jeudi 21 juin 2012


Conférence de presse de François Hollande à l'issue du G20 à Los Cabos



Je vais vous dire ce que je pense de ce G20 à ce stade et, ce que l'on peut en attendre. Et puis ensuite je répondrais à vos questions, c'est le plus simple. Moi, j'ai trois objectifs dans ce G20. Le premier, c'est de mettre la croissance au coeur de nos discussions. Le second objectif, c'est de poursuivre le travail qui a été engagé depuis déjà plusieurs années, pour la régulation du système financier. Le troisième objectif, c'est d'envoyer un message de stabilité au marché, notamment par rapport à la cohésion de la zone euro.
Sur ces trois objectifs, je pense que le premier, mettre la croissance au coeur de nos débats est atteint. La réunion d'hier, qui a été longue, a été essentiellement consacrée à un constat, c'est que la croissance ralentie partout, pas simplement dans la zone euro ou en Europe. La Chine qui avait une croissance très élevée à deux chiffres connaît aujourd'hui un ralentissement et il y a également aux Etats-Unis, une inquiétude par rapport à l'activité de fin d'année.
Donc, c'est une prise de conscience déjà présente il y a plusieurs semaines qui s'est confirmée. J'avais déjà avec d'autres porté l'objectif de croissance dans le G8, c'est maintenant le cas dans le G20 et avec une unanimité pour en faire au moins le constat. Sur les solutions on doit considérer que les pays qui sont en excédant de balance des paiements courants, c'est-à-dire qui ont un commerce extérieur suréquilibré doivent faire un effort de soutien de la demande intérieure. Et les pays qui sont en déficit et qui connaissent des problèmes de compétitivité, doivent faire un effort de redressement, pas simplement de leurs fonds publics, mais de leur capacité exportatrice.
Sur la croissance toujours, nous avons souligné que la relativité des prix des matières premières, et notamment du pétrole, étaient une contrainte supplémentaire. Et un certain nombre de pays, notamment producteurs a également reconnu qu'il y avait besoin pour les producteurs comme pour les consommateurs, une stabilité du prix des matières premières.
Enfin, sur le commerce, sur le soutien à l'emploi, notamment à l'emploi des jeunes, il y a eu également une grande convergence de vues pour que la plupart des pays, y compris les pays émergents, mettent davantage l'accent sur cette dimension sociale de la croissance.
Sur le second objectif, c'est-à-dire la régulation du système financier. Il y a eu des progrès, nous verrons jusqu'à quel point puisque les délibérations ne sont pas achevées, notamment à travers l'institutionalisation du conseil de stabilité financière qui peut devenir à terme une organisation mondiale pour la finance. La lutte contre ce que l'on appelle les paradis fiscaux a été une nouvelle fois affirmée, treize pays jugés non coopératifs ont été identifiés. De la même manière les grandes entreprises multinationales, vous les reconnaîtrez aisément qui pratiquent l'évasion fiscale seront sûrement rappelées à l'ordre et davantage appréhendées.
Sur la régulation de la finance, c'est vrai que la taxe sur les transactions financières qui jusqu'à présent figurait dans le communiqués des G20 n'y est plus. Ce qui veut dire que si l'on veut avancer sur la taxe sur les transactions financières, ne recherchons pas l'unanimité. Elle est impossible ou alors on est dans l'ordre du voeux pieux. Ce sera la responsabilité d'un certain nombre de pays qui sont convaincus de l'utilité de cet instrument, et de son rendement d'avancer soit au sein de l'Europe, par une coopération renforcée, soit et ce n'est pas d'ailleurs exclusif, par la mise en place d'un outil commun avec des pays de plusieurs continents. La question de où va la recette correspondante sera alors posée. Nous en reparlerons, cela fera partie des discussions que nous aurons aussi au Conseil européen de la fin du mois de juin.
J'en arrive donc au troisième sujet, troisième objectif de ce G20, la stabilité. Les regards étaient tournés sur la zone euro. Cela ne veut pas dire que les autres zones monétaires soient stables. Mais il y a des interrogations.
La première sur la Grèce a été pour partie levée. Un gouvernement doit être constitué aujourd'hui. Des messages ont été envoyés de part et d'autre : volonté des Grecs de rester dans la zone euro et de respecter les engagements ; volonté des Européens, en tout cas la mienne, de pouvoir accompagner la Grèce.
La seconde sur l'Espagne, c'est-à-dire un pays qui a un problème bancaire et qui a eu le soutien de l'Europe la semaine dernière. Là encore, il y a eu une grande cohérence des pays de la zone euro et il y aura un mécanisme qui sera prochainement mis en place.
Enfin, il y a une interrogation sur l'union économique et monétaire et le Conseil européen de la fin du mois de juin. Chacun est conscient de sa responsabilité. Et donc, il y aura des mesures sur la croissance, conformes à ce que le G20 aura comme conclusion et des mesures sur la stabilité.
Sur l'intégration, ce sera fonction de ce que nous mettrons dans l'union bancaire et dans l'union budgétaire. Et à chaque étape, il est normal qu'il y ait un progrès de l'intégration.
Mais ce sommet du G20 n'était pas un sommet européen, il ne devait d'ailleurs pas l'être. C'est un sommet mondial avec des pays qui représentent tous les continents. Il y a eu aussi pour cette objectif de stabilité une volonté commune qui s'est affirmée et notamment de pays qui ont accepté d'apporter des ressources au fonds monétaire international.
Au-delà même de ce qui était donné comme chiffre. On parlait de 430 milliards d'euros, ce sera 456 ou peut être davantage. A mesure que le tour de table se faisait hier dans cette première réunion chacun a fait part de son apport, parfois pour des sommes faibles, parfois pour des sommes plus importantes pour doter autant qu'il était possible le fonds monétaire international.
Je vais d'ailleurs dire la chose suivante pour conclure. C'est très important que nous ayons des mécanismes, fonds européen que l'on appelle le mécanisme européen de stabilité qui va prendre la suite du FESF, fonds monétaire international. C'est bien qu'il y ait des sommes importantes qui soient dégagées, après c'est une question de rapidité.
Face à un certain nombre de pression, ce qui fait l'efficacité d'un dispositif, ce n'est pas son existence, c'est sa capacité à être mise en oeuvre rapidement. En tout cas, c'est ce que j'ai plaidé au cours de la réunion d'hier.  

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