L'éditorial de Libération
Le monde a beau être devenu multipolaire fait de bric et de broc, l’élection
américaine gouverne la planète.
Par son poids économique et financier,
l’Amérique domine ; l’Europe est malade et l’euro court après le dollar. Aucun
Bric n’a atteint la masse critique des Etats-Unis et l’on sait ce que valent les
élections en Russie ou en Chine.
Culture et idéologies américaines continuent
d’influencer le monde, comme aucun autre pays. On peut encore rêver d’un rêve
américain, qui parle d’un rêve chinois, russe ou européen ?
De Reagan et ses
néocons à Clinton et ses néoréalistes, les idées politiques américaines sont
épidémiques. Et cette année, la campagne américaine se joue bien au niveau
des idées. Quel pays au monde aurait choisi des hommes aussi à droite, aussi
extrémistes à l’aune européenne pour les représenter que Mitt Romney et Paul
Ryan. A côté Merkel, Cameron ou Sarkozy, c’est le Front de gauche.
Romney a fait
son immense fortune en délocalisant des milliers d’emplois et en abritant ses
revenus dans les paradis fiscaux. Ryan, le plus idéologue des deux veut
privatiser l’assurance santé des vieux, réduire l’Etat à ses fonctions
régaliennes et interdire l’avortement même en cas d’inceste ou de viol.
Pourtant, selon les sondages, ces deux hommes font pour l’heure course quasi
égale avec Obama.
Preuve bien sûr du grand dérapage à droite du pays, Clinton
fut l’exception, Reagan la règle. Preuve aussi qu’Obama, malgré sa victoire
historique, n’a pas su vendre ses idées démocrates de justice sociale et de
progrès économique.
Les jeux ne sont pas faits mais la bataille idéologique
américaine doit nous concerner.
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