dimanche 19 août 2012


Goulag

Par François Sergent


«Il n’est point dessein de bourreau qui ne lui soit suggéré par le regard de la victime», disait Pasolini. Vendredi, dans leur cage, les Pussy Riot avaient l’œil insolent et le sourire effronté. Malgré la lourdeur de leur condamnation à deux ans de goulag pour une chanson, les trois jeunes femmes rieuses continuaient à défier Vladimir Poutine, l’homme aux yeux froids et au sourire mince. La leader, Nadejda Tolokonnikova, l’avait elle-même expliqué : «Il n’y a pas de tribunal, c’est une illusion.» Leur arrestation pour une chanson anti-Poutine dans la grande cathédrale de Moscou et leur procès ont été tout au long politiques. Aux ordres du Kremlin, comme aux meilleurs temps du KGB, dont Poutine fut colonel et dont il a gardé les méthodes. Ce procès est révélateur du système de pouvoir sous Poutine et son pantin Medvedev. Une parodie de justice et de démocratie. La Russie n’est pas un Etat de droit, elle n’a rien à faire aux côtés des démocraties du G8. Depuis son élection truquée à la présidence, Poutine n’a de cesse de réprimer toute critique de son régime dans la presse ou sur Internet, bâillonnant les ONG, muselant les médias et emprisonnant les opposants. A l’extérieur, il aide l’Iran et soutient Bachar al-Assad, qui massacre son peuple. A travers le monde, mais peu en France, la société civile et l’univers de la musique se sont justement mobilisés pour les trois jeunes femmes. Vendredi, les politiques ont fait part de leur «consternation». Il est plus que temps de condamner la Russie de Poutine.

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