En décidant de ne pas reconduire Anne Lauvergeon à la présidence d'AREVA, l'exécutif porte un mauvais coup à l'industrie française. Dans notre pays comme dans le monde entier, sa compétence est connue et reconnue, par-delà les clivages politiques.
Partout sauf... à l'Elysée. Le limogeage de la présidente d'AREVA n'a pas de motif industriel. Au début du quinquennat, le pouvoir avait tenté de démanteler AREVA au bénéfice de groupes amis dirigés par des amis. Anne Lauvergeon s'était publiquement opposée à cette tentative et remporté son bras de fer avec le chef de l'Etat. Il est évident qu'elle paye aujourd'hui sa résistance et son indépendance.
Dans une économie moderne, la politique industrielle de la nation, le sort d'un fleuron aux 48 000 salariés mobilisant des centaines de PME pour la sous-traitance, l'image de l'entreprise à l'international, ne peuvent dépendre du fait du prince.
Surtout si l'on songe aux défis que doit relever la filière nucléaire civile française dont AREVA est l'un des piliers. Dans la nécessaire transition énergétique que le Parti socialiste appelle de ses voeux et dont la France a besoin, cette filière est un enjeu et un atout : pour la sécurité des installations, pour le démantèlement des centrales qui ne seront pas prolongées, pour investir massivement dans les énergies renouvelables, pour financer la recherche pour le traitement des déchets, pour définir des normes mondiales du nucléaire civil - autant d'impératifs dont le drame de Fukushima a confirmé l'urgence.
Pour rester leader, la filière énergétique française en général et son pôle nucléaire en particulier ont besoin de visibilité et de stabilité, non de dépeçage et de bricolage. Le gouvernement devrait chercher à régler les problèmes plutôt qu'à régler des comptes. C'est une exigence d'intérêt national.
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