Goulag
«Il n’est point dessein de bourreau qui ne lui soit suggéré par le regard
de la victime», disait Pasolini. Vendredi, dans leur cage, les Pussy Riot
avaient l’œil insolent et le sourire effronté. Malgré la lourdeur de leur
condamnation à deux ans de goulag pour une chanson, les trois jeunes femmes
rieuses continuaient à défier Vladimir Poutine, l’homme aux yeux froids et au
sourire mince. La leader, Nadejda Tolokonnikova, l’avait elle-même expliqué :
«Il n’y a pas de tribunal, c’est une illusion.» Leur arrestation pour
une chanson anti-Poutine dans la grande cathédrale de Moscou et leur procès ont
été tout au long politiques. Aux ordres du Kremlin, comme aux meilleurs temps du
KGB, dont Poutine fut colonel et dont il a gardé les méthodes. Ce procès est
révélateur du système de pouvoir sous Poutine et son pantin Medvedev. Une
parodie de justice et de démocratie. La Russie n’est pas un Etat de droit, elle
n’a rien à faire aux côtés des démocraties du G8. Depuis son élection truquée à
la présidence, Poutine n’a de cesse de réprimer toute critique de son régime
dans la presse ou sur Internet, bâillonnant les ONG, muselant les médias et
emprisonnant les opposants. A l’extérieur, il aide l’Iran et soutient Bachar
al-Assad, qui massacre son peuple. A travers le monde, mais peu en France, la
société civile et l’univers de la musique se sont justement mobilisés pour les
trois jeunes femmes. Vendredi, les politiques ont fait part de leur
«consternation». Il est plus que temps de condamner la Russie de
Poutine.
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