Selon l'Insee, la crise a touché l'ensemble des Français, mais a surtout affecté les plus modestes.
En 2009, 13,5% de la population étaient considérés comme pauvres, c'est-à-dire vivant avec moins de 954 euros par mois, contre 7,84 millions en 2008 (13% de la population), détaille l'Institut de la statistique dans l'étude "Niveaux de vie en 2009" publiée mardi 30 août.
2009 est "vraiment la première année pleine où se ressentent les effets de la crise" amorcée en 2008, a commenté Jean-Louis Lhéritier, chef du département "Ressources et conditions de vie des ménages" à l'Insee.
Pourtant, "malgré la crise, l'évolution du niveau de vie médian est restée positive", a-t-il souligné: la moitié des Français vivait avec moins de 19.080 euros par an (1.590 euros par mois), en hausse de 0,4% par rapport à 2008.
Niveau de vie en baisse
Cette progression est toutefois restée très limitée, après une hausse de 1,7% entre 2007 et 2008, a souligné Jean-Louis Lhéritier, qui impute ce ralentissement à la crise.
Ainsi, si cette dernière a "touché tous les ménages, elle a davantage affecté les plus modestes", a-t-il ajouté, ce qui creuse encore les inégalités.
Outre l'augmentation du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (représente 60% du niveau de vie médian), l'Insee note que "le niveau de vie des 10% des personnes les plus modestes (premier décile) est inférieur à 10.410 euros annuels, en baisse de 1,1% par rapport à 2008".
Le "niveau de vie" se calcule en divisant les revenus du ménage par le nombre de personnes qui le composent mais en tenant compte des économies d'échelle (un seul réfrigérateur...) et du fait que les enfants consomment moins que les adultes. Cette notion, qui permet de comparer des ménages de taille différente, ne doit pas être confondue avec le revenu ou le salaire.
Intensité de la pauvreté
Pire, "alors que l'évolution moyenne annuelle relevée entre 2005 et 2008 pour chacun des quatre premiers déciles était d'environ +2%, la tendance s'inverse entre 2008 et 2009 : en euros constants, les quatre premiers déciles diminuent", poursuit l'étude.
Qui plus est, les personnes pauvres le sont encore plus qu'en 2008 : l'intensité de la pauvreté (l'écart entre le niveau de vie médian des personnes pauvres et le seuil de pauvreté) passe de 18,5 à 19%, note encore l'Insee.
A l'autre bout de l'échelle, "les déciles de niveau de vie supérieurs augmentent" et le niveau de vie des 10% les plus aisés est supérieur à 35.840 euros annuels, soit 0,7% de plus qu'en 2008, ce qui marque néanmoins "un ralentissement dans la progression de ce décile".
Sans grande surprise, les chômeurs, plus nombreux du fait de la crise, ont grossi dans les rangs des plus modestes: ils représentent 9,8% des personnes appartenant aux deux premiers déciles contre 8,5% en 2008.
Les non-salariés victimes de la crise
Leur taux de pauvreté a cependant baissé car "plus âgés et plus qualifiés que les chômeurs de 2008, le montant de leur allocation chômage est plus élevé", explique l'Insee.
Parmi ceux qui occupent un emploi, les non-salariés ont particulièrement pâti de la crise avec un niveau de vie médian qui recule de 0,8% (à 22.400 euros) quand celui des salariés augmente de 1,4% (21.150 euros).
L'Institut estime cependant que les prestations sociales (RSA) ou les mesures ponctuelles comme la prime de Noël "atténuent quelque peu la baisse des niveaux de vie" des plus modestes.
Enfin, le niveau de vie médian des retraités augmente de 1,3% à 19.030 euros annuels et leur taux de pauvreté est stable, à 9,9%.
Le Nouvel Observateur - AFP