lundi 19 octobre 2009

Affaire Jean Sarkozy : pour une approche républicaine, par Gaétan Gorce

Faut-il s'indigner de la nomination de Jean Sarkozy à la présidence de L'EPAD? À cette question, il faut répondre en distinguant deux niveaux.

D'abord celui de l'éthique personnelle, qui relève de la seule appréciation du Président de la République et de son fils. Est-il moral de proposer celui-ci à une pareille fonction? À mon sens non. Personnellement, je ne le ferais pas, en tant qu'élu, à l'égard d'un proche parent. C'est une question de déontologie. On connaît malheureusement celle du Chef de l'État

Celui ensuite des principes républicains. Il ne s'agit pas de s'indigner que soit choisi à une telle fonction un jeune homme de 23 ans. Cela n'aurait aucun sens. Ce dont on doit s'assurer en revanche, du point de vue de l'intérêt public, c'est que cette nomination, n'est en rien permise par l'utilisation des prérogatives que le Chef de l'État tient de sa position. Celui-ci doit se soumettre aux principes et aux procédures républicains.

La polémique ne pourra cesser que s'il accepte de le faire. Un premier pas a été franchi, hier, par le porte-parole du gouvernement, qui après de nombreuses hésitations, a fini par reconnaître qu'il ne serait pas normal que les 9 fonctionnaires représentant l'État et par conséquent placés sous les ordres de son Chef, puissent voter.

Je note que je ne lui en ai pas fait la « proposition » (comme certains l'ont écrit un peu vite), mais lui ai simplement présenté comme un principe qu'il convenait de rappeler, ce qui manifestement, pour le gouvernement, n'allait pas de soi.

Il ne s'agit pas non plus de trouver un « compromis », aucune transaction avec les valeurs et les règles républicaines n'étant évidemment admissible. Aussi convient-il maintenant pour le gouvernement d'aller plus loin. Vendredi prochain, le Conseil général des Hauts de Seine désignera son nouveau représentant au conseil d'administration de l'EPAD. Cette nouvelle désignation, qui devrait profiter à M. Jean Sarkozy, n'a été rendue possible que par la brusque démission de M. Hervé Marseille, trois mois à peine après son élection. Cette décision semble avoir été dictée par la proposition qui lui aurait été faite d'être en contre partie nommé au Conseil économique et social. Il importe donc qu'avant vendredi, le Président de al République s'engage clairement à ne pas nommer M. Marseille au CES. À défaut, la preuve serait faite que la nomination de M. Jean Sarkozy n'est liée qu'au bénéfice qu'il peut tirer de la position occupée par son Président de père...

Je suis socialiste, mais je suis d'abord républicain. Je n'ai rien à titre personnel contre le Président de la République, même si je combats sa politique. Je n'ai rien contre son fils, même si son appétit de pouvoir me laisse perplexe. Je considère simplement que la République n'a rien à gagner de la poursuite d'une polémique qui affaiblit d'abord la majorité, mais qui rejaillit ensuite sur nos institutions dans leur ensemble. La seule façon d'en sortir, et je le dis clairement au Président de la République, est de le rappeler aux devoirs de sa charge et d'apporter la démonstration à l'opinion qu'il ne confond pas ceux-ci avec ceux qu'il a à l'égard de sa famille. Nous passerons ainsi, au moins sur ce dossier, de la « Sarkocratie », que j'ai déjà eu l'occasion de dénoncer, à un fonctionnement normal et décent de nos institutions, ce que chacun ne peut que souhaiter.

1 commentaire:

sarkodingo a dit…

voila une analyse lucide et qui n'est pas partisane. Il est temps que le bon sens l'emporte sur la nomination de ce dauphin aux dents trop longues.

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