lundi 26 avril 2010

Journée Nationale de la Déportation

Quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-45), la République française décide d'honorer la mémoire des victimes de la déportation, en particulier des déportés de France dans les camps de concentration ou d'extermination nazis.

Depuis l'adoption de la loi du 14 avril 1954, le dernier dimanche d'avril est consacré "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation".

Les déportés de France pendant la Seconde Guerre mondiale

(1939-45)
Sitôt arrivés au pouvoir en janvier 1933, Adolf Hitler et les nazis créent les premiers camps de concentration en Allemagne. Dachau est ainsi ouvert le 21 mars 1933.
Y sont internés les opposants au régime, les "asociaux", tous ceux qui n'entrent pas dans les normes national-socialistes.

Avec l'expansion allemande en Europe puis la Seconde Guerre mondiale, le système concentrationnaire prend une autre dimension. À partir de 1941, il s'intègre en outre dans la mise en place de la "solution finale de la question juive". Les camps se multiplient, y compris dans les territoires annexés ou occupés : Mauthausen en Autriche, Auschwitz en Pologne, Natzweiler (Struthof) en France ...
Une des devises inscrites à l'entrée des camps "Le travail rend libre"
Une des devises inscrites à l'entrée des camps "Le travail rend libre". Source : Collection SGA/DMPA
Le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d'extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale est estimé à plus de 150 000 personnes, dont 80 000 victimes de mesures de répression (principalement des politiques et des résistants) et 75 000 juifs, victimes de mesures de persécution touchant également les Tsiganes. Au total, disparaissent plus de 100 000 déportés partis de France.

Avec la libération des camps puis le retour des premiers survivants, le monde entier mesure l'ampleur de la déportation et de son horreur.
Buchenwald, le petit lager, dessin de Marcel Beaujouan
Buchenwald, le petit lager, dessin de Marcel Beaujouan. Source : Collection SGA/DMPA
Accueil des déportés à l'hôtel Lutetia à Paris
Accueil des déportés à l'hôtel Lutetia à Paris. Source : FNDIRP

Le besoin de préserver la mémoire de la déportation est consacré par la loi du 14 avril 1954

La chapelle des déportés, église Saint-Roch
La chapelle des déportés, église Saint-Roch. Source : Collection SGA/DMPA
1946, premier anniversaire de la libération des camps
1946, premier anniversaire de la libération des camps. Source : FNDIRP

Dès le début des années cinquante, les anciens déportés et les familles de disparus expriment le souhait de voir inscrite, dans le calendrier des commémorations nationales, une date réservée au souvenir de la déportation. Le choix du dernier dimanche d'avril est retenu, en raison de la proximité avec l'anniversaire de la libération de la plupart des camps, sans se confondre avec aucune fête ou célébration, nationale ou religieuse, existante.
La loi n° 54-415 du 14 avril 1954
Cette loi consacre le dernier dimanche d'avril au souvenir des victimes de la déportation et morts dans les camps de concentration du IIIe Reich au cours de la guerre 1939-1945. Elle est adoptée à l'unanimité par le Parlement et fait de ce dimanche une journée de célébration nationale :
"Article 1er : La République française célèbre annuellement, le dernier dimanche d'avril, la commémoration des héros, victimes de la déportation dans les camps de concentration au cours de la guerre 1939-1945.

Article 2 : Le dernier dimanche d'avril devient "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation". Des cérémonies officielles évoqueront le souvenir des souffrances et des tortures subies par les déportés dans les camps de concentration et rendront hommage au courage et à l'héroïsme de ceux et de celles qui en furent les victimes."

Pour ses initiateurs, la journée nationale de la déportation répond à deux exigences.

Tout d'abord, elle rappelle à tous ce drame historique majeur comme les leçons qui s'en dégagent. Selon les termes de l'exposé des motifs de la loi, pour que de tels faits ne se reproduisent plus, "il importe de ne pas laisser sombrer dans l'oubli les souvenirs et les enseignements d'une telle expérience, ni l'atroce et scientifique anéantissement de millions d'innocents, ni les gestes héroïques d'un grand nombre parmi cette masse humaine soumise aux tortures de la faim, du froid, de la vermine, de travaux épuisants et de sadiques représailles, non plus que la cruauté réfléchie des bourreaux."

En second lieu, par cette célébration, la nation honore la mémoire de tous les déportés - y compris ceux victimes des déportations en Indochine du fait de l'impérialisme japonais -, survivants ou disparus, pour rendre hommage à leur sacrifice.
Journée nationale de la déportation, Paris - Trocadéro
Journée nationale de la déportation, Paris - Trocadéro.
Le déroulement de la commémoration a évolué depuis 1954
De sa création à nos jours, le déroulement de la commémoration de la journée nationale de la déportation connaît de nombreuses modifications.

Dans chaque département, son organisation incombe au préfet, en concertation avec les associations. Stèles, plaques et monuments sont fleuris ; des allocutions sont prononcées et des enseignants sont en outre généralement invités à profiter de cette occasion pour évoquer la déportation et le système concentrationnaire.
A Montluçon, les cérémonies se sont déroulées successivement au Monument de la Résistance à Chatelard, au Monument aux Morts avenue Marx Dormoy puis à la gare pour commémorer la déportation de 144 Juifs au départ de la gare de la Ville Gozet en septembre 1942.
Le Chant des marais

Loin, vers l'infini, s'étendent
Les grands prés marécageux.
Pas un seul oiseau ne chante
Dans les arbres secs et creux.
Ô terre de détresse
Où nous devons sans cesse piocher, piocher !

Dans ce camp morne et sauvage,
Entouré de murs de fer,
Il nous semble vivre en cage,
Au milieu d'un grand désert.
Ô terre de détresse
Où nous devons sans cesse piocher, piocher !

Bruit des pas et bruit des armes,
Sentinelles jour et nuit,
Et du sang, des cris, des larmes,
La mort pour celui qui fuit.
Ô terre de détresse
Où nous devons sans cesse piocher, piocher !

Mais un jour dans notre vie,
Le printemps refleurira,
Libre alors, ô ma Patrie !
Je dirai : tu es à moi.
Ô terre enfin libre
Où nous pourrons revivre, aimer !
Ô terre enfin libre
Où nous pourrons revivre, aimer, aimer.



Composé en 1934 par des détenus politiques allemands du camp de Börgermoor (le "camp des marais"), ce chant est devenu, après la Seconde Guerre mondiale, l'hymne commémoratif de tous les anciens déportés.
Source : Collection "Mémoire et citoyenneté", N° 13. Publication Ministère de la défense/SGA/DMPA

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