lundi 31 janvier 2011

L'éditorial de Laurent Joffrin

Une blague a longtemps couru au Caire. Depuis Nasser, chaque raïs est remplacé par un raïs plus bête que lui. Et pourquoi Moubarak est-il encore en place ? Parce qu’il n’a trouvé personne de plus bête que lui. Apparemment, cette difficulté est aujourd’hui levée : le président égyptien a trouvé deux généraux qui ont accepté de cautionner son régime pour un replâtrage qui ne trompe personne. L’Egypte moderne est née du mouvement des officiers libres qui ont conspiré pour renverser le roi Farouk. L’Egypte de demain naîtra peut-être du mouvement des citoyens libres, qui continuent héroïquement à s’insurger au grand jour pour renverser le brutal crétin qui les tient en asservissement depuis un quart de siècle. Ubu s’est pris pour Ramsès : il a voulu fonder une nouvelle dynastie de pharaons galonnés. Mais cette fois, le peuple s’est mis en travers, galvanisé par l’exemple tunisien. De toute évidence, c’est l’armée qui tient en main le destin de l’Egypte. Les savants solennels de la géopolitique nous ont expliqué que la Tunisie était un cas unique. Ils se sont trompés et «dégage» est devenu un mot arabe, en français dans le texte. Les militaires égyptiens peuvent certes changer l’apparence du régime pour en sauver la nature dictatoriale. Trop d’intérêts, locaux ou étrangers, les taraudent pour qu’ils n’aient pas cette tentation. Mais hier, les combattants de la liberté étaient toujours dans les rues, au nom de valeurs qui sont aussi les nôtres. Ils méritent l’admiration et le soutien de tous les démocrates dans le monde.

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