien n’est véritablement annoncé pour réduire les niches fiscales. Le président de la République s’obstine à maintenir le taux réduit de TVA dans la restauration, l’allégement des charges sociales sur les heures supplémentaires et le bouclier fiscal, mesures pourtant extrêmement coûteuses et inefficaces.
S’agissant des dépenses, le gouvernement a confirmé et même renforcé la rigueur qui pèsera sur l’ensemble des Français, en particulier des plus modestes d’entre eux. L’hypothèse d’un gel des salaires dans la fonction publique est maintenant une réalité qui frappera lourdement l’ensemble des fonctionnaires.
Le Parti socialiste appelle le gouvernement à faire enfin preuve de réalisme et de pragmatisme en revoyant les prévisions de croissance pour 2011, afin de construire un budget réaliste, et en abandonnant les dogmes politiques au premier rang desquels le bouclier fiscal et le taux réduit de TVA dans la restauration.
Sans une profonde remise en question de la politique budgétaire et fiscale, ce sont les Français moyens et modestes qui porteront une nouvelle fois la charge du redressement des comptes publics, au détriment de la consommation et de la croissance et donc, in fine, au détriment de l’objectif recherché, la baisse des déficits publics.
Une avalanche de discours et d’annonces provocatrices s’est abattue depuis plusieurs jours sur notre pays. Jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, on entend des propos qui étaient jusqu’à présent l’apanage de l’extrême droite. Le président de la République, lui-même, montre du doigt des communautés et des groupes sociaux entiers, stigmatise les Roms, les Gens du voyage, les étrangers, les Français qui ne sont pas « de souche », les parents d’enfants délinquants, etc. Ce faisant, il ne lutte en rien contre la délinquance, qui est répréhensible pour tout individu sans distinction de nationalité ou d’origine : il met délibérément en cause les principes qui fondent l’égalité républicaine, alors que déjà une crise sociale et économique d’une extrême gravité menace la cohésion de la société tout entière.
En quelques jours, les plus hautes autorités de l’Etat sont passées de l’exploitation des préjugés contre les Gens du voyage au lien, désormais proclamé, entre immigration et délinquance, puis à la remise en cause de la nationalité française dans des termes inédits depuis 1945. Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche s’inscrit dans une logique de désintégration sociale porteuse de graves dangers.
Il ne s’agit plus du débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sûreté républicaine, mais bien d’une volonté de désigner comme a priori dangereuses des millions de personnes à raison de leur origine ou de leur situation sociale. Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun responsable politique n’a reçu mandat de violer les principes les plus élémentaires sur lesquels la République s’est construite.
Parce que le seuil ainsi franchi nous inquiète pour l’avenir de tous, nous, organisations associatives, syndicales et politiques diverses mais qui avons en commun l’attachement aux principes fondamentaux de la République laïque, démocratique et sociale, rappelons avec force que l’article 1er de la Constitution « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion », et que toutes propositions qui méconnaîtraient cette règle fondatrice de la démocratie constituent une atteinte à la paix civile.
Nous n’accepterons sous aucun prétexte que le nécessaire respect de l’ordre public soit utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires.
Nous appelons donc l’ensemble des citoyens de ce pays à manifester publiquement leur opposition aux stratégies de stigmatisation et de discrimination et aux logiques de « guerre » qui menacent le vivre ensemble. A cet effet, nous proposerons dans les prochains jours à la signature en ligne un « Appel citoyen » refusant toute politique de la peur ou de la haine. Et nous appelons à un grand rassemblement citoyen à l’occasion du 140e anniversaire de la République, le samedi 4 septembre Place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, pour dire ensemble notre attachement à la liberté, à l’égalité et à la fraternité qui sont et qui resteront notre bien commun.
Signataires : AC ! Agir ensemble contre le chômage, Les Alternatifs, Les amoureux au banc public,Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM), Association France Palestine Solidarité (AFPS), Association des Marocains en France (AMF), Association nationale des Gens du voyage catholiques (ANGVC), Association républicaine des anciens combattants (ARAC), ATTAC, Autremonde, Cedetim, Confédération française démocratique du travail(CFDT),Confédération générale du travail(CGT),La Confédération Paysanne,La Cimade, Le Cran, Droit au logement (DAL), Emmaüs France, Europe Ecologie, Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI), Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS),Fédération SUD Education, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), FNASAT-Gens du voyage, Fondation Copernic, France Terre d’Asile, Gauche unitaire,Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI), Les Jeunes Verts, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Ligue de l’enseignement, Marches européennes, Médecins du Monde, Le Mouvement de la Paix, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), le Nouveau Parti anticapitaliste(NPA), le Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche, le Parti socialiste (PS), Réseau d'alerte et d'intervention pour les droits de l'Homme (RAIDH), Réseau Education Sans Frontière (RESF), SNESUP-FSU, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat de la magistrature (SM), Union syndicale Solidaires, Les Verts.
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Les Elus
Bernard Lesterlin - Député de la 2ème circonscription
Frédéric Kott - Conseiller municipal, Président du Groupe PS-Verts-Radical au Conseil Municipal de Montluçon, Conseiller communautaire